DES CENTAINES DE PERSONNES MANIFESTENT AVEC LES SANS-PAPIERS
Vingt ans après Saint-Bernard
PARIS (AFP) - Environ 500 personnes, selon la police, ont manifesté samedi après-midi à Paris pour la "régularisation globale de tous les sans-papiers", vingt ans après l'évacuation brutale des étrangers en situation irrégulière qui occupaient l'église Saint-Bernard.
"Vingt ans après, les Saint-Bernard sont toujours là avec ceux qui luttent": derrière cette banderole, sous un soleil brûlant et au son des djembés, les manifestants ont défilé de la place de la République jusqu'à l'église Saint-Bernard de la Chapelle, dans le nord de Paris, à l'appel de l'Union nationale des sans-papiers.
"Faut-il mourir pour avoir des papiers? Régularisation globale de tous les sans-papiers avec carte de 10 ans", pouvait-on lire sur un autre calicot.
Environ 150 personnes ont également manifesté à Lille en faveur des sans-papiers, parmi quelques drapeaux de la CGT, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Le 23 août 1996 à l'aube, les forces mobiles ouvraient à coups de bélier et de merlin la porte de ce lieu de culte catholique du XVIIIe arrondissement et évacuaient 300 étrangers en situation irrégulière, qui l'occupaient - avec l'accord du curé - depuis deux mois. L'opération avait suscité une vive polémique contre le gouvernement d'Alain Juppé.
Le mouvement des "Saint-Bernard" allait surtout aboutir en 1997 et 1998, sous le gouvernement de Lionel Jospin, à la régularisation de plus de 80.000 d'entre eux, la seule et dernière opération aussi massive depuis celle de 1981, au début du premier septennat de François Mitterrand (plus de 130.000 titres de séjour délivrés à l'époque).
Ces immigrés, originaires surtout du Mali et du Sénégal, demandaient leur régularisation au nom de leur longue présence en France. Beaucoup avaient des enfants nés en France et n'étaient pas expulsables.
Vingt ans après, la question des migrants se pose avec une acuité nouvelle du fait de la crise migratoire en Europe.
Pour ne pas laisser se reconstituer dans le nord de Paris des campements dont les effectifs ont atteint des niveaux record durant l'année écoulée, la police les démantèle depuis la fin juillet de façon quasi-quotidienne, au grand dam des collectifs de soutien.