C1 - Ancelotti: vrai magicien ou illusionniste du Bayern?
Le "Mister" Ancelotti a-t-il dissimulé ses pouvoirs magiques en Bundesliga, pour mieux frapper en Ligue des champions? Les supporters du Bayern veulent le croire, après la raclée infligée à Arsenal (5-1) en match aller des 8e de finale.
"Dix minutes. Il n'en a pas fallu plus aux Bavarois pour montrer à tous leurs détracteurs qu'ils avaient eu tort de les critiquer", jubilait jeudi matin le quotidien de Munich tz, dans une allusion aux trois buts marqués dans ce laps de temps en deuxième période, pour passer de 1-1 à 4-1.
Oubliés donc, par la grâce d'une soirée de folie, les tristes samedis de championnat, les critiques contre l'entraîneur prétendument incapable de motiver ses stars, et les débats tactiques autour du 4-3-3 ou du 4-2-3-1 ?
Pas si sûr. Jeudi matin, les commentateurs se divisaient en deux chapelles: les croyants, désormais convaincus que le successeur de Pep Guardiola sur le banc du Bayern savait ce qu'il faisait depuis le début, et ceux qui comme Saint Thomas demandent encore à voir avant de croire.
"Ce match en est la preuve, la Ligue des champions, c'est LE truc d'Ancelotti!" s'enthousiasme Bild. Le quotidien le plus lu d'Allemagne ajoute même dans une sorte de ferveur religieuse: "Ancelotti apporte de nouveau la preuve qu'il est capable de sublimer ses stars dans les grands matches. Le Bayern a montré contre Arsenal plus de plaisir de jouer, de dynamisme et de détermination que dans l'ensemble de tous les autres matches d'Ancelotti".
- 'Sang et eau pour battre Fribourg...' -
Pour ces fidèles donc, tout est clair. L'Italien trois fois vainqueur de la Ligue des champions comme entraîneur, avec l'AC Milan et le Real Madrid, s'y entend à merveille pour doser la montée en puissance d'une équipe afin d'être prêt au moment décisif: les tours à élimination directe de la compétition reine.
Et toutes les prestations en demi-teintes de l'automne et du mois de janvier n'étaient rien d'autre que des matches de réglage avant le grand soir.
Süddeutsche Zeitung, très sérieux quotidien de Munich, ne sombre pas dans cette euphorie: "Maintenant, ironise même le journal, Munich peut de nouveau espérer que la ligne +Peut gagner la Ligue des champions+ sur le CV d'Ancelotti est justifiée".
Et de rappeler comment les optimistes justifiaient depuis des semaines les sorties laborieuses en championnat: "+Il doit bien savoir ce qu'il fait...+ C'est le sous-titre que l'on voyait apparaître samedi après samedi en Bundesliga, en bas de l'écran lorsque le Bayern suait sang et eau pour battre Fribourg, Brême ou Ingolstadt".
- Robben: "Je suis surpris" -
Reste que la prestation contre Arsenal a pris de court... les joueurs eux-mêmes! "Je suis surpris que nous ayons été aussi bons", a admis Arjen Robben, le vieux guerrier qui exhortait depuis des semaines ses camarades à montrer plus de caractère sur le terrain: "Cette équipe a une mentalité énorme. Dans les grands moments, on répond toujours présent".
De fait, croyants et sceptiques se rejoignent pour décrire un Bayern mercredi soir sûr de sa force, tactiquement parfaitement équilibrée, et où chacun a joué à son meilleur niveau.
"Les consignes du chef, qui va renforcer son crédit avec cette victoire, ont été appliquées de façon impressionnante pour cette 16e victoire consécutive à domicile en Ligue des champions, un record dans cette compétition", notait jeudi le magazine Kicker, la Bible du football allemand.
Commentaire du "Mister" --appellation des grands entraîneurs en Italie-- lui même: "C'est notre meilleure performance depuis que je suis à Munich, mais ce n'est pas la finale. Ce match va nous apporter de la confiance, nous savons que nous pouvons jouer efficacement et compact, cette performance n'affecte pas seulement l'équipe adverse, elle est aussi bonne pour nous".
En un mot: le Bayern de Carlo Ancelotti tient enfin son "match référence". Il faudra maintenant prouver aux sceptiques que l'équipe est capable de reproduire la performance aux tours suivants!