UNE CENTAINE DE JIHADISTES MASSACRÉE AU CAMEROUN
BOKO HARAM
Yaoundé, 11 jan 2017 (AFP) - Quatre jeunes kamikazes - deux adolescentes et deux garçons - sont morts mercredi dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, cible régulière d'attaques suicide des islamistes nigérians de Boko Haram, avant de de réussir à perpétrer des attentats, a annoncé à l'AFP le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari.
Parallèlement, l'armée camerounaise a tué "une centaine" de combattants de Boko Haram et libéré "des centaines d'otages" depuis le lancement en décembre d'une offensive d'"envergure" toujours en cours au Nigeria, a affirmé le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, à la télévision d'Etat.
"La région a été confrontée (mercredi) à deux tentatives d'attentat", impliquant quatre kamikazes, a indiqué le gouverneur de l'Extrême-Nord, joint depuis Yaoundé.
La première tentative a visé Kolofata, près de la frontière nigériane, où "deux filles d'environ 17-18 ans" portant des explosifs ont été "stoppées lors d'un contrôle mixte BIR (unité d'élite de l'armée) et comité de vigilance", formé d'habitants chargés d'alerter les autorités de tout mouvement suspect, a-t-il relaté.
"La première kamikaze s'est faite exploser, sans faire de victime civile (alors) que la deuxième a été +neutralisée+" par les militaires, a-t-il expliqué. La deuxième tentative d'attentat a été enregistrée à Doublé, où deux jeunes garçons ont été "interceptés" par des membres du comité de vigilance, selon M. Midjiyawa.
Les deux kamikazes ont actionné leurs charges explosives, se tuant sur le coup et blessant "légèrement" deux membres du comité de vigilance, de même source.
Depuis juillet 2015, l'Extrême-nord du Cameroun a été la cible d'une cinquantaine d'attentats-suicides. Depuis 2014, la région est en proie aux attaques multiformes- plus de 450 recensées- attribuées à Boko Haram.
Au moins 1.500 personnes (civils et militaires) y ont été tuées en moins de trois ans, selon le gouvernement camerounais.
-offensive d'"envergure"-
Secte salafiste extrémiste à l'origine, Boko Haram s'est mué en mouvement jihadiste à la mort de son fondateur Mohammed Yusuf, en 2009.
Les violences du mouvement et leur répression ont fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria. Le mouvement mène également des attaques meurtrières contre les pays pays du Nigeria voisins, Cameroun, Tchad, Niger.
Ces pays ont formé une force régionale qui a lancé une série d'offensives contre les bastions de Boko haram. Mardi soir, le porte-parole du gouvernement a indiqué que le bilan de la dernière opération de l'armée camerounaise lancée en décembre était d'"une centaine de terroristes définitivement neutralisés (tués), une trentaine de combattants faits prisonniers et remis aux forces nigérianes, des centaines d'otages libérés et (également) remis" au Nigeria.
Il n'était pas possible de confirmer ces informations de source indépendante. Les soldats camerounais engagés "sous la bannière de la force multinationale mixte (FMM) (...) mènent depuis le 19 décembre 2016 des opérations spéciales dans la localité de Ngoshe et ses environs en territoire nigérian", selon M. Tchiroma.
"Plusieurs usines de fabrication d'explosifs" ont été aussi détruites, "une dizaine d'engins explosifs (ont été) neutralisés", en plus "des centres d'entraînement des terroristes démantelés".
"Malheureusement(...) trois soldats ont perdu la vie" en janvier, l'un tué par un engin explosif improvisé et les deux autres lors de combats, a-t-il regretté.
Cette offensive "d'envergure" se poursuit et a déjà "permis aux forces de la coalition menées par la force camerounaise de prendre position dans cette partie du territoire nigérian", a assuré M. Tchiroma.
D'après lui, l'opération se déroule "en parfaite synergie avec le commandement de l'armée (nigériane)" et a été lancée "suite aux incursions répétées des terroristes de Boko Haram" en territoire camerounais.
Elle "consiste au ratissage de la zone avec pour objectif le démantèlement définitif des bases logistiques" de cette organisation.
En décembre, le président nigérian avait annoncé la prise par son armée de la forêt de Sambisa, présentée comme le fief traditionnel de Boko Haram.
Un contingent camerounais a participé à cet assaut, selon de hauts responsables militaires camerounais qui soulignent que "pas grand-chose (attestant d'un fort ancrage de Boko Haram)" n'a été découvert à Sambisa.