LE DRAME DE FREETOWN À LA UNE
Presse africaine
Partout dans la presse sierra-léonaise, des photos plus impressionnantes les unes que les autres cette coulée de boue qui a tout emporté, y compris des centaines de personnes. On voit parfois des cadavres nus ou enveloppés avant d’être emmenés à la morgue. Les secouristes sont en combinaison, un article évoque d’ailleurs des risques sérieux de choléra et de typhoïde. Des jeunes, sans combinaisons, fouillent à la recherche d’éventuelles victimes. Les habitants de Freetown visages hagards, certains ont des parapluies, il pleut toujours et il va pleuvoir toute la semaine.Le 14 août 2017 « aura tiré des larmes » de nombreux Sierra-Léonais, nous dit le journal Awareness Times, « un autre chapitre bien triste de l’histoire du pays », titre de son côté Le Sierra Leone Telegraph. Et le quotidien de rappeler la tragédie du 6 janvier 1999 (début des massacres par les rebelles du RUF), les 10 ans de guerre civile, le virus Ebola, et des inondations meurtrières déjà il y a deux ans. Autant de tragédies, « de moments difficiles pour notre nation », explique Le Telegraph.
Négligences
Au-delà de l’émotion, cette catastrophe pose de nombreuses questions. Et Le Sierra Leone Telegraph d’exprimer une colère face à ce désastre jugé prévisible et face à la « négligence » des autorités. Le pays ne s’est « jamais relevé » de ces drames. « Et quelles leçons avons-nous tirées ? Qui a donné les permis de construire dans des zones dangereuses ? Qui est responsable de faire des études de sol ? Qui surveille les chantiers pour s’assurer que les normes sont respectées ? Qui doit s’assurer qu’il y a des voies d’accès à chaque propriété ? » Dans d’autres États anglophones d’Afrique de l’Ouest, comme le Ghana et le Nigeria, explique enfin cet article, il y a des « domaines réservés » par le gouvernement. Ce n’est pas le cas en Sierra Leone. Les terres ont été distribuées « comme on répartit la viande d’un éléphant ». Walf Adjri, quotidien sénégalais évoque d’ailleurs une « urbanisation anarchique », un manque d’entretien des canalisations ainsi que la « déforestation massive. »
Lézardes et cancrelats
C’est l’autre grand sujet dans la presse africaine du jour : quelle réponse adopter face aux nouvelles attaques terroristes au Sahel ? « Tel le roseau, le Burkina ne doit pas rompre », affirme Le Pays. Un peu plus de 48 heures après l’attentat toujours pas revendiqué de Ouagadougou, le journal burkinabé appelle à la cohésion nationale, à ne pas se diviser, prenant pour exemples les grèves récentes « à répétition » ou « les bisbilles » entre les forces de l’ordre. « C’est lorsque la bâtisse présente des lézardes que les cancrelats et autres vipères peuvent y trouver des niches. » Le journal se félicite néanmoins de la réunion en urgence du conseil de sécurité de l’ONU. « L’on est tenté de dire à quelque chose, malheur est bon. »
Encouragements timides
Mais dans le même temps, la presse africaine reste très sceptique sur le projet d’une force sahélienne. Elle exprime des doutes d’abord sur son financement. Le site Wakatsera se demande « comment déployer une force aussi lourde, composée de 5 000 hommes sans les moyens nécessaires ? Les encouragements des puissants de ce monde qui ont entre leurs mains le destin de tous ces pays pauvres qu’ils abandonnent après en avoir tiré profit lors des votes de telle ou telle résolution ou élection, sont visiblement du bout des lèvres ».
Des doutes aussi sur la mission de cette force G5 Sahel. Certes, explique l’Observateur Paalga, « elle va bétonner cet espace mutuel, tailler des croupières à l’ennemi invisible, mais elle n’a pas vocation à être une force de police dans nos villes et campagnes pour prévenir ce qui s’est passé l’autre jour. Et pas vocation à tuer dans l’œuf des cellules dormantes prêtes à se réveiller qui nous côtoient tous les jours. On ne pourra jamais mettre un gendarme derrière chaque citoyen ou devant tous les maquis. »
Même point de vue peu ou prou dans les colonnes d’Aujourd’hui au Faso. « La force à elle seule, même dotée d’un grand armement et d’un immense effectif, dans les règles de l’art, ne pourra pas être à 100 % efficace sans un soutien irréductible, constant et sans condition des populations. Parce que le terrorisme ne vient plus de l’extérieur. Il n’est plus importé. Il est fabriqué localement, avec des jeunes burkinabè, maliens, nigériens. La graine de la violence est dans le cœur des pays du G5 Sahel. Leur armée subira sa venimeuse germination avec leurs populations ou la vaincra ensemble. »
La « folie » de Grace Mugabe
Voilà donc une nouvelle affaire autour de Grace Mugabe, l’épouse du président zimbabwéen accusée en Afrique du Sud d’avoir agressé une jeune femme dans un appartement de Johannesburg. « La folie de la Reine Grace », titre le Mail and Guardian au sujet de celle qui est pressentie pour succéder à son inamovible mari âgé de 93 ans. Les Zimbabwéens, écrit le journal sud-africain, « ne sont pas surpris » de ces accusations, ils y sont « bien trop habitués » avec leur première dame. L’affaire occupe les journaux sud-africains, contrairement à la presse zimbabwéenne qui n’en dit pas un mot.