Coupe de France: une 1re saison au Paris SG à sauver pour Emery à l'image brouillée
En finale de la Coupe de France samedi (21h00) contre Angers, le Paris SG doit s'imposer pour sauver la première saison d'Unai Emery, entraîneur dont la cote montait en flèche l'été dernier, avant que son image ne soit brouillée par un exercice chaotique.
. Triple couronne
Il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs trois fois couronnés en compétition continentale, et encore moins trois fois de suite. Unai Emery, Basque de 45 ans qui a coaché Valence ou Almeria, fait partie de cette élite. Avec le Séville FC, il a en effet glané trois Europa League de 2014 à 2016, une performance qui a convaincu le PSG de l'attirer pour mieux figurer sur la scène continentale.
Un an plus tard, le premier bilan est... mitigé. Le PSG a quitté la Ligue des champions dès les huitièmes de finale, ce qui ne lui était pas arrivé depuis cinq ans, avec en prime l'humiliation d'une défaite historique à Barcelone (6-1, après une étincelante victoire 4-0 à l'aller).
Cette année, le PSG s'est aussi fait déposséder de son titre de champion de France par une équipe de Monaco spectaculaire et enthousiasmante. Et sur le terrain, il a par séquences balbutié son football malgré une pléiade de stars à gros salaires.
. Circonstances atténuantes
Quelle est la part de responsabilité d'Unai Emery dans ces débuts peu convaincants? Le Basque a des excuses: son équipe a perdu l'été dernier deux cadres majeurs, Zlatan Ibrahimovic et David Luiz, six mois après le départ de l'"ambianceur" officiel du vestiaire, Ezequiel Lavezzi. Le club de la capitale a dans la foulée raté son mercato d'été, attirant quatre joueurs dont seul Thomas Meunier a convaincu.
Le PSG version qatarienne ne s'était encore jamais trouvé un adversaire capable de rivaliser sur toute une saison en Championnat, et n'avait jamais eu à défier un top club du calibre de Barcelone dès les huitièmes de finale de Ligue des champions. Enfin, après un "temps d'acclimatation" aux nouveaux joueurs et staff, le bilan du PSG "en 2017 est plus que positif", estimait Meunier début mai.
Paris a en effet semblé plus sûr de son jeu en seconde partie de saison. Mais a quand même perdu ses nerfs à Nice (3-1) et offert un piteux dernier match au Parc des Princes à l'un de ses cadres, l'irréprochable Brésilien Maxwell, contre une faible équipe de Caen le week-end précédant la finale de Coupe de France (1-1).
Bref, les débuts d'Emery à Paris ont été heurtés, pas vraiment convaincants, sans doute pas au niveau de ce à quoi s'attendaient les décideurs parisiens au moment de le recruter.
. Trajectoire (quasi) linéaire
Jusque-là en effet, les états de service du bouillant et méticuleux entraîneur étaient quasiment irréprochables: petit-fils et fils de footballeur, il met vite un terme à sa carrière de joueur en raison d'une blessure au genou. En 2004, il prend place sur le banc du Lorca Deportiva dans le sud-est de l'Espagne... Et fait monter en 2e division espagnole ce club qui n'avait jamais dépassé le troisième échelon national.
Rebelote à Almeria (2006-08), en Andalousie, qu'il fait grimper en Liga espagnole. Grand défenseur de la "valeur travail", il tape ensuite dans l'oeil d'un grand d'Espagne, Valence (2008-12), avec qui il termine trois fois 3e en quatre saisons. Seul accroc: avant le succès continental à Séville, il a connu l'échec lors de son premier exil hors d'Espagne, au Spartak Moscou, en Russie, où il n'est resté que six mois en 2012.
Ce technicien volubile et passionné de psychologie, dont il use autant qu'il peut pour tirer le meilleur de ses joueurs, voit-il sa magie et son charisme entraînant s'essouffler dès qu'il passe les Pyrénées? Natif de Fontarrabie, tout près de la frontière française, il a maîtrisé (à peu près) le français bien plus rapidement que le russe.
Reste à savoir si l'argument suffira à inscrire son destin dans la durée à Paris. L'évincer cet été reviendrait à acter l'échec des virages décidés un an plus tôt par le président Nasser Al-Khelaïfi, et nécessiterait de tout reprendre à zéro, une fois encore. Une défaite contre Angers serait toutefois un nouveau revers pour les ambitions parisiennes. Et pourrait être fatale à Emery et son image.