«DES CHANGEMENTS S’IMPOSENT»
KHALILOU FADIGA PARLE DES LIONS
Ambassadeur itinérant du président de la République, plus jeune membre de la Commission technique et organisation de la CAF, PDG d’une société de traiding, Khalilou Fadiga est, pour dire le moins, très busy. Stades l’a coincé entre deux rendez-vous pour parler de l’actualité du football africain et sénégalais.
Kali, quelles sont vos impressions sur l’éviction de Issa Hayatou de la tête de la CAF après 29 ans de règne ?
Hayatou n’est pas évincé. il n’a pas été viré. il y a eu des élections qui ont tourné en sa défaveur. il y a eu un nouveau président de la Caf et je pense que c’est la continuité. La Caf, c’est toute une institution avec beaucoup de personnes qui y travaillent. elles ouvriront leurs bras au président ahmad afin qu’il réussisse sa mission. si on regarde là où était le football africain et là où il est aujourd’hui, on ne dira pas que le président Hayatou n’a pas travaillé.
Cette alternance allait-elle de soi ?
Moi je n’y vois aucun inconvénient. tant que les choses se passent bien, je ne vois pas pourquoi on devrait changer. il ne faut pas occulter le travail que le président sortant a abattu. si on jette un œil sur tout ce qui s’est récemment passé en Europe avec l’arrivée de M. Infantino comme président de la FIFA et celle Mme Samoura comme secrétaire générale, on voit qu’il y a eu des changements. Quoi que l’on dise, la Confédération africaine n’est impliquée dans aucun scandale, à l’inverse d’autres structures. aujourd’hui, il y a le vent du changement tant en Europe qu’en Afrique, c’est pourquoi je dis qu’on doit rendre hommage à Hayatou pour tout ce qu’il a fait pour le football africain.
Qu’attendez-vous du nouveau président de la CAF ?
Je veux qu’il reste dans la continuité. il viendra avec de nouvelles idées qui mettront plus en avant le football africain. À l’image de toutes les instances internationales, la Caf a son mot à dire et elle doit être entendue. et je suis convaincu que le nouveau président ira dans ce sens parce qu’il connaît la maison. Ce n’est pas un novice. il était membre du Comité exécutif de la Caf et il fera de sorte que l’instance aille le plus loin possible.
Connaissez-vous le vote du Sénégal ?
Non malheureusement. il faudrait poser la question à la bonne personne, le président Me augustin Senghor. il adhère à cette idée de l’Afrique en avant. il est de ceux-là qui veulent l’avancement du football africain mais aussi du football sénégalais. il faudra lui poser la question pour connaître sa position. Comme je l’ai dit, il n’y a pas une grosse différence, il y a juste un rafraichissement à la tête de la Caf mais je pense que les idées sont les mêmes. Tout le monde veut que le football africain aille de l’avant y compris messieurs ahmad et Hayatou.
Quel est votre rôle au sein de la CAF ?
Je suis le plus jeune membre du Comité technique de la Caf. Je suis dans le domaine du football et de son développement. sur la dernière Can, c’est moi qui ai donné les onze meilleurs joueurs du tournoi, le meilleur joueur de la compétition. après chaque match, je dois faire le rapport sur le déroulement : le niveau du jeu, le comportement des joueurs, celui du public et de l’arbitre, ce qu’on doit y changer. Mon mot compte parce que je travaille avec le vice-président Battel et Kalusha Bwalya sans oublier le secrétaire général de l’instance. Je me sens très utile parce que c’est pour le développement du football. on essaie d’améliorer tout ce qui ne va pas. C’est un gros boulot qui me convient bien.
Allez-vous garder votre poste malgré les changements à la tête de la CAF ?
Oui normalement, on continue. Mon travail a été bien fait et je ne vois pas pourquoi il y aurait une révolution. Peut-être que deux où trois choses seront changées mais la dynamique restera. Je ne suis pas le président de la commission. Celle-ci est dirigée par le président Battel et Kalusha Bwalya est son adjoint.
Votre position à la CAF vous interdit-elle de commenter l’évolution du football sénégalais ?
Non du tout. Je ne porte pas les habits de la Caf tous les jours. Je suis plutôt dans un état d’esprit qui fait que je préfère dire les choses directement aux concernés. Que ce soit au président senghor ou à aliou Cissé. n’oubliez pas que je fais partie aussi de la fédération. Je suis conseiller du président de la fédération. J’ai des échanges avec eux. Je m’étale rarement dans la presse parce que je trouve que si j’ai quelque chose à dire à quelqu’un, je décroche mon téléphone pour fixer un rendez-vous. Je ne suis pas de ceux qui utilisent les médias pour faire passer leurs messages.
Avez-vous nourri des regrets après l’élimination du Sénégal de la dernière Can ?
Bien sûr. parce que je suis un fervent supporter. Je suis sénégalais et patriote. J’étais au Gabon en tant que membre du Comité de la Caf. Effectivement, j’ai nourri des regrets par rapport à l’issue du tournoi. Mon souhait, c’était de voir le Sénégal terminer sur la plus haute des marches d’autant plus que je suis en contact avec certains petits de l’équipe nationale, qui m’appellent, qui me demandent conseil et on échange. Je suis très proche de Diao Keita, Cheikhou Kouyaté, Kalidou Koulibaly, Kara Mbodj et d’autres encore. franchement, j’aurais aimé que le Sénégal remporte le trophée. on en avait les moyens et les possibilités. Mais, il y a des circonstances qui ont fait qu’on a été éliminé en quarts de finale.
À quel niveau ça a cloché pour l’équipe du Sénégal ?
C’est sur les détails qu’on a péché. C’est un penalty raté. Ça a été un manque de réussite. Maintenant, on est 14 millions de sénégalais. Chacun voudrait donner son avis tactique d’après match. avant la rencontre, personne n’aurait dit que le Sénégal se ferait éliminer. a posteriori, c’est toujours facile. Justement, c’est ça aussi la beauté du football parce que chacun apporte sa vision. Mais, il ne faut pas se leurrer, s’il y a défaite, c’est parce qu’il y a défaillance quelque part.
Que regrettez-vous dans cette équipe d’Aliou Cissé ?
Indéniablement, c’est de ne pas avoir un peu plus de jeu. Mais, cela est indépendant des joueurs et de l’encadrement technique. Quand vous avez un adversaire qui refuse le jeu, cela devient un peu compliqué. le Sénégal a beaucoup de potentiel physique et athlétique. au niveau technique, ça reste encore. là, il y a énormément de moyens dans cette équipe. les prochains matchs nous éclaireront un peu plus sur l’état de santé de cette belle équipe.
Certains reprochent à Aliou Cissé de se suffire de ses connaissances…
Aliou Cissé a un caractère bien trempé. il a toujours été comme ça. il est toujours certain de ses choix. Ce serait bien qu’il échange avec certaines personnes pour pouvoir enlever cette carapace. peut-être aussi que c’est sa façon à lui de se protéger. Maintenant, il a cette légitimité en tant qu’ancien de 2002 et aujourd’hui sélectionneur de cette équipe nationale. Mais, l’un dans l’autre, il y a certaines personnes aussi qui ont cette légitimité pour lui parler de l’évolution de la tanière. C’est à ces gens-là qu’il devrait s’ouvrir un tout petit peu. il doit échanger avec eux ; prendre son téléphone, discuter avec les uns et les autres afin que ces derniers comprennent qu’il reste à l’écoute. Mais, n’oublions pas que c’est lui le sélectionneur. demain, c’est lui qui va rendre compte. en réalité, Aliou a toujours été comme ça. il est toujours sûr de ses décisions. parfois, il peut être mal compris par certaines personnes qui voudraient certainement l’aider.
En avez-vous discuté tous les deux ?
Oui. après la Can, on est parti tous les deux au restaurant. on a échangé. Je suis revenu il y a deux jours, on devrait se voir bientôt. C’est normal qu’il s’ouvre à d’autres anciens de 2000 ou 2002 sans oublier des anciens qui sont là pour l’avancement du football sénégalais. il est bon d’être à l’écoute de tout le monde et de prendre ce qui est bien pour le groupe. des changements ou des rectificatifs s’imposent à ce niveau.
Après Diamé, Pape Kouly Diop vient d’annoncer sa retraite internationale. est-ce qu’on peut dire que le courant ne passe pas entre certains joueurs et le sélectionneur ?
Je ne sais pas parce que j’observe les choses à distance. Un joueur ne peut pas prendre sa retraite internationale tant qu’il a la capacité et les possibilités physiques et morales de pouvoir être sur le terrain. À chaque fois qu’on est sélectionnable, on doit rester à la disposition du drapeau national. Mais, on peut comprendre si chez certains joueurs, il y a une lassitude. ils sont humains, ils ont des moments de bonheur et de tristesse aussi. Ce serait bien que l’entraîneur appelle ces joueurs-là pour savoir les vrais mobiles de leur décision. Et j’espère que les joueurs ont informé le sélectionneur avant d’informer les médias et le grand public.