Leipzig: Messi ou Ronaldo? "trop vieux" !, estime le directeur sportif du club
Messi ou Ronaldo? Non merci! "Ils sont tous les deux trop vieux et trop chers", sourit Ralf Rangnick, le directeur sportif du RB Leipzig, actuel leader surprise du championnat d'Allemagne, fier d'un projet qui repose sur la jeunesse et le travail de formation.
Fondé en 2009, entièrement financé et contrôlé par la firme autrichienne Red Bull, Leipzig est passé en sept saisons de la cinquième à la première division. Avec un effectif de 23 ans de moyenne d'âge, pour une grande part sorti de la filière de formation Red Bull, et aucun joueur star.
Samedi, Leipzig a battu Schalke, un poids lourd de l'histoire du foot allemand, avec huit joueurs qui évoluaient en deuxième division l'an dernier.
Arrivé au club en 2012 lorsqu'il était en 4e division, Rangnick, 58 ans, a volontairement laissé partir les trentenaires, pour ne faire signer que des joueurs en tout début de carrière, pour un premier ou deuxième contrat.
Et maintenant que se profile peut-être la Ligue des champions, le club songe-t-il à utiliser l'argent de Red Bull pour recruter des stars à la Messi ou Ronaldo? "Il serait absurde de penser que ça marcherait avec eux ici", répond Rangnick malicieusement, lors d'une rencontre avec des journalistes internationaux à Leipzig, ville d'Allemagne de l'est heureuse d'avoir retrouvé une équipe de première division grâce à Red Bull.
Ses derniers recrutements illustrent la démarche: l'attaquant écossais Oliver Burke, 19 ans, est arrivé de Nottingham Forest, le milieu guinéen Naby Keita et le défenseur brésilien Bernardo, 21 ans tous les deux, sont venus du RB Salzbourg, le club Red Bull du championnat d'Autriche.
"Nous avons l'équipe la plus jeune de Bundesliga, et la moins expérimentée. Je ne sais pas si c'est une révolution, mais il est en effet inhabituel qu'une équipe qui jouait en quatrième division il y a trois ans et demi ait 33 points après 13 matches" pour sa première saison parmi l'élite, note-t-il, avouant être lui-même surpris: "Personne ne s'attendait à cela".
- Rendez-vous à Munich -
Le principal problème du RB pour l'instant est son impopularité. Le modèle économique du club fait l'objet d'un rejet brutal de certains "traditionalistes" du foot allemand, qui considèrent que l'équipe n'est rien d'autre qu'un support publicitaire pour une marque de boissons. Les joueurs ont déjà été plusieurs fois victimes de provocations ou d'actes hostiles à l'extérieur depuis le début de saison.
Mais là encore, Rangnick a de l'expérience: il était le coach d'Hoffenheim en 2008/2009, lorsque l'équipe financée par le milliardaire Dietmar Hopp, patron de l'entreprise informatique SAP, est arrivée en première division et a lutté pour la première place jusqu'au début des matches retour.
"Dès qu'un club arrive sur le devant de la scène, les supporteurs des équipes rivales le voient comme un ennemi. C'était la même chose avec Hoffenheim", se rappelle-t-il. "Il y a des gens, et pas seulement à Leipzig, qui pensent que nous méritons ce qui nous arrive en ce moment, avec des joueurs aussi jeunes".
Le nom de Rangnick avait été évoqué pour reprendre la place de sélectionneur de l'Angleterre après l'Euro-2016. "Mais même s'ils m'avaient proposé le poste, je n'aurais pas arrêté de travailler pour Red Bull, assure-t-il. Nous sommes en ce moment en train d'écrire notre propre tradition et d'écrire notre propre histoire".
Leipzig, en tête avec trois points d'avance sur Munich après un peu plus d'un tiers du championnat, peut-il vraiment gagner le titre? "Dans une saison normale, le Bayern gagnerait le titre, mais peut-être que cette saison n'est pas normale", sourit de nouveau Rangnick.
"Notre match à Munich (le 21 décembre, NDLR) ne sera pas décisif, mais il sera passionnant", promet-il.