Ligue 1: à Amiens, Pélissier, l'homme des montées au pied d'un nouvel Everest
Via Luzenac et Amiens, Christophe Pélissier a atteint la L1 par une voie inhabituelle. Mais l'entraîneur aux trois montées successives a encore une montagne devant lui: assurer le maintien du club picard, le petit Poucet du Championnat.
Le technicien âgé de 51 ans a escaladé jusqu'au sommet en se taillant une réputation de faiseur de miracles.
Avec peu de moyens, il a d'abord hissé Luzenac aux portes de la L2, avant que la Ligue ne bloque l'accession en 2014 du petit club ariégeois. Il a ensuite rebondi à Amiens l'année suivante, pour mener le club aux deux licornes en L1 pour la première fois de son histoire, en seulement deux saisons et en partant du National (3e niveau).
"Si on m'avait dit il y a cinq-six ans que j'entraînerais en Ligue 1, j'aurais crié au fou", confie-t-il à l'AFP.
Ancien prof de tennis, ex-directeur du service des sports de la mairie de Revel, Pélissier détonne par son parcours singulier. D'abord coach à temps partiel, il conduisait encore le minibus des joueurs de Luzenac en 2007, avant de passer à temps plein en 2009, en National. Cette année-là, Unai Emery, le coach du Paris SG et premier adversaire d'Amiens en Championnat le 5 août, était déjà aux commandes de Valence, en Espagne...
"Il ne faut jamais oublier d'où l'on vient", insiste l'entraîneur, dont l'accent du sud-ouest surprend au milieu de la Picardie. "Je ne revendique aucune différence. Je travaille comme il me semble bien de travailler, sans me comparer aux autres."
Son credo, c'est "le collectif et l'envie de jouer rapidement vers l'avant", explique-t-il. "J'aime beaucoup que mon équipe soit active dans la transition, qu'elle soit défensive ou offensive, car pour moi cela garantit l'état d'esprit d'une équipe."
"Il insiste surtout sur le point de vue collectif", a remarqué Régis Gurtner, le gardien amiénois. "Il amène toutes les notions de rigueur, d'enthousiasme, de jeu vers l'avant."
- Un collectif et des paris individuels -
Pour le milieu offensif Charly Charrier, Pélissier est "quelqu'un qui déteste la défaite. Il prend du plaisir dans la victoire. Si en plus de ça, on peut allier victoire et belle façon de jouer, cela lui plaît davantage."
Un groupe qui ne lâche jamais rien, et défend avec agressivité pour mieux surprendre son adversaire en contre: la patte Pélissier est connue. Il faut y ajouter une dose de paris sur le recrutement - Gaël Kakuta cette saison - et la recette est complète. C'est avec cette philosophie que le Revélois espère réussir dans l'élite.
"On ne doit pas changer du tout au tout dans notre philosophie de jeu et notre organisation du travail. Parce que ça a donné du succès", se justifie-t-il. "Bien sûr qu'en L1, le rapport de force va augmenter. Ainsi des joueurs comme Gaël (Kakuta), Issa (Cissokho) ou Mathieu (Bodmer), qui ont connu ce niveau, renforcent le groupe existant."
Pélissier a aussi pu compter sur un conseiller de marque pour s'adapter aux exigences du haut niveau, l'entraîneur des arrières des rugbymen du Racing 92 Laurent Labit, son ami d'enfance. "On parle souvent. Chacun parle de ses problématiques et on s'aperçoit qu'on a les mêmes. C'est la gestion du vestiaire, la position du coach dans un club", dit-il.
La sienne est pour le moment bien solide. Pélissier a été contacté par plusieurs formations "qui représentent quelque chose dans le foot", mais est resté fidèle à Amiens, pour une saison où il devra encore réaliser des miracles.