CAN : UN UNIVERSITAIRE APPELLE LA CLASSE POLITIQUE À UNE TRÊVE
GABON
Dakar, 1-er janv (APS) – Abdoulaye Sakho, professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop et auteur de plusieurs publications sur le droit du sport, a invité dans une contribution, la classe politique gabonaise à une trêve pendant la CAN 2017 (14 janvier au 5 février).
’’La CAN peut contribuer à l’affirmation des valeurs de la République au Gabon et à la consolidation de l’identité gabonaise, socle de la construction d’une nation qui, malgré ses différences demeure une et indivisible’’, dit l’universitaire.
’’A mon avis, les différences doivent être des atouts, des opportunités et non des obstacles car la diversité enrichit contrairement aux opinions répandues par ces gardiens d’un ordre prétendument inconciliable avec les valeurs et préceptes de vie d’êtres humains issus de sociétés différentes de la leur’’, estime l’universitaire dans sa réflexion.
Il se dit convaincu que, ’’de la même manière que la liberté ne se divise pas, on doit veiller à ne pas diviser une nation’’, ajoutant qu’en ce sens, ’’le sport, particulièrement le football, est un puissant vecteur’’.
’’La classe politique du Gabon, toutes tendances confondues, doit saisir l’opportunité qu’offre la CAN pour montrer qu’elle n’est pas mue que par des intérêts égoïstes et individualistes, mais qu’elle vit et travaille pour le peuple gabonais’’, souligne Sakho.
‘’C’est ce que nous, spectateurs et téléspectateurs des autres pays, attendons durant cette période qui, certes n’effacera pas les différences, mais doit permettre d’ouvrir, au plan du jeu politique, le chantier de l’acceptation de l’autre comme il est, avec ses différences. La pensée unique a fait long feu !’’, a-t-il relevé.
Le Pr Sakho, responsable du Master du sport à l’UCAD, donne l’exemple de l’Afrique du Sud qui a fait un grand pas vers sa réconciliation après des années marquées par l’apartheid (développement séparé) à travers l’organisation de deux manifestations sportives phares : la Coupe du monde de rugby en 1995 et la CAN en 1996.
Malgré la confirmation de son élection par la Cour constitutionnelle et sa prestation de serment en septembre dernier, le président Ali Bongo Ondimba reste toujours contesté par son opposition notamment par Jean Ping qui s’était autoproclamé, président élu du Gabon.
Récemment, des rumeurs ont fait état de la volonté d’une partie de la classe politique de saboter la tenue de la phase finale de la CAN
2017 dans ce pays d’Afrique centrale tandis que d’autres prêtaient à la Confédération africaine de football (CAF) une volobnté de délocaliser la compétition dans un autre pays.
Co-organisateur de la CAN 2012 avec la Guinée Equatoriale, le Gabon a été désigné pour abriter la présente édition qui aura lieu dans les villes de Libreville, Franceville, Port Gentil et Oyem.
Cette compétition ‘’est un vrai défi à relever pour le Gabon et par sa classe politique en termes de maturité, de don de soi pour son pays et sa capacité de dépassement doivent être le leitmotiv’’, écrit Pr Sakho.
’’Oui, le sport sert de sentiment fédérateur à une communauté surtout lorsque les projets collectifs politiques ne sont pas très mobilisateurs mais aussi et surtout, après certaines épreuves difficiles (indépendance nationale dans la douleur et la division politique, période post-électorale mal vécue par une frange de l’opposition politique : ce qui est le cas du Gabon !)’’, note l’universitaire.