LA COUR JOUE LES PROLONGATIONS
BANJUL - EXAMEN DU RECOURS DU PARTI DE JAMMEH
La cour suprême gambienne a reporté, hier, en mai prochain, l’examen du recours en annulation des résultats de la dernière présidentielle en Gambie consacrant Adama Barrow, nouvel homme fort du pays. Le parti, la Aprc, de Jammeh avait appelé ses partisans au rassemblement. Et ce fut une démonstration de force. Et peut-être que c’est un tournant dans ce bras de fer où le Peuple de Jammeh semble s’être trouvé un nouvel ennemi : le Sénégal !
La cour suprême a renvoyé en mai prochain l’examen du recours de la APRC, le parti de Jammeh qui conteste les résultats de la dernière présidentielle consacrant Adama Barrow, président de la Gambie. Les partisans de Jammeh avaient, hier, le terrain pour eux. Ceux du camp de Adama Barrow sont restés terrés chez eux, pour éviter de provoquer ou de répondre à la provocation incontrôlée. Très tôt, la grande «arche du July 22nd» s’était parée de vert et blanc, les couleurs du Parti de Jammeh, en échos aux centaines de militants qui ont pris d’assaut les alentours du siège de la Cour Suprême. Ils régnaient sur place une ambiance de victoire qui trahissait mal leur confiance aux délibérations de la « Cour ».
Le tournant : le rassemblement vire à la manif anti-Sénégal
Et ce n’était là que le début de la manifestation, la démonstration du camp du pouvoir qui a occupé la place toute une bonne partie de l’après midi.
Les speakers qui se sont relayés au micro n’ont jamais cité le Sénégal, mais les mises en garde étaient à peine voilées contre ce «voisin qui ne nous veut que du mal». Sur la place Gambienne on se moque des pommettes «joufflue» du président Macky Sall depuis qu’un comique imitateur de Yaya Jammeh a pointé les «lékhou beignet» du chef de l’État Sénégalais. Dans la foule, on s’en donne à cœur joie. Ce qui était jusqu’ici sous-entendu, s’affiche désormais sur les pancartes où on pouvait lire : «Sénégal, règles tes problèmes et laisses-nous gérer le nôtre », «Sénégal, quitte notre pays», «Macky Sallah, dégages ».
Le peuple de la «grande Arche » du 22 juillet, symbole de la prise du pouvoir par Jammeh à cette même date commémorative en 1994, venait de se trouver un nouvel adversaire. Il faut dire que sur place et parmi les partisans de Jammeh, le discours guerrier semblait avoir définitivement tourné la page Adama Barrow.
Alors, le Sénégal «ennemi idéal» ?
Il y’a bien longtemps en tout cas que les autorités sénégalaises maniaient cette crise avec dextérité pour ne pas «braquer» l’homme fort de Kanilaï et de la State House.
C’est sûr que cette manifestation est aussi un signal fort pour la délégation de la CEDEAO dont l’arrivée était prévue aujourd’hui à Banjul pour lui dire : «vous voyez, le peuple de Banjul est avec Jammeh ».
L’enjeu de cette mission de médiation sera surtout de circonscrire les discussions autour de l’acceptation des résultats proclamés depuis, par la IEC (la commission électorale indépendante) de la Gambie dont le président s’est d’ailleurs refugié au Sénégal depuis quelques jours pour échapper aux menaces de morts manifestement proférées par le camp du pouvoir.