RÉPONSE À SALIOU GUÈYE
La Mecque s'est transformée avec de nouvelles infrastructures, à la grande satisfaction des pèlerins. Accuser les autorités saoudiennes d'impéritie est une injustice
"La douleur est aussi nécessaire que la mort."
Voltaire
De ce monde, la douleur ne sera jamais abolie, mais heureusement que survit avec nous la permanence de la grâce divine. C'est par elle que nous sommes là, que nous transcendons nos angoisses existentielles, conscients que nous ne parviendrons que par elle à la félicité, à la rémission de nos douleurs et péchés. De par notre foi, nous restons digne dans la douleur et continuons à rendre grâce au Seigneur.
Je comprends aujourd'hui ceux qui à juste raison, sont profondément affligés par les incidents arrivés cette année lors du pèlerinage à la Mecque. La responsabilité des autorités saoudiennes est indiscutable dans ces drames. Mais cela dit, sachant qu'à telle cause tel effet, il faut avec la rigueur et les méthodes scientifiques procéder à la chronologie et l'analyse des faits antérieurs à l'accident, pour trouver dans les moindres détails les causes irréfutables de ces drames, afin d'y apporter des solutions durables.
Tout le monde sait qu'avec l'accroissement de la communauté musulmane, la modernisation des moyens de transports, particulièrement l'aviation qui met La Mecque à quelques heures de tous les points de la planète, l'Arabie Saoudite, gardienne des lieux et organisatrice du pèlerinage (de loin le plus grand rassemblement religieux de la planète), a beaucoup de mérite. La Mecque s'est transformée grâce à de nouvelles infrastructures qui n'ont rien à envier aux industries touristiques, à la grande satisfaction des pèlerins. Accuser ceux qui font ce travail de faire montre d'impéritie est une injustice grave. Parce qu'il y a pire que ces drames avec leurs lots de morts : c'est le fait d'amener consciemment ou inconsciemment des innocents à damner le bon Dieu et canoniser Satan, par de savants amalgames diffamatoires.
Saliou Guèye voudra bien m'excuser d'utiliser son dernier édito sur www.SenePlus.Com, "L'enfer au paradis"- à lui seul suffisamment édifiant-, pour étayer mes propos. Je ne me fais pas de souci à cet égard, lui-même à eu à ouvrir la porte à ce type d'exercice en recadrant un de ses confrères, également éditorialiste de SenePlus, Momar Seyni Ndiaye, il y a de cela quelques mois.
Comment expliquer qu'une personne censée et bien éduquée, puisse prendre comme prémisse un décompte qui donne 4495 morts en quarante ans, pour aboutir aux attaques suivantes, comme conclusion, je cite :
1. "Ainsi certains hypocrites prêcheurs locaux, complices de ces meurtres (le mot n’est pas trop fort) et nimbés de leur pseudo érudition, se résignent devant la fatalité pour invoquer la volonté divine. Et pour pousser le bouchon de leur hypocrisie jusqu’à l’extrême, ils ouvrent aux victimes de la bousculade les portes du paradis. Pourtant ces malheureux n’ont jamais souhaité partir au paradis de cette façon. Et aucun de ces décervelés, qui sortent ces balourdises pour exonérer l’Arabie Saoudite de ces horreurs à répétition portant une seule empreinte, l’irresponsabilité et l’incompétence, ne souhaite entrer au paradis de façon aussi infernale."
2. "Il est inadmissible aujourd’hui avec tout ce qu’offre la technologie dans tous les domaines, avec toute la manne faramineuse que reçoit l’Etat saoudien à partir des pèlerins de voir que les conditions d’organisation du hajj s’empirent d’année en année alors que c’est l’inverse qui devait se produire. Le rite du pèlerinage est effectivement devenu un business touristique religieux pour les autorités saoudiennes, lesquelles ne s'occupent que de travaux d’extension de leur territoire..."
3. "Aujourd’hui il est de plus en plus question de contester l’organisation exclusive du hajj par le royaume wahhabite qui a atteint le seuil de son incompétence... Aujourd’hui toutes autorités en charge de l’organisation du hajj sont passibles de poursuites devant les tribunaux. Et puisque l’Arabie Saoudite applique encore la peine de mort, les responsables de ce drame qui a causé la mort de plus de 800 personnes devaient goûter à la lame fine du sabre." Fin de citation.
Pour un intellectuel de cette trempe, pouvoir au gré d'un tel argumentaire, condamner au pire supplice toute une nation, est pour le moins étonnant. D'autant que ce rappel chiffré des incidents n'a absolument rien à voir avec l'allégation d'incompétence des Saoudiens que l'on veut nous faire admettre.
Sur la base d’une moyenne d’un million de pèlerins seulement par an, 4495 morts en quarante ans donne un ratio de 0,01 décès annuellement. Avec une telle performance, dans aucun système de gestion au monde, l'on aurait changé les façons de faire juste pour cette raison, tout au contraire on s'en vanterait. Ce rappel macabre n'avait donc pas sa place dans l’argumentation de l’éditorialiste de SenePlus, si tant est que la pertinence eût été un souci dans sa motivation à faire son article. Il n'y a là qu'une tentative de bluffer les lecteurs par des chiffres et des dates.
L'on découvre par la suite que pour l'auteur, le croyant, prêcheur local respectable, qui s'en remet à son Créateur, reste convaincu que les gens qui ont péri dans ces accidents iront au paradis comme son prophète l'a enseigné, est de ce simple fait, relégué au rang de pseudo érudit, stupide, complice d'un crime, hypocrite à l'extrême. N'est-ce pas trop ? Si ce n'est blasphémer ça y ressemble.
Aussi, prétendre que les conditions du hajj s’empire d’année en année relève de la contrevérité grossière. Tous les habitués du voyage n'arrêtent pas de clamer leur fascination devant les progrès continus, qu'ils découvrent chaque année. Ce qui fait que de plus en plus de gens peuvent s'offrir un hajj dans des conditions de confort effectivement dignes de celles offertes par les industries touristiques. Est-ce un mal ?
Le pèlerinage n'est pas le PSG football club. Au surplus, ni les autorités saoudiennes ni les religieux locaux traités de pseudo-érudits ni même vos lecteurs dans leur ensemble et leur diversité, ne méritaient qu'on les méprisât ou qu'on les dénigrât pour cette grossière illusion.