Coupe de France: "Tout peut arriver", estime Bathenay
Dominique Bathenay est l'un des recordmen de la Coupe de France du haut de ses cinq titres gagnés avec Saint-Etienne (1974, 1975, 1977) et le PSG (1982 et 1983). L'ancien milieu de terrain international explique à l'AFP que cette compétition est celle des "émotions intenses", car "tout peut arriver".
Q: Vous êtes un des joueurs qui a le plus marqué l'histoire de la Coupe de France. Que représente cette compétition pour vous ?
R: "C'est d'abord une vieille compétition. 100 ans cette année, c'est important! C'est toujours une compétition qui a apporté beaucoup d'émotions aux joueurs et aux spectateurs. C'est une compétition à élimination directe. Soulever la Coupe de France, avant à Colombes, après au Parc des Princes et puis maintenant au Stade de France en présence du président de la République, c'est toujours quelque chose d'important. Comme son nom l'indique, c'est la Coupe de la France: il y a environ 7.000 clubs qui la disputent. Chacun à son niveau essaye d'aller le plus loin possible. Ca génère beaucoup d'enthousiasme même chez les amateurs. On fait une compétition tous ensemble. Elle a encore beaucoup d'attrait. Rien n'est écrit, tout peut arriver, on le voit sans arrêt dans tous les matches. Il n'y a que le sport qui peut procurer ces émotions-là".
Q: Vous avez gagné cinq fois le titre, un record. Quel est votre meilleur souvenir ?
R: "On dit toujours que c'est la première, mais pour moi c'était la première avec le Paris Saint-Germain (en 1982). J'en avais déjà gagné trois avec Saint-Etienne (1974, 1975 et 1977), mais c'était une époque où on gagnait souvent, le ressenti n'était pas le même. Avec Paris, je n'avais encore rien gagné à l'époque. En plus j'étais capitaine. C'est un des souvenirs majeurs de cette compétition".
Q: C'est aussi le premier grand titre de l'histoire du PSG...
R: "Tout le monde se doutait que Paris à un moment donné allait avoir une grande équipe. Cela s'est construit dans ces dix années-là. On savait qu'on était dans un club en devenir, qu'on représentait la capitale qui méritait et avait besoin d'un grand club. Je ne vais pas dire qu'on était des précurseurs, mais on était la première pierre de l'édifice qui s'est construit après sur la ville de Paris".
Q: Quand on la gagne autant, y a-t-il une lassitude ?
R: "Pas du tout. Les émotions sont toujours les mêmes. On peut passer de la qualification, de la joie au bonheur, à l'élimination. Et là, c'est la tristesse, on voudrait refaire le match. Chaque fois que je gagnais, avec mon équipe, pas tout seul, j'avais toujours une pensée pour ceux qui avaient perdu. Là c'est fini. On ne reviendra plus. En Championnat, on peut toujours revenir. En Coupe c'est terminé, on rentre chez soi et on va regarder les autres à la télévision".
Q: Est-ce une fierté d'être une forme d'ambassadeur de cette Coupe avec vos cinq titres ?
R: "J'en suis fier. D'abord, on est deux: il y a Alain Roche aussi, puis Marceau Somerlinck qui est décédé. Un jour, on sera peut-être dépassé par un joueur qui en gagnera six. C'est la vie. Pour l'instant je profite de ces moments où tous les ans à la même période, on nous ressort un peu du placard (sourire). Mais c'est bien, c'est une belle compétition. Ca procure des émotions intenses. C'est bref et très intense".
Q: N'y a-t-il pas trop de matches en France avec ces deux coupes nationales, Coupe de la Ligue et Coupe de France ?
R: "Les joueurs ont toujours beaucoup joué. Avant, il n'y avait pas la Coupe de la Ligue (organisée depuis 1994, ndlr) mais c'était des matches aller-retour en Coupe de France. Il y a toujours trop de matches. Mais les joueurs ne jouent pas tout. Quand je regarde à l'étranger, les équipes c'est toujours les mêmes. Allez dire à Ronaldo de ne pas jouer, à Messi de ne pas jouer... Eux, ils font 70 matches par saison, ils ne se plaignent pas. C'est un faux débat. Un joueur, il est fait pour jouer".
Q: Comment voyez-vous cette finale du 27 mai entre Paris et Angers ?
R: "Je la vois plus équilibrée qu'on ne pense, même si Paris est largement favori puisqu'il domine le football français depuis quelques années. Mais Angers a toujours su trouver les bons ingrédients pour gêner les grosses équipes".
Propos recueillis par Adrien de CALAN