Borgetti: le Mexique présente "différentes couleurs et saveurs" en attaque
L'attaque du Mexique présente "différentes couleurs et saveurs", estime Jared Borgetti, ex-meilleur buteur du "Tri" et actuel commentateur pour la télévision ESPN, avant la demi-finale de Coupe des Confédérations face à l'Allemagne jeudi, dans un entretien à l'AFP.
Q: Comment voyez-vous la sélection, où la rotation imposée par le sélectionneur Juan Carlos Osorio fait débat au Mexique?
R: "Elle travaille bien. C'est la seule des huit équipes à avoir fait jouer 22 joueurs. Cela rend les joueurs compétitifs et leur donne du repos. C'est la manière de travailler de Juan Carlos Osorio, même si la continuité entre les matches donne de la confiance et des automatismes aux joueurs. Mais on savait qu'il travaillait ainsi quand on l'a embauché. Cela ne sert donc à rien de le critiquer maintenant".
Q: La défense mexicaine a souvent montré des signes de fragilité...
R: "Les buts encaissés l'ont été après des ballons perdus, le premier but du Portugal (2-2), celui de la Nouvelle-Zélande (2-1) et celui de la Russie (2-1). Le gardien (Memo Ochoa) a aussi sauvé quelques situations, mais ça fait partie du foot. On ne peut pas faire de match parfait. Mais il vaut mieux faire des erreurs devant que derrière. C'est vrai que le manque d'automatismes a pu jouer".
Q: Quel regard portez-vous sur le secteur offensif?
R: "Avec Chicharito (Hernandez), Peralta, Jimenez, Aquino, Lozano, Vela, il y a beaucoup d'options de différentes couleurs et saveurs, et la lutte pour les places est serrée. Le seul indiscutable est Chicharito. Et peut-être Vela, un joueur qui fait des différences, qui a un déhanchement et qui, sans être rapide, donne le tournis. Jimenez et Peralta, s'ils ont peu le sens du but, aident beaucoup à la récupération, et Aquino est létal dans le déséquilibre. Lozano est jeune, avec beaucoup d'envie. Contre la Russie il n'a pas très bien joué, mais il a marqué. Il est rapide, habile, et a surtout le flair du but. Je pense qu'Osorio alignera Vela, Jimenez et Chicharito".
Q: Justement, que pensez-vous de Chicharito, qui a battu votre record de buts en sélection en mai (48 contre 46 au retraité)?
R: "Les records sont faits pour être battus, c'est une source de motivation pour tous ceux qui veulent s'illustrer. Jimenez et Peralta sont plus doués, dans la technique, dans la participation au jeu, mais Chicharito a ce que peu ont: le flair du but. Ca fait la différence avec d'autres qui ont des qualités énormes mais ne savent pas lire le moment où le ballon va arriver".
Q: Avez-vous été surpris par les jeunes Allemands?
R: "Non. Si la plupart n'étaient pas en sélection auparavant, ce n'était pas faute de qualité, c'est parce que les autres sont des joueurs d'expérience. Beaucoup sont titulaires en clubs, ça donne de l'expérience. Nous savons ce qu'est l'Allemagne: ils travaillent très bien dès le plus jeune âge, et jouent basique, sans se compliquer la vie. Le collectif allemand est toujours plus fort que leurs individualités".
Q: Vous avez commencé la même année que Marquez en sélection: qu'est-ce que ça vous fait de le voir toujours en sélection, vingt ans plus tard?
R: "Nous avions même commencé lors du même match! J'ai 43 ans, lui 38. Cela me fait énormément plaisir qu'il soit encore en sélection. C'est un grand exemple. On vient tous les deux de l'Atlas. On vivait ensemble au club. Il y est arrivé à l'âge de 13 ans, j'allais avoir 20 ans, et je me disais: +Mais qu'est-ce que ce gamin fait ici?+ Il apporte non seulement à l'équipe mais aussi au sélectionneur: il a côtoyé de grands entraîneurs, qui lui ont appris à jouer et à lire les matches. Il n'a jamais été rapide, c'est un joueur intelligent. Cela aide beaucoup les défenseurs et Osorio quand il lui demande son avis, pendant les entraînements ou les matches. S'il joue en club, il ira au Mondial".
Propos recueillis par Pablo MELIAN et Yann BERNAL