Paris SG: Trapp a manqué son crash-test
Certains supporters du Paris SG ont déjà mis en vente sur internet leurs maillots floqués de son nom: le gardien Kevin Trapp, qui avait réussi à reconquérir sa place de N.1 et faire oublier ses "boulettes", est passé complètement au travers mercredi lors de la terrible défaite 6-1 face à Barcelone.
A sa ligne crédit, l'Allemand a touché au Camp Nou un total de 50 ballons, soit davantage que chacun de ses coéquipiers. A sa ligne débit: six buts encaissés, dont trois dans les sept dernières minutes du match. Le bilan est terrible: à quoi sert une belle relance au pied, s'il n'y a pas d'arrêts décisifs ? Sans oublier cette impression de nervosité qui flotte encore dans l'air...
"Le problème c'est qu'on a fait passer Trapp pour le meilleur gardien du monde, ce qu'il n'est pas. Kevin est un très très bon gardien mais l'année dernière il a déjà été plus que fébrile contre le Real Madrid (défaite 1-0) et puis on se rend compte que dans les gros matches ce n'est pas encore ça", explique à l'AFP Jérôme Alonzo, ancien gardien du PSG (2001-2008).
Si "on ne peut pas lui reprocher", selon lui, les deux penalties transformés (50e, 90e+1) et le coup franc magistral de Neymar (88e) -- même si les images le montrent hésitant sur son placement -- le premier but encaissé dès la 3e minute de jeu avec une sortie à contretemps face à Luis Suarez est "clairement pour lui".
- Hiérarchie 'floue'-
"Malheureusement, par sa sortie manquée, il met le Barça dans le match de suite. Et on sait bien que dans ce genre de match, cela va se jouer plus sur une présence dans les six mètres ou les 16,50 mètres que sur les arrêts proprement dits", constate Alonzo.
Dans ce domaine, Trapp n'a pas rassuré ses coéquipiers de la défense, vite à la dérive. Mais est-ce étonnant au regard du manque de hiérarchie claire entre les gardiens du PSG ?
Si en début de saison, l'entraîneur Unai Emery lui avait maintenu la confiance accordée par son prédécesseur Laurent Blanc malgré ses "boulettes", il n'a pas hésité à le mettre sur le banc après une prestation hésitante contre Saint-Etienne (1-1) en septembre dernier.
Mais son remplaçant Alphonse Areola, d'abord convaincant, a lui aussi fini par être rongé par le doute et la concurrence perpétuelle à son poste pour céder de nouveau la place de N.1 à l'Allemand, qui avait même selon l'Equipe demandé des "éclaircissements" à ses dirigeants sur cette situation peu confortable.
"Cette hiérarchie elle est pourrie", déplore Alonzo, estimant qu'il aurait fallu qu'il y ait un N.1 et un N.2 désignés "de suite". "Et malheureusement tu récoltes ce que tu as semé, c'est-à-dire que dans les moments chauds, tes gardiens ne sont pas en confiance".
- Top 10 mondial -
Outre le 'management' d'Emery, c'est toute la réflexion des dirigeants parisiens sur ce poste spécifique qui se trouve remise en cause. Car si l'arrivée de Zlatan Ibrahimovic a été "une bonne idée" pour lancer le projet qatari, tout comme le recrutement d'Edinson Cavani ou Marco Verratti, "on va se rendre compte dans 5-6 ans que les dossiers gardiens n'ont pas été les mieux gérés de l'ère QSI", souligne Alonzo.
"Je ne parle pas de Kevin (Trapp), Alphonse (Areola) ou Salvatore (Sirigu, prêté au Séville FC) mais à un moment donné si tu veux gagner la +Champions League+ il faut un gardien du top 10 mondial. Tu es obligé", ajoute-t-il.
Manuel Neuer (Bayern Munich), Gianluigi Buffon (Juventus), ou Thibaut Courtois (Chelsea) étant inaccessibles, Iker Casillas (Porto), Petr Cech (Arsenal) ou Hugo Lloris (Tottenham), auraient-ils été de meilleures pistes à creuser ?
"Après ils ont fait un pari. Trapp est un très bon gardien mais il est très jeune et il n'avait aucun CV en Ligue des champions avant d'arriver au PSG. C'est ça qui m'avait fait halluciner quand il est venu. Tu veux gagner la +Champions league+ mais tu as recruté un gardien qui n'y a jamais joué un match. C'est un peu antinomique, non ?", s'interroge l'ancien portier parisien. Un chantier de plus qui s'ouvre...