Ligue 2: Troyes, vers la fin du rêve américain
Du rêve américain au mirage : à la veille de la date butoir pour trouver les fonds nécessaires au rachat de Troyes (L2), l'Américain Gary Allen ne semble plus en mesure de prendre le contrôle du club aubois.
Moins de quatre mois après l'annonce de la vente de l'Estac, le président troyen Daniel Masoni et Gérard Menuel, adjoint au maire de la ville, ont perdu le grand sourire qu'ils affichaient le 6 juin au moment d'annoncer qu'un protocole d'accord avait été signé.
Le porteur du projet, M. Allen, débarqué tout droit de Portland (Oregon) et propriétaire d'un club amateur de quatrième division, était pourtant enthousiaste.
Sur son CV, figurait une entreprise de décoration d'intérieur tenue par sa femme, et le frère de l'ancien grand champion de triathlon Mark Allen était accompagné d'Eric Descombes, ancien joueur franco-mauritanien qui devait être chargé de gérer le club au quotidien.
Le projet, présenté comme ayant "des investisseurs derrière", restait flou mais compte tenu de la période difficile traversée par le club, chacun voulait y croire.
Ereinté par une saison en Ligue 1 catastrophique (dernier avec 18 points et seulement trois victoires), Masoni semblait soulagé de passer la main. La ville de Troyes voyait elle d'un bon oeil l'arrivée d'une nouvelle dynamique et était prête à dérouler le tapis rouge, notamment pour des projets immobiliers dont on perçoit aujourd'hui surtout le vide.
Car près de quatre mois plus tard, la vente n'est toujours pas effective et ne le sera sans doute jamais. Le délai imparti (15 septembre) a même été repoussé jusqu'au 30 septembre à la demande de M. Allen. Mais cela n'a rien changé au problème : les investisseurs américains n'ont pas l'argent nécessaire pour racheter le club, environ 3 millions d'euros.
- Promesses -
Pourtant, les promesses avaient fleuri sitôt le protocole signé. Fin juin, M. Descombes annonçait vouloir "aller vite" et finaliser la reprise dès la mi-juillet pour pouvoir investir dès l'été et influer sur la composition de l'effectif.
Mais le rêve américain s'arrête là. Les semaines défilent sans que rien ne se passe, laissant apparaître les premières crispations. La tension s'installe entre le président sur le départ et les repreneurs qui veulent poser leur empreinte sur le club sans en être encore officiellement propriétaires.
Accusé d'être un frein à la vente, M. Masoni ne dévie pas de sa ligne de conduite : "si demain j'ai l'argent, je m'en vais." Aux "délais administratifs" invoqués pour réaliser le transfert de fonds, succèdent les premiers doutes. Depuis début août, les repreneurs n'ont plus jamais voulu communiquer. Leur principal soutien financier américain se serait retiré du projet.
Soutenu par la municipalité, le duo Allen-Descombes passe des semaines en France, étudie toutes les possibilités et cherche des montages financiers pour aller au bout.
Poussé vers la sortie par la Ville, M. Masoni attend les garanties bancaires sur un paiement échelonné. En vain. La surface financière de M. Allen semble inexistante, ce qui finit par lasser et susciter de nombreuses questions.
Aujourd'hui, Troyes, neuvième de Ligue 2, se reconstruit sportivement sous la houlette de Jean-Louis Garcia. Sauf improbable retournement de situation, l'aventure américaine n'aura pas de suite. L'Estac est toujours à vendre et va reprendre sa routine, en attendant le prochain repreneur...