LE SENEGAL EST-IL FAVORI A LA CAN-2017 ?
APRES AVOIR SURVOLÉ LES ÉLIMINATOIRES
À quatre mois de la CAN-2017, le débat est lancé sur le statut du Sénégal à cette biennale du football continental. Si pour les plus optimistes les Lions peuvent jouer les trouble-fête, par contre les techniciens estiment que les poulains de Cissé sont loin du compte et doivent aborder la compétition avec plus d’humilité
CHEIKH SIDY Bâ, ANCIEN INTERNATIONAL : «Les Lions loin d’être favoris»
«Très honnêtement, je pense que le Sénégal est loin d’être favori pour la prochaine CAN. Au regard des deux dernières éditions auxquelles le Sénégal a pris part, l’équipe a été sortie au premier tour. Donc, dire que le Sénégal viendra en favori, je pense que c’est abusé. Je pense plutôt que le Sénégal viendra à la CAN dans la peau d’un outsider, il faudra venir avec beaucoup humilité. Nous avons un bon groupe, avec de bons joueurs.
Mais, il faut dire que cette équipe manque de cohésion, de fond de jeu. Donc, je pense qu’il faudra venir dans la peau d’un outsider et prendre match par match. Je pense que pour l’heure, il faut revoir l’animation et la cohésion de l’équipe pour rendre plus fluide le jeu des Lions pour espérer avoir quelque chose.»
LAMINE GADIAGA, ANCIEN COACH AS PIKINE : «Le Sénégal, même pas un bon outsider»
«Favori de cette CAN ! Ah non, on est loin de là ! Ce n’est pas parce qu’on a gagné tous nos matchs qu’on est favori de cette CAN. Je pense que nous ne sommes même pas de bons outsiders. Je me demande sur quoi les gens se basent pour penser déjà que nous sommes favoris ? Nous n’avons rien gagné en Afrique jusqu’à présent. Nous avons été une fois en finale de Coupe d’Afrique et quart-finaliste du Mondial. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle équipe qui est en train de naître. Donc, il faut la laisser grandir et non lui mettre la pression. Nous sommes loin d’être favoris pour cette CAN. Je pense qu’Aliou a plus de 85% de son groupe, il ne faudrait pas qu’il change de style. Il faut dire, aussi, qu’il n’y a pas jeu. ça, c’est clair et net. Maintenant, pour faire progresser l’équipe, je pense qu’il faut revoir notre jeu défensif. Parce que nos défenseurs ne sont pas très performants, ils doivent s’améliorer.
Au milieu terrain, Idrissa Gana Guèye doit être plus proche de l’attaque, il doit s’arrêter de jouer trop simple sur la largeur. Il doit y avoir de la profondeur dans son jeu, il doit pouvoir marquer des buts. Toute proportion gardée, il peut être comme Iniesta. Et pour cela, il faut qu’on le libère. Avec Sadio Mané dans l’axe, je pense qu’il peut nous apporter beaucoup de choses comme les penaltys. Alors que sur le flanc, il n’a qu’une seule possibilité, dribbler à l’intérieur et centrer. En attaque, le constat est qu’on joue dispersé. Chacun joue sur sa valeur individuelle. On a l’impression que chacun veut montrer ce qu’il vaut. Alors qu’il n’y a pas encore ce collectif-là. Il faut que les gosses puissent jouer libérés comme dans leurs clubs. C’est un problème de dispositif. Je me demande pourquoi l’entraîneur continue de jouer comme ça. Alors qu’en haute compétition cela peut être néfaste, par exemple contre des équipes magrébines. Donc, il nous faut un super collectif. Il y a un chantier au moment où les gens se projettent déjà sur le match contre le Cap-Vert. Il faut avoir le courage de regarder là où on a des lacunes.»
PAPE IBRAHIMA FAYE, COACH SALOUM (N1) : «il y a d’autres nations plus cotées»
«Je pense que le Sénégal ne peut pas être favori pour cette Coupe d’Afrique des Nations pour la bonne et simple raison qu’il y a d’autres nations sont plus cotées, qui ont eu à gagner le trophée comme le Ghana, l’Égypte, l’Algérie, la Cote d’Ivoire… Donc, pour être logique, je ne vois pas sur quelle base on peut dire que le Sénégal est favori. Nous avons pris le risque de confier l’équipe nationale à un jeune entraîneur. Donc, je pense qu’on doit le laisser grandir avec l’équipe et non le bousculer en lui collant le statut de favori à la CAN. Je pense que son premier chantier était de réussir à inculquer aux joueurs l’engagement mental, la volonté mais également leur faire comprendre les valeurs du maillot national. Je crois qu’il l’a réussi. Maintenant, je pense qu’il est en train d’avancer étape par étape. Donc, comme c’est un jeune entraîneur, laissons-lui le temps de grandir avec l’équipe. Peut-être que dans l’avenir, il y aura de la technicité, de la fluidité dans le jeu des Lions. Parce qu’on ne peut pas commencer avec un jeune entraîneur et vouloir aussitôt atteindre le sommet ou la perfection. Maintenant, sur le jeu des Lions, il faut qu’il y ait plus de responsabilités mais aussi plus d’organisation tactique, tant sur le plan défensif qu’offensif. Aussi, qu’on évite d’individualiser l’équipe nationale, parce que c’est un collectif. Donc, il faut améliorer le collectif, avec ou sans ballon.»