QUESTIONNEMENT AUTOUR DE LA MOBILISATION ET DE LA REPARTITION DES RESSOURCES FINANCIERES
CELEBRATION DE LA SEMAINE MONDIALE D’ACTION POUR L’EDUCATION AU SENEGAL
Dans le cadre de la célèbration de la Semaine mondiale d’action pour l’éducation, la Cosydep a initié, hier, un panel pour se pencher sur la problématique du financement de l’éducation au Sénégal. Cela, à travers un questionnement autour de la mobilisation et de la répartition des ressources financières.
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), avec ces partenaires, a organisé, hier, un panel pour se pencher sur la problématique du financement de l’éducation au Sénégal. Il était articulé autour de trois objectifs. A savoir la réflexion sur l’orientation des ressources allouées au secteur et la formulation des recommandations pour une meilleure efficience de la dépense éducative. Aussi, la mobilisation des ressources endogènes et novatrices pour l’éducation. Et enfin, le plaidoyer pour une communauté internationale plus déterminée à relever le niveau d’investissement dans l’éducation.
L’enseignement technique et la formation professionnelle ne captent que 5% des fonds
«Nous sommes un pays qui investit de façon assez conséquente en termes de pourcentage en matière d’éducation par rapport à d'autres qui n’investissent pas la moitié de ce que nous faisons. Mais toujours en pourcentage, nos résultats restent très faibles». Tels sont les propos de Moussa Mbaye président du Conseil d'administration de la Cosydep, selon qui, «ce paradoxe doit beaucoup être réfléchi au Sénégal. Il faut revoir d'abord le projet éducatif du point de vue de sa pertinence au niveau des enseignements apprentissage. Mais aussi revoir la manière dont nos ressources sont repartis».
Toujours dans ces explications, M. Mbaye a souligné: «Nous avons des priorités par rapport à la qualification des jeunes, aussi bien l'enseignement technique, que la formation professionnelle. Car c'est 5% des fonds qui sont alloués à l'éducation qui leur parviennent».
«Dans le budget actuel, nous restons dans une impasse pour satisfaire à nos besoins. D'où toutes nos solutions qui ont été présentées par des chercheurs, des experts au niveau international, par des organisations de la société civile», a-t-il ajouté, confiant que, «pour trouver des ressources complémentaires qui nous permettront de faire du droit à l’éducation une réalité pour tous, il y a beaucoup qui estiment qu'il y a des niches dans la fiscalité pour faire en sorte que le financement national de l'éducation augmentent».
«Nous ne devons pas compter sur les étrangers pour régler ce problème crucial pour notre pays. Et à travers ce panel, nous trouverons les moyens pour augmenter l'assiette des ressources et avoir une bonne répartition et une bonne gestion des fonds, avec un contrôle par des institutions spécialisées», a soutenu Moussa Mbaye.
Le Pr Sall prône un prélèvement sur le chiffre d’affaires des entreprises
Abondant dans le même, Kishor Singh, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’éducation, a exhorté les acteurs de l’éducation a mobilisé plus de ressources. «Il faut nécessairement davantage mobiliser des ressources et mieux les utiliser. Le droit à l'éducation est une obligation de l'Etat, mais aussi une responsabilité sociale des entreprises par une règle juridique qui leur imposera de participer à l'éducation. L'Etat doit faire des efforts pour mobiliser des ressources nationales comme prévue dans la convention d’Oslo. Il ne faut pas compter sur l'aide extrabudgétaire», a t-il martelé.
Mamadou Woury Sall, enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), de révéler, pour sa part, que «7% du budget de l’éducation provient du financement extérieur». Selon lui, «82% des plus de 23 ans n'ont pas dépassé le niveau primaire. Et il y a 54% d'analphabétisme».
«Nous devons faire un effort pour les 10 ans à venir pour rééquilibre l'offre et la demande. Donc, nous avons préconisé d'atteindre 10%, pas seulement des ressources de l'Etat, mais surtout en sollicitant les entreprises, en prenant 0,25% de leur chiffre d'affaires et de prélever 1% sur celui des salariés», a-t-il préconisé.
Car, de l’avis du Pr Sall, «il faut assez d’infrastructures. D'ici 5 ans, on va résoudre le problème des abris provisoires qui sont chiffrés à 6000. On va aussi décharger un peu les enseignants en désengorgeant les amphithéâtres».