VALDIODIO NDIAYE DE KAOLACK, LE LYCEE AUX MILLE MAUX
VERS LA DEPERDITION D'UN TEMPLE DU SAVOIR
«Je plains l'homme qui ne sent pas le fouet quand le dos de l'autre est frappé», disait le sage Abraham Lincoln. Mais ceux qui sont à plaindre, ce sont aussi les innocents élèves du lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack, qui nourrissent tant d'espoir, sans se rendre compte de l'état lamentable où se trouve leur établissement.
KAOLACK - Ancien lycée Gaston Berger, le lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack a reçu ses premiers élèves le 8 novembre 1958. Si c'était une personne, elle serait pratiquement à la veille de sa retraite. Ce qui fait que aujourd’hui, ce lycée ploie sous le poids de l’âge. Tout y est urgence. L'état actuel des lieux fait ressortir un lycée vieux qui a besoin d'une réfection totale.
Pour dire que le futur de ce lycée doit se conjuguer au présent. Ainsi, au lieu de diriger des grèves par ci et par-là pour réclamer des professeurs ou un droit quelconque, ces élèves qui se trouvent à un pas à la rue, auraient mieux fait de se soucier de l'état de délabrement très avancé de leur précieuse «seconde maison». La promotion de l'excellence passe, en effet, par un cadre sécurisé et attrayant. Mais au lycée Valdiodio Ndiaye, c'est tout le contraire. Car l’établissement se meurt à petit feu.
Bien que le nom d'une personnalité aussi illustre que Valdiodio Ndiaye soit associé à ce triste tableau, son décor actuel est à l'origine d'un cadre stressant qui limite l'ardeur des enseignants, handicape l'éclosion des apprenants et plombe toute initiative.
La peur s'installe dans l’établissement
Tout est urgent dans cet établissement. Plus grand complexe scolaire du territoire, le lycée Valdiodio Ndiaye, qui faisait la fierté du Sine-Saloum, se trouve dans un état de dégradation très avancé de nos jours. En effet, le lycée est ouvert aux quatre vents, la clôture est définie certes, mais les bâtiments vétustes, les salles de cours pléthoriques et délabrées, parfois sans portes et/ou fenêtres, la salle informatique qui date de la préhistoire, la bibliothèque qui est inondée, certains blocs d'hygiène puent et sont confrontés à de sérieux problèmes d'étanchéité, entre autres, font de cet établissement un danger permanent pour ceux qui le fréquentent.
Et pour boucler la boucle, le lycée est devenu la chasse gardée des chiens enragés errants et le lieu de rendez-vous de tous ce qui s'adonnent à des pratiques qui défient la morale. L'absence d'un mur de clôture digne de son nom, fait du lycée le refuge et la voie des délinquants. La peur s'installe et tout élève, professeur, agent administratif, parent ou autre, qui franchit les portes de ce temple du savoir court un danger.
Les autorités croisent les bras, pendant que Valdiodio se meurt
Devenu un lieu de divagation des animaux et un dépotoir de déchets solides et liquides des maisons environnantes, ce qui était un «trésor» dans le temps et qui a sorti d’illustres produits du système scolaire public sénégalais, à l’image des Macky Sall, Aminata Touré «Mimi», Mamadou Lamine Loum, Adama Ndiaye, Awa Guèye, Me Nafissatou Diop Cissé, Aminata Sarr, Baba Ndiaye, entre autres, s’est transformé en un cauchemar aujourd’hui pour les apprenants et leurs encadreurs.
Fatou Khoudia Ndiaye, présidente du gouvernement scolaire lance un cri du cœur. «Chaque fois que je foule le sol de notre lycée, il me revient à l'esprit le texte de Lamartine intitulé : ‘Mon dernier coup de fusil’. Dans une mise en scène, je ne cesse d'observer mon lycée qui remplace le chevreuil. Ici, le coup fatal qui traverse sans cesse mon esprit, c'est la négligence. Mon lycée me regarde avec des yeux où nagent des larmes de désolation», confie-t-elle.
«Tel un regard, suite à une mort inattendue, qui semble donner des profondeurs inhumaines de sentiments aussi intelligibles que des paroles. Voilà la situation déplorable qui est celle de mon lycée. On doit insister à un retour au royaume d'enfance et conduire à une méditation sur le sort du lycée Valdiodio qui, quotidiennement, pointe un doigt accusateur vers les autorités qui croisent leurs bras et le laissent mourir», ajoute Mlle Ndiaye.
Poursuivant, elle explique : «Mais je jette un regard qui semble dire à tous ceux qui ont bénéficié d'une formation dans ce temple que c'est à partir de la plaine que le montagnard est parvenu au sommet de la montagne. Mais aussi et surtout en faisant une introspection. Car, en pointant l'index vers quelqu'un, en même temps, en pointant trois doigts vers lui-même. Raison pour laquelle, j'exhorte tout mes camarades pour qu'ensemble nous engagions la croisade de la réhabilitation de notre Valdiodio Ndiaye, qui est une entreprise dans laquelle chacun sculptera l'image que l'histoire retiendra».