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29 mars 2024
LE DIALOGUE NATIONAL SUR LE GAZ ET LE PÉTROLE LANCÉ LE 12 JUIN
Le président souhaite, une gouvernance inclusive et transparente des ressources naturelles, asseoir un consensus national durable sur les orientations stratégiques au service exclusif de la Nation - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 6 juin 2018.
"Le Président Macky SALL a réuni le Conseil des ministres, mercredi 06 juin à 11h, au Palais de la République.
Entamant sa communication sur la consolidation du dialogue national autour de la gouvernance vertueuse, transparente de nos ressources naturelles et la Conférence nationale sur le développement durable le Chef de l’Etat salue la bonne tenue de la troisième édition de cette rencontre.
Ainsi, le Président de la République salue la participation remarquable de tous les acteurs concernés, félicite le ministre de l’Environnement et du Développement durable et ses services pour le succès de ces assises ainsi que la pertinence des recommandations retenues.
En outre, le Chef de l’Etat rappelle sa décision, prise en 2014, d’instituer l’organisation de la Conférence nationale sur le Développement durable pour marquer davantage sa volonté de préserver et de valoriser, avec l’implication effective de toutes les forces vives de la Nation, notre patrimoine de ressources naturelles face aux risques écologiques et économiques et les dégradations de l’Environnement.
Dès lors, le Président de la République indique que c’est dans cet esprit que le Comité d’Orientation stratégique sur le Pétrole et le Gaz (COS- PETROGAZ) a été mis en place et l’Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG) créé, pour consolider la dynamique de gestion concertée, responsable et transparente des ressources naturelles du Sénégal.
A ce titre, le Président de la République informe le Conseil du lancement, le 12 juin 2018, des travaux du Dialogue national sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières afin d’instaurer une Gouvernance inclusive et transparente de nos ressources naturelles et d’asseoir un consensus national durable sur les orientations stratégiques qui encadrent le développement, au service exclusif de la Nation, de l’industrie pétrolière et gazière.
Poursuivant sa communication autour de la bonne organisation des examens et concours sur l’ensemble du territoire national, le Président de la République se félicite du réaménagement consensuel du calendrier scolaire et de la stabilisation progressive de la situation dans les universités et écoles d’enseignement supérieur.
Ainsi, le Chef de l’Etat demande au Gouvernement de prendre toutes les dispositions pour une parfaite organisation des examens et concours, notamment le Baccalauréat, sur l’ensemble du territoire national en veillant notamment, à l’implantation optimale des centres d’examens, à la sécurisation impérative des épreuves des différents examens et au paiement, à temps, de toutes les indemnités et autres frais réglementaires accordés aux enseignants examinateurs et superviseurs.
Rappelant par ailleurs, l’importance stratégique de la modernisation du système de transport dans la consolidation des activités économiques sur l’ensemble du territoire national, le Président de la République engage le Gouvernement, sur la base de modes de financement adaptés, à soutenir les initiatives et partenariats innovants afin d’intensifier le renouvellement du parc national de véhicules de transport, notamment celui des gros porteurs.
A ce titre, le Président de la République demande également au Gouvernement de procéder, dans les meilleurs délais, à l’évaluation technique et financière de tous les programmes de renouvellement des véhicules de transport urbains et interurbains mis en œuvre.
Le Chef de l’Etat a terminé sa communication sur le suivi de la coopération, des partenariats et son agenda diplomatique.
Le Premier ministre a rendu compte de la coordination des activités gouvernementales.
Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur à fait le point de la situation africaine et internationale.
Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a fait le point de la conjoncture économique nationale et internationale.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rendu compte de l’état d’avancement de la préparation de la campagne agricole.
Le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de Vie a fait part aux membres du Conseil de l’évaluation à mi-parcours, du Programme décennal de Gestion des Inondations (PDGI 2010 – 2022).
Le ministre du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des PME, a fait une communication portant sur la création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF).
Le ministre en charge du suivi du PSE a fait le point de l’état d’avancement des projets et réformes.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier les conventions sur les Privilèges et immunités du Fonds mondial de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme ;
le projet de loi portant Code des Communications électroniques ;
le projet de loi portant statut du « DAARA ».
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Oumar SOW, Géographe Urbaniste, est nommé Directeur général de l’Urbanisme et de l’Architecture au ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de Vie ;
Monsieur Mamadou Alpha SIDIBE, Géographe, précédemment Directeur de l’Aménagement et de la Restructuration des Zones d’Inondation, est nommé Directeur de la Prévention et de la Gestion des Inondations au ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de Vie ;
Monsieur Al Hassane DIOP, Economiste, précédemment en service à la Direction des Financements et des Partenariats Public-privé, est nommé Directeur des Financements et des Partenariats public-privé au ministère de la Promotion des Investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’Etat, poste vacant ;
Monsieur Mamadou Alhousseynou SARR, Ingénieur-statisticien-économiste, est nommé Directeur des Stratégies et de la Prospective au ministère de la Promotion des Investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’Etat, poste vacant ;
Monsieur Ibra DIAKHATE, Aménagiste, titulaire d’un DESS en Aménagement, Décentralisation et Développement territorial, est nommé Inspecteur technique au ministère du Tourisme."
GOUDIABY SE JETTE À L'EAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi et comment il va changer la donne - Atepa président, il ne fera qu'un seul mandat de transition de 5 ans et limitera les partis politiques à 5 - L’anglais sera la deuxième langue officielle du Sénégal
SenePlus.com publie en exclusivité ci-dessous l'intégralité d'un article reçu du cabinet en charge de la communication de celui qui pourrait très bientôt être un candidat officiel à l'élection présidentielle de février 2019, Pierre Goudiaby Atepa.
Pierre Goudiaby Atépa serait sur le point d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2019 si l’on se réfère à l’effervescence observée aussi bien à son cabinet qu’à son domicile. En effet, depuis plusieurs semaines, le bureau et la résidence de l’architecte et homme d’affaires ne désemplissent pas. Un ballet incessant de personnalités politiques et de la société civile, du monde de la culture et des arts ainsi que du patronat s’y déploie à un rythme effréné.
Chacun déroule son projet, son agenda. Mais le mantra est le même : Pierre Goudiaby serait le seul à même de porter l’étendard du renouveau que les Sénégalais appellent de leurs vœux.
Un parcours social et professionnel qui fait rêver
Après avoir in extremis renoncé à briguer la mairie de Dakar, celle de Ziguinchor et la dernière présidentielle, le magnat sénégalais semble cette fois-ci déterminé à dire oui au clin d’œil du destin.
L’homme des défis, dont le parcours social et professionnel fait rêver, peut-il craindre une confrontation électorale alors qu’il dispose de tant d’atouts sociaux, économiques, éthiques et professionnels ?
Selon toute vraisemblance, Atepa, comme on l’appelle affectueusement, n’a pu résister à l’amicale pression d’un nombre de plus en plus grandissant de ses compatriotes prêts à faire une moisson non pas des 65 000 signatures réclamées par le code électoral, mais de 100 000 de signatures. L’homme ne fait pas dans la dentelle !
Selon des indiscrétions, la machine électorale d’Atépa se prépare à se mettre en branle. Des locaux qui abriteront son QG de campagne sont en train d’être aménagés au quartier du Plateau. Quelques noms circulent pour la direction de campagne, mais l’entourage de l’architecte reste peu disert : « Ne soyez pas pressé, vous saurez tout le jour J. Il fera une déclaration officielle d’ici peu ! », cherche-t-on à nous rassurer au service de communication du groupe Atépa, en plein déménagement pour le siège de campagne.
L’homme d’affaires ne dispose pas d’appareil politique pour relayer ses idées et mobiliser les masses. Ce handicap aurait pu paraître insurmontable, s’il ne jouissait d’une notoriété suffisante pour rallier à sa cause des segments entiers de la société sénégalaise, aussi bien dans les grandes villes que dans les zones les plus reculées.
Le véritable atout de Pierre Goudiaby Atepa, c’est son coefficient personnel bâti autour d’une générosité discrète, d’un esprit d’entraide, d’un ancrage traditionnel, d’une proximité avec les couches les plus précaires et d’une capacité à transcender les contingences sociologiques.
La valeur d’une candidature
Qu’est-ce qui motive donc ce milliardaire, à l’abri du besoin et des contingences quotidiennes, à vouloir défier sur le terrain électoral le président Macky Sall de qui il est pourtant si proche, et les acteurs politiques de l’opposition parmi lesquels il compte de nombreux amis ? Pourquoi cet homme si calme, si affable, en dépit d’un militantisme offensif pour la défense et la réappropriation du littoral, cherche-t-il à jouer les bulldozers, pour bousculer l’ordre établi des candidats du landerneau ? Quelles solutions dont on ne trouverait pas trace ailleurs va-t-il proposer à ses compatriotes désabusés et désenchantés ?
C’est là tout le sens et la valeur de la candidature de Pierre Goudiaby Atepa.
En dépit de l’effet de tamis que pourrait exercer la loi sur le parrainage dans la sélection des partants au premier tour, de nouveaux profils se dégagent des intentions. Ils viennent s’ajouter aux prétendants naturels, issus de la classe politique, portés par les partis politiques classiques, habitués des compétitions électorales.
Le fait que le parrainage ait mis les candidats indépendants et les formations politiques dans les mêmes conditions de compétition semble avoir paradoxalement suscité et dopé des initiatives issues de divers secteurs : société civile, haute administration, foyers religieux, milieux professionnels, armée, magistrature et probablement organisations internationales.
L’irruption sur la scène électorale de ces nouveaux profils relève d’une même appréciation de la situation politique et sociale : l’incapacité de la classe politique dirigeante à trouver des solutions aux nombreux problèmes auxquels sont quotidiennement confrontés les Sénégalais.
Face à un climat sociopolitique délétère, les promesses de redressement et de relance jusqu’ici proposées semblent n’être que des vœux pieux. Les recettes appliquées semblent relever davantage d’une logique distributive destinée soit à entretenir une clientèle politique précaire, soit à aguicher des électeurs en mal d’espérance.
Il manque à cette kyrielle de promesses mirifiques des solutions structurelles fondées sur des principes économiques rationnels et durables. La double notion de profitabilité économique et d’inclusion sociale fait cruellement défaut.
Le discours politicien se circonscrit à une sorte d’orgie de propos sans prise avec la réalité des marchés dans un contexte de mondialisation teinté de protectionnisme, d’isolationnisme et de repli identitaire. Les recettes surannées et éculées des prétendants peu inspirés et peu instruits par les leçons du passé récent angoissent les Sénégalais. Les solutions qui fusent des discours et sorties médiatiques paraissent bien hors-sol au regard de l’ampleur des difficultés économiques et des tensions sociales.
Un ambitieux projet de société
Et pourtant, il y a six ans, dans son livre de référence « Oser, douze propositions pour un Sénégal émergent »(l’Harmattan, 2012), Pierre Goudiaby Atepa, précurseur de la théorie de l’émergence, traçait les voies pour une croissance inclusive. L’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique en publiera de très larges extraits repris en boucle dans les réseaux sociaux et la grande presse.
Cet ambitieux projet de société, fondé sur l’innovation et un partage équitable des richesses nationales, va trouver son prolongement dans un nouvel ouvrage à paraître bientôt, sous le titre évocateur de "Senegal-Rek, Ensemble pour la refondation".
Les propositions décrivent les clés et leviers qui doivent structurer l’émergence, selon Atepa. Qu’est-ce qui justifie ce second ouvrage alors que les échos du premier sont encore perceptibles dans les cercles d’intellectuels, les chercheurs et les étudiants ?
En vérité, Pierre Goudiaby Atepa fourmille incessamment d’idées nouvelles. Les nombreuses limites à la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE) et l’apparition de nouveaux enjeux multiples, notamment dans l’économie numérique, les défis de la dématérialisation des supports et des outils de la croissance, apportent des basculements d’horizon en cascade.
Le second ouvrage se présente donc comme une réactualisation de sa réflexion stratégique à partir de l’apparition de nouveaux paradigmes. Les propositions sont aussi audacieuses comme faire de l’anglais la deuxième langue officielle du Sénégal, ou ramener le nombre despartis politiques à cinq, contre… plus de 250 aujourd’hui.
Il ne compte pas rester plus de cinq ans au pouvoir, car son mandat, dit-il, sera celui d’une « transition » afin de doter le Sénégal d’institutions véritablement fortes, d’une économie compétitive et génératrice de richesses et donc d’emplois.
Ami de nombreux chefs d’Etat en Afrique et dans le monde, adulé par les khalifes généraux et autres chefferies, apprécié par de nombreux jeunes, Pierre Goudiaby est la tête de gondole du patronat africain qui lui a confié depuis 2012 la présidence du conseil d’administration de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
"Biberonné" par le Président Senghor, adopté par Abdou Diouf, homme de confiance d’Abdoulaye Wade, ami du Président Macky Sall, Pierre Goudiaby Atepa est un ardent patriote Sénégalais. Ancré dans ses valeurs et ouvert sur l’extérieur, il incarne aussi le citoyen sans frontières dans un monde globalisé.
Toutes ces qualités font-elles de lui ce candidat naturel que les Sénégalais espèrent voir franchir les marches du Palais ?
A 71 ans le bâtisseur a bon pied bon œil. Il a de l’intelligence et de l’énergie à revendre. Et telle une puissante lame de fond, rien ne semble plus pouvoir l’arrêter.
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TOUNKARA RELÈVE DES FAUTES DANS LE LIVRE DE MACKY
Si les services de communication de la présidence comptaient sur le présentateur de la 2STV pour assurer la promotion du livre de Macky Sall, c’est raté
Mamadou Sy Tounkara a certes parlé des « Convictions républicaines » de Macky Sall, mais, c’est surtout pour y relever des fautes.
Pour un ouvrage, qui est, en fait, le recueil de ses discours déjà prononcés, le président Sall a, semble-t-il, encore donné des coups à Molière.
Ecoutez son intervention.
MULTIPLE PHOTOS
ALORS, ON DANSE ?
Découverte de la série photographique intitulée Sunu Street [“notre rue” en wolof] réalisée par le Burkinabé Siakka Soppo Traoré met en lumière les danseurs de rue à Dakar - REPORTAGE PHOTOS
Cette série de photos intitulée Sunu Street [“notre rue” en wolof] réalisée par le Burkinabé Siakka Soppo Traoré met en lumière les danseurs de rue à Dakar. Fasciné par les cultures africaines, cet artiste autodidacte, qui a vu le jour à Douala et qui partage sa vie entre la capitale sénégalaise et Montréal, a fait de la culture urbaine son terrain d’exploration.
“Au-delà de son effet visuel, je m’intéresse à l’impact social de cette forme d’expression artistique”, affirme Siaka Soppo Traoré dans un communiqué publié par la galerie espagnole Out of Africa, qui le représente en Europe.
DEUX VISIONS OPPOSÉES POUR LA SAR
La Société africaine de raffinage est au cœur d'un bras de fer entre Khadim Bâ, patron de Locafrique, et Mansour Elimane Kane, ministre sénégalais du Pétrole
Jeune Afrique |
Amadou Oury Diallo et Julien Clémençot |
Publication 06/06/2018
Rien ne va plus pour la Société africaine de raffinage (SAR). Contrôlée par l’État à travers Petrosen, l’entreprise est au cœur d’un conflit entre Mansour Elimane Kane, ministre sénégalais du Pétrole, et Khadim Bâ, fondateur de Locafrique, un spécialiste du crédit-bail, son principal actionnaire privé (34 % du capital).
Tout a débuté par la révélation d’un contrat de 400 milliards de F CFA (610 millions d’euros), en cours d’exécution, signé en août 2017 sans appel d’offres par Oumar Diop, directeur général de la SAR, avec Oryx Energies. Entré au capital quelques jours auparavant en reprenant les parts du groupe saoudien Bin Laden, Khadim Bâ a immédiatement dénoncé les errements de la direction soutenue par Mansour Elimane Kane. Payées au-dessus du prix du marché, les livraisons de brut donneraient en outre lieu à d’importantes surfacturations.
Un dossier dans l’impasse
En avril, le financier a déposé deux plaintes, à Londres et à Dakar, afin que toute la lumière soit faite sur ce contrat. Le bras de fer aurait pu se solder par le départ d’Oumar Diop en avril, alors qu’un conseil d’administration est convoqué en juin pour réviser le contrat. Mais il se prolonge depuis par le refus du ministre d’appliquer l’accord signé avec Locafrique au moment de son entrée au capital. Ce dernier prévoit le transfert de 17 des 45 % du capital de la SAR détenus par Petrosen vers le groupe de Khadim Bâ en échange de l’apport de 70 millions d’euros pour financer le plan de développement de l’entreprise.
Tandis que le financement a été obtenu, les discussions entre les deux parties sont au point mort, explique l’homme d’affaires. En cause, deux visions stratégiques antagonistes pour le futur de la SAR. Le ministre souhaite la construction immédiate d’une nouvelle raffinerie, quand le patron de Locafrique opte pour une extension de sa capacité de traitement (de 1,2 million à 2 millions de tonnes par an), avant d’envisager une nouvelle infrastructure d’ici à huit ans. Contacté par JA, Mansour Elimane Kane a refusé de s’exprimer. Remonté jusqu’au président de la République, le dossier reste, pour le moment, dans l’impasse.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, ALYMANA BATHILY
LA MORT DE L’UNIVERSITÉ PUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - On a fait de l'université un ghetto - Ce phénomène est une menace à la fois à la cohésion sociale et à la démocratie - Il préfigure une société bloquée, sans ascension sociale des classes pauvres vers les élites, sans méritocratie
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 06/06/2018
La mort le 15 mai dernier de l’étudiant Fallou Sène de l’Université Gaston Berger de Saint Louis est un signe : l’Université publique est morte au Sénégal. Morte de maux dont elle souffre depuis 1968 quand elle s’est constituée comme entité autonome, indépendante de l’Université française.
Le mouvement de mai 68 était déjà motivé d’abord par le fractionnement des bourses et la réduction de leur paiement à dix mois. Et de 1968 à 2018, tous les deux ou trois ans, si ce n’est tous les ans, une grève éclate, autour des mêmes revendications matérielles et pédagogiques : montant des bourses et retards de paiement, conditions d’hébergement et de restauration, insuffisance des salles de classes et amphithéâtres, opposition à des réformes pédagogiques, manque d’enseignants, absence de débouchés pour les diplômés…
A chaque grève, l’Etat répond d’abord par la répression. Avec un bilan toujours lourd : destruction d’infrastructures, incendies, saccages de bus et de voitures et même morts d’étudiants par trois fois. Avant Falou Sène en effet, Balla Gaye et Bassirou Faye ont été tués, respectivement le 31 janvier 2001 et le 14 août 2014.
Ce n’est généralement qu’après la répression, que des négociations s’ouvrent, souvent dans la confusion et le désordre, avec des interventions de toutes sortes de médiateurs autoproclamés, d’autorités religieuses et de politiciens.
On se focalise sur les effets de la répression, libération des étudiants arrêtés, dédommagements et éventuellement enquête sur la mort survenue, on oublie les revendications originelles, on laisse les négociations pourrir, on use de toutes sortes de moyens de corruption à l’endroit des représentants des étudiants et on proclame qu’un accord a été trouvé.
Il y a comme une volonté de l’Etat de ne pas faire face aux véritables revendications, avec franchise et détermination. Pourtant l’Etat a semblé avoir très tôt compris la nécessité d’une réforme profonde de l’université sénégalaise. Il a ainsi élaboré à partir des années 1990 une série de projets de réformes structurelles.
Mais de la Concertation Nationale sur l’Enseignement Supérieur (CNES) en 1992, au Projet d’amélioration de l’Enseignement Supérieur (PAES) en 1996, à la « Réforme de la Carte Universitaire » et à la « Réforme pédagogique et de la recherche » initiées en 2002 et 2003, au Plan Stratégique 2011-2016 et à la Concertation Nationale pour le Développement de l’Enseignement Supérieur au Sénégal, très peu des recommandations ont été mises en œuvre.
Pourtant les réformes préconisées allaient souvent dans le bon sens et prenaient en compte la plupart des revendications d’ordre matériel et pédagogiques des étudiants. Le Plan Stratégique 2011-2016 et les recommandations de la Concertation Nationale pour le Développement de l’Enseignement Supérieur au Sénégal préconisaient en outre une réorganisation progressive de l’enseignement supérieur dans son ensemble afin de contrôler les effectifs de l’université, de pérenniser son financement et renforcer ainsi progressivement son efficacité et la qualité de ses formations.
C’est en réalité le manque d’engagement politique des différents gouvernements, de Senghor à Abdoulaye Wade et à Macky Sall en faveur de l’université qui explique la dégénérescence progressive et la déliquescence actuelle de l’université et de l’école sénégalaise dans son ensemble.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur et de l’école, comme dans d’autres, ces gouvernements sont révélés incapables d’initier et de conduire le moindre changement puisque leur seule préoccupation a toujours été de gagner la prochaine élection par tous les moyens.
C’est ce qui explique les tâtonnements et les lenteurs dans l’exécution du moindre projet, même d’infrastructure. On a ainsi fini par faire de l’université un ghetto qui parque dans un espace délimité des dizaines de milliers de jeunes filles et garçons, avec un minimum de ressources matérielles et intellectuelles, sans aucune garantie de formations en rapport avec les demandes de la société.
On a même laissé au fil des années, l’espace culturel, social et idéologique aux formations politiques et aux tarikas maraboutiques. On a laissé le « campus social », à de gros bras et des loubards et des rackets sur les bourses, sur les tickets des restaurants et pour l'accès aux chambres se sont mis en place.
Des groupes de casseurs, souvent à la solde de politiciens dit on, se sont constitués pour à l’occasion des confrontations avec la police, s’en prendre aux édifices publics et aux bus. Aussi l’Université publique est devenue désormais le recours pour laissés-pour compte de l’enseignement supérieur, c’est à dire pour les seuls enfants des classes populaires.
Ceux des classes dirigeantes sont envoyés depuis toujours dans les universités et grandes écoles de France, du Canada et des Etats Unis. Ceux des classes moyennes fréquentent eux désormais les établissements d’enseignement supérieurs privés qui fleurissent depuis plusieurs années dans toutes les villes du Sénégal.
Ce phénomène est une menace à la fois à la cohésion sociale et à la démocratie. Il préfigure une société bloquée, sans ascension sociale des classes pauvres vers les élites, sans méritocratie, dont les classes dirigeantes se transmettent par héritage le pouvoir et les privilèges que confère l’enseignement supérieur.
Une telle structuration de l’enseignement supérieur n’est bien entendu ni conforme aux valeurs de la République sénégalaise telles que décrites par la Constitution, ni capable de prendre en charge le projet de développement économique et social auquel tous les gouvernements souscrivent depuis l’indépendance.
On le voit : face au dernier soubresaut tragique de l’université, il ne suffit pas de limoger tel agent de l’Etat désigné comme responsable de la mort de Fallou Sène, d’augmenter un peu plus le montant de la bourse et de diminuer le coût des tickets de restaurant.
Il devient impératif et urgent de réformer de fond en comble l’université sénégalaise, dans sa vision, ses valeurs, ses objectifs, ses moyens et ses méthodes tout à la fois. La prochaine grève risque d’embraser tout le pays. En outre le Sénégal, dont la moitié de la population vit encore au dessous du seuil de pauvreté et dans lequel la famine affecte encore des milliers de personnes, ne peut pas continuer à consacrer année après année plus de 50 milliards de FCFA en bourses et aides universitaires sans recevoir en retour les compétences requises pour son développement.
Ne pourrait t-on pas remettre sur le métier les recommandations de la Concertation Nationale pour le Développement de l’Enseignement Supérieur au Sénégal ? Avec plus de rigueur et de détermination ! C’est ce qu’un véritable homme politique plus préoccupé par les intérêts supérieurs du pays que par sa réélection ferait !
Mais avons-nous un tel homme politique aux commandes du Sénégal ? Pour nous en convaincre on pourrait tout au moins transmettre à la justice le rapport de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) portant sur l’exercice 2016 qui interpelle le Directeur du Centre des Œuvres Universitaire de Dakar (COUD) sur deux marchés de 851 064 340 FCFA et de 700 millions en rapport avec la gestion des restaurants universitaires.
Malgré sa forte diversité, la ville a toujours su préserver son unité quelles que soient les circonstances - Mais selon des confidences proches de l’establishment mouride, cette unité est sérieusement menacée par des lobbies politiciens
La ville religieuse de Touba est-elle assise sur une poudrière ? Certains dignitaires de la cité de Cheikh Ahmadou Bamba n’ont pas tardé à tirer la sonnette d’alarme. L’histoire monte au début de l’accession de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké au califat. Très vite, des informations distillées à travers certains organes de presse avaient tenté de faire croire que Serigne Moussa Mbacké Nawel était désigné diawrigne (Bras droit du calife). Que nenni ! Quelques jours seulement après, ces ‘’intox’’ se sont écroulées comme un château de cartes. Le khalife rendait publique sa décision de faire de Serigne Sidi Abdoul Lahad Mbacké son bras droit. C’était au mois de janvier dernier, suite au rappel à Dieu de l’ancien khalife, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. Par la même occasion, le nouveau khalife confortait Serigne Bassirou Abdou Khadre à son poste de porte-parole de la confrérie mouride, fonction qu’il occupe depuis 2010, sous le magistère de Serigne Bara Mbacké (6ème khalife de Serigne Touba).
Depuis cette date, une véritable guerre de positionnement semble se dessiner dans le proche entourage du khalife. Le 30 mai dernier, le bouchon a été poussé un peu trop loin, selon certaines confidences. Nos interlocuteurs estiment que Touba n’a pas à se justifier devant un quelconque homme politique. Ils regrettent la sortie de Serigne Moustapha Lakram, proche de Serigne Moussa Nawel (marabout d’Idrissa Seck et ‘’neveu’’ du khalife), quelques heures seulement après le discours du khalife prononcé par son porte-parole attitré. Le proche de Serigne Moussa Nawel disait ceci : ‘’Je parle au nom du Khalife Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Vous avez entendu hier Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre tenir un discours devant Serigne Mountakha, lui-même, et devant Serigne Moussa Bassirou Nawel en réaction à des évènements qui se sont déroulés la veille. Je n'ai pas besoin de revenir sur ce discours dit pour et au nom du Khalife. Un discours qu'il avait effectivement recommandé et fidèlement restitué. Ce discours a toutefois semblé créer quelques incompréhensions dans ce pays. Je suis venu juste donner les raisons qui avaient amené le Khalife Général à parler.’’ Plus loin, le porte-parole occasionnel ajoute : ‘’Cheikh Bassirou Abdou Khadre s'était juste limité à dire qu'avant d'être mouride, il faut d'abord être un musulman. Le Khalife rappelle qu'il est le premier à devoir répondre de ce postulat. Par conséquent, c'est une responsabilité personnelle pour chacun d'entre nous de s'engager ou non dans le Mouridisme. Ceci étant dit, jamais il n'a été dans ses intentions de viser Idrissa Seck ou un autre d'ailleurs.’’
Malgré ces précisions, la polémique enfle dans la cité religieuse. Comme si des personnes tapies dans l’ombre étaient en train d’attiser le feu. A moins d’un an de la Présidentielle de février 2019, Idrissa Seck tente vaille que vaille de gagner du terrain dans le bastion Mouride avec l’avènement de Serigne Mountakha au califat. Talibé de Serigne Moussa Nawel, il n’a jamais été aussi proche de l’establishment mouride. Mais pour autant, cela ne fait pas de lui le candidat naturel de la ville sainte, analysent nos interlocuteurs qui ajoutent que ‘’certains dignitaires de Touba, même s’ils ne le disent pas publiquement, sont soit avec le pouvoir, soit avec Me Abdoulaye Wade et sont déterminés à faire obstacle à toute percée d’Idrissa Seck à Touba’’.
Nos sources s’insurgent contre les velléités de manipulation qui proviennent de toutes les chapelles politiques. Selon elles, Touba est connu pour son ‘’unité’’ et le respect du ‘’ndigël’’ de l’autorité suprême. Malgré les luttes d’influence, la voix du khalife a toujours été prépondérante, renchérissent-elles. Ces dignitaires déplorent en conséquence la guerre de positionnement entre hommes politiques transposée dans la ville sainte. Ils estiment que le khalife doit sonner la fin de la récréation en appelant tous les responsables à l’orthodoxie. ‘’Les tâches sont bien définies, chacun doit rester dans son secteur. Au cas contraire, cela pourrait déboucher sur des conséquences fâcheuses’’, alertent nos interlocuteurs.
IDY, MACKY ET WADE, La guerre de Trois
C’est un secret de Polichinelle. Le branle-bas autour du feuilleton ‘’Idrissa Seck’’ cache mal une bataille de positionnement politique. Président du Cercle des intellectuels soufis, Serigne Fallou Dieng analyse la situation. ‘’Gagner un entourage religieux, selon lui, n'est pas gagner un terrain mouride.’’
Il faut noter que du point de vue électoral, Touba fait partie des communes où il y a le plus d’électeurs. Pour beaucoup d’observateurs, c’est afin de capter cet électorat mouride qu’Idrissa Seck multiplie ces derniers temps ses visites et autres déclarations d’amour à la capitale du Mouridisme. Longtemps très loin des décideurs à Touba, il a depuis quelque temps des soutiens dans le plus proche entourage de l’actuel Khalife. S’appuyant sur ces derniers, le président du Conseil départemental de Thiès,qui était hier encore à Touba, joue son va-tout pour la Présidentielle de 2019. Un pari loin d’être gagné si l’on sait qu’il est peu probable que le khalife puisse se prononcer pour un candidat au détriment d’un autre. Il est encore moins probable qu’il se prononce en faveur d’Idrissa Seck dont la popularité à Touba reste à être prouvée. Tout le contraire de son ex-mentor Abdoulaye Wade qui, de tout temps, a bénéficié d’une grande sympathie dans la ville de Serigne Touba.
Serigne Fallou Dieng du cercle des intellectuels soufis explique : ‘’On pourrait bien s’apercevoir d’une guerre d'influence se dessiner, sous forme d'une lutte de positionnement et de querelles picrocholines entre un dispositif très rapproché du commandement, soutenant Idrissa Seck et des états-majors mourides, très conservateurs, réfractaires et nantis du pouvoir’’. Le religieux craint que cette guerre des tranchées soit envenimée davantage en cette veille de Présidentielle, que Touba devienne un ‘’champ politique’’ où va se dérouler une âpre lutte d'influence politique, entre protagonistes.
Quant à une éventuelle percée d’Idrissa Seck, Serigne Fallou Dieng dresse un certain nombre d’obstacles. ‘’Deux facteurs pourraient bloquer la montée du leader du parti Rewmi. Primo : le fait qu’Idrissa n'ait pas pu (jusqu'ici), ni conquérir une assisse électorale mouride, ni fidéliser des poches ayant une représentativité à Touba. Il n’a pas su non plus provoquer une forte mobilisation des Mourides à sa cause, comme l'avait bien réussi, avec un coup de Maître, Abdoulaye Wade, en son temps’’. Analysant les nombreux témoignages en faveur de l’ancien Premier ministre, il déclare : ‘’Cette chaleur spasmodique et fièvre politique, en faveur d’Idrissa, pourrait se révéler fausse et se remettre comme un coup de tonnerre politique dans un ciel bleu, si le patron de Rewmi ne réussissait pas à faire rallier à sa cause les lieutenants mourides et factotum politique de Wade comme Madické Niang et Samuel Sarr’’. Mais enfin, souligne l’intellectuel soufi : ‘’Gagner un entourage religieux n'est pas gagner un terrain mouride.’’
Entre Idrissa Seck et Serigne Moussa Nawel, le compagnonnage ne date pas d’aujourd’hui. De tout temps, le petit-fils de Serigne Bassirou Mbacké a été le protecteur du leader de Rewmi.
Fils de Serigne Moustapha Bassirou Mbacké, décédé en 2007, Serigne Moussa Nawel est aujourd’hui le plus âgé des petits-fils de Serigne Bassirou (fils de Cheikh Ahmadou Bamba). Son défunt père et l’actuel khalife sont des frères germains.
Réputé être un riche cultivateur, Serigne Moussa Nawel est également connu pour sa proximité avec Idrissa Seck qui est son disciple. Au mois de février déjà, il avait été au cœur d’une polémique à Touba. Le site Assirou.net avait rapporté ses propos qui ont diversement été interprétés dans la ville sainte. Le site d’informations générales signalait que le neveu du khalife général des Mourides conseillait au président de la République d’appeler directement Serigne Mountakha au cas où il aurait besoin de lui. Tout était parti, selon Assirou.net, d’un coup de fil du chef de l’Etat. Macky Sall demandait alors à Serigne Moussa Nawel qui serait son intermédiaire auprès du khalife. Serigne Moussa Nawel de lui préciser qu’il a le numéro personnel du khalife et vice-versa, qu’il pouvait en conséquence le joindre directement à chaque fois qu’il aurait besoin de lui.
Certains avaient vu dans ce geste une volonté de neutraliser les trafiquants d’influence qui rôdent autour du Khalife. ‘’Le nouvel homme fort de Touba’’, comme l’avaient intronisé certains observateurs, serait, selon certaines déclarations, partisan de la neutralité du khalife général des Mourides. Mais s’empressent d’ajouter nos interlocuteurs, il ne faudrait pas s’attendre à la même neutralité de sa part. En effet, Serigne Moussa Nawel a, à maintes reprises, manifesté sa préférence à l’endroit de son talibé (Idrissa Seck). Ce soutien, selon certaines informations, ne date pas d’aujourd’hui. Nos sources rappellent en effet que même en 2012, le petit-fils de Serigne Bassirou Mbacké avait choisi Idrissa Seck au détriment d’Abdoulaye Wade. A l’époque, l’ancien maire de Thiès n’avait pas encore rendu publique son adhésion au Mouridisme. Ainsi donc, affirment nos interlocuteurs, Serigne Moussa Nawel a toujours été le protecteur d’Idrissa Seck dans la famille de Serigne Touba.
ABÉCÉDAIRE DE L’ÉDITION 2018 DU DAK'ART
La 13-ème édition de la Biennale qui s’est achevée samedi, a été riche en expositions axées sur des thématiques en tous genres, entre l’exposition internationale "In" de l’ancien Palais de Justice et les manifestations "Off" (plus de 300)
==A comme ABSENTS : Leur ombre a plané sur la 13-ème édition de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art). Leur nom a été évoqué dans les discussions et échanges entre professionnels et amateurs d’art, et, pour certains d’entre eux, leur héritage célébré à travers la présentation de leurs œuvres. Cette édition est la première sans la silhouette d’artistes décédés entre deux éditions : les sculpteurs Ndary Lô et Ousmane Sow ont été tous les deux célébrés d’une certaine façon. Le premier a eu droit à une pièce à l’ancien Palais de Justice, où ses œuvres ont été présentées à côtés des artistes sélectionnés pour l’exposition officielle, le second a vu sa mémoire honorée à travers l’inauguration de la Maison qui porte son nom. Les peintres Issa Samb alias Joe Ouakam et Bouna Médoune Sèye ont eu droit à des hommages dans une évocation de l’esprit du laboratoire Agit’Art, dont ils étaient tous les deux membres. Wasis Diop a présenté le film "17 rue Jules Ferry" sur Joe Ouakam. Le nom d’Ibou Diouf, lui aussi, pilier de l’Ecole de Dakar, était évoqué.
==B comme BUDGET : l’édition 2018 du Dak’Art s’est ouverte, le 3 mai, par une annonce forte du président de la République Macky Sall. Pour illustrer sa volonté de soutenir la biennale, le chef de l’Etat a décidé de faire de la subvention de l’Etat du Sénégal, 500 millions de francs CFA pour chaque édition, une contribution annuelle. Déjà en 2016, il avait annoncé et mis en œuvre une augmentation de cette même subvention, passée alors d’environ 300 millions de francs à 500 millions de francs.
==C comme CATALOGUES : A l’ouverture de la 13-ème édition, le 3 mai, le catalogue présentant le Dak’Art 2018 dans ses orientations, la présentation des artistes de la sélection officielle (exposition internationale, expositions des commissaires invités et des pavillons) était disponible. Quelques jours plus tard, le tome 2 a été rendu public, portant notamment sur le contenu de l’édition elle-même en termes de réflexions et de présentation des contributions faites lors des rencontres et échanges ayant réuni des chercheurs, professionnels et amateurs d’art de différents continents.
==D comme DENSITE : Les habitués de la biennale de Dakar sont unanimes à le dire : jamais édition n’a été aussi riche en expositions et activités diverses. Plusieurs records ont été battus. "C’est trop !", tel a été le commentaire le plus entendu à ce sujet. Quelque 75 artistes ont présenté leur travail dans le cadre du "In" à l’ancien Palais de Justice ; 327 manifestations ont été répertoriés pour le compte du "Off". Dans la première semaine de la biennale, une moyenne de 30 vernissages quotidiens a été enregistrée.
==E comme ENFANTS : la conscience qu’il faut amener les enfants voir les manifestations artistiques et culturelles commence à prendre, contribuant à les familiariser avec des pratiques et démarches qui peuvent ouvrir leur esprit sur un univers. Pour cette 13-ème édition de la biennale de l’art africain contemporain, il y avait des ateliers "enfants" à l’ancien Palais de Justice, au Centre culturel Blaise Senghor et à la Maison de la Culture Douta Seck. Les enfants y ont allié visites d’expositions et activités d’éveil sous la supervision de moniteurs préposés à la tâche.
==F comme FEMMES : Deux expositions ont présenté des travaux réalisés par des femmes. La première, intitulée "I Be Lady O", au siège de la Fondation Heinrich Böll, a réuni dix artistes autour du thème de la prise de parole, et avec comme référence le combat de la femme politique et activiste nigériane Funmilayo Ramson-Kuti, militante du combat pour la défense des droits des femmes ; la seconde, a été organisée au Musée de la Femme Henriette Bathily, Place du Souvenir, sous le titre "Dénouées ?". Quinze artistes y ont présenté leurs œuvres dans une exposition collective ayant pour but de célébrer "une dynamique de création, sous le sceau d’une féminité bienveillante".
==H comme HEURE ROUGE : Comme un cri de ralliement, le thème de l’édition 2018 du Dak’Art, tiré du recueil du poète Aimé Césaire (1913-2008), "Et les chiens se taisaient", a été réinterprété à différents niveaux par les participants à la biennale. Ceux-ci se sont surtout réapproprié le sens que Césaire donne à cette expression, la renvoyant à l’idée d’accomplissement, de liberté, de responsabilité et d’invention d’une nouvelle humanité.
==M comme MAI 68 : Dak’Art 2018 ne pouvait passer à côté du cinquantenaire de la crise sociopolitique du mois de mai 1968, partie d’une grève à l’Université de Dakar et qui s’est amplifiée avec l’implication des syndicats et des lycéens. Toutes choses qui ont ébranlé le régime du président Léopold Sédar Senghor. C’est au Raw Material Company, centre pour l’art, le savoir et la société, que l’on a vu à une relecture de cet épisode marquant de l’histoire du Sénégal contemporain. Le 5 mai, il y a eu un triptyque autour du thème "la révolution viendra sous une forme non encore imaginable", avec une sismographie des luttes par Zahia Rahmania, "1968-1988 : au lendemain de la révolution ?". Les visiteurs ont eu notamment droit à une performance d’acteurs de Mai 68 à Dakar avec l’historien Babacar Diop dit Buuba au mégaphone.
== O comme OFF : le dynamisme de la partie "Off" de la biennale de Dakar n’a jamais été aussi fort qu’à l’occasion de cette 13-ème édition. Avec un total de 327 expositions, disséminées essentiellement dans la capitale et dans les régions pour quelques-unes d’entre elles. De très belles expositions ont été organisées dans ce cadre, les initiateurs comptant uniquement sur leurs propres moyens ou des soutiens de sponsors intéressés par les thématiques abordées. Il est arrivé qu’on retrouve des artistes dans plusieurs expositions : c’est le cas de Soly, visible à Gorée (Fondation Dapper), au Pavillon Sénégal ; de Daouda Ndiaye, dont les travaux ont été exposés à l’ancien marché malien, près de la gare (Agit’Art) et à l’exposition "Terrapie" (Ouakam).
== P comme Palais de Justice : Comme en 2016, le bâtiment de l’ancien Palais de Justice a abrité l’exposition internationale – le "In" -, laquelle a réuni les œuvres et installations de 75 artistes venus du continent et de sa diaspora. Le cadre s’y prête, et, en 2016, le président du comité d’orientation de la biennale, Baidy Agne, avait demandé et obtenu du chef de l’Etat Macky Sall l’affectation de cette bâtisse au secteur des arts et de la culture. Mais la demande n’ayant pas été suivie d’une réfection du Palais, M. Agne a réitéré le 3 mai dernier la requête, demandant au président de la République de responsabiliser un ministère pour que les travaux de réhabilitation puissent se faire "conformément aux normes et procédures".
== R comme Rencontres et Rwanda : Les rencontres scientifiques ont eu ceci de spécifique cette année qu’elles ont été centrées sur les relations dialectiques entre "art et histoire", "art et savoir", "art et argent"… Les participants, professionnels, chercheurs, critiques ont planché sur ces problématiques. Le Rwanda quant à lui, était l’un des deux pays invités d’honneur de la biennale 2018 ; Il était ainsi "mis à l’honneur pour une démonstration de sa créativité’’ artistique contemporaine. Sa présence s’intégrait dans le thème général de « L’Heure Rouge », lequel parle d’émancipation, de liberté et de responsabilité. Les œuvres que les artistes rwandais vont présenter à Dak’Art 2018 sont l’expression de cette ambition de renouveau. La sélection rwandaise porte sur la peinture, la sculpture, le cinéma et la mode. Le commissaire à l’exposition du Rwanda, André Ntagwabira, est chercheur en archéologie à l’Institut des musées nationaux du Rwanda (INMR) depuis 2013. Les artistes sélectionnés sont Bernard Birasa, peintre, sculpteur et cameraman, Cynthia Rupari, model designer, propriétaire d’une maison de mode et de couture appelée Rupari Agency Ltd., Trésor Senga, directeur et producteur de films connu dans l’industrie du cinéma Rwandais et est-africain.
== S comme SENEGAL : le Sénégal a eu droit cette année à un pavillon où ont été exposées des œuvres représentatives de la création artistique du pays depuis une soixantaine d’années. C’est l’artiste et enseignant Viyé Diba qui en a été le commissaire. Les différentes propositions artistiques qui y sont exposées le sont sous le titre "La brèche", sont l’illustration d’un concept qui allie examen d’une trajectoire, souci de montrer les réponses des artistes aux contingences de différentes époques et redéfinition d’un cadre concept permettant de redonner vie à la personnalité culturelle du Sénégal. De Papa Ibra Tall à Henri Sagna, en passant par Momar Seck, Mansour Ciss, Fatou Kandé Senghor, le potières de Podor, TT Fons, Yaya Bâ, Aissa Dionne, Soly Cissé, Mbaye Babacar Diouf, entre autres, différentes générations ont contribué à donner corps à la réalisation.
== T comme TUNISIE : la Tunisie était, avec le Rwanda, l’autre pays invité d’honneur. Sa présence s’est faite autour d’une exposition sous le thème "Tenir la route" avec 15 artistes. La commissaire de l’exposition Rachida Triki a expliqué que "c’est un honneur qui est fait à la Tunisie d’autant plus que le projet de la Biennale répond tout à fait à la mutation actuelle que vit la société tunisienne." Elle a rappelé que la Tunisie vit depuis 7 ans "une révolution sociale, politique, au niveau de la scène artistique.". "Nous sommes toujours en plein débat sur la Constitution, le sens de l’orientation que la Tunisie doit mener par rapport aux problèmes qu’elle rencontre" a-t-elle relevé. Avec le thème "Tenir la route", l’exposition des artistes tunisiens vise à montrer que ceux-ci sont "des créateurs embarqués dans une prise de conscience très forte."
LES MONITEURS DE DAARAS GROGNENT
Ils réclament au gouvernement huit mois de salaires et menacent de relâcher les talibés dans la
Quelques jours après les grèves ou manifestations des médecins, pharmaciens, aiguilleurs du ciel, agents de santé, enseignants et étudiants suivie de la grogne des notaires et des assureurs, c’est au tour des moniteurs de « daaras » d’ouvrir un autre front social pour réclamer au gouvernement huit (08) mois de salaires. Intervenant dans cent (100) daaras éparpillés dans vingt (20) départements du pays, ces moniteurs recrutés par l’etat ont décidé d’organiser un sit-in devant le ministère de l’education nationale pour rentrer dans leurs droits. La manifestation aura lieu le mardi 12 mai prochain.
Après la grève des « bàttu », place à la grève des « alluwa » ! Pourcause, les 320 moniteurs daaras officiant dans 20 départements de notre pays sont dans une profonde détresse sociale et tiennent à le faire savoir. Recrutés par le ministère de l’education nationale dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale, ces moniteurs de « daaras » sont restés huit mois sans salaires. Pour se faire entendre par le gouvernement, ils ont décidé d’organiser un sit-in devant le ministère de l’education nationale. Ce sera le mardi 12 mai prochain à Dakar.
Selon Serigne Khadim Rassol Mbacké, président de l’amicale des moniteurs de « daaras » du Sénégal (AMDS), une demande d’autorisation de manifester est déjà déposée et le feu vert obtenu. « a travers ce sit-in, nous allons dénoncer l’etat auprès des autorités de la Banque mondiale pour faire comprendre à celles-ci que les fonds estimés à près de 4 milliards cfa ne sont pas arrivés à bonne destination, c’est-à-dire entre les mains des 320 moniteurs que nous sommes », se désole-t-il. Selon notre interlocuteur, la totalité des arriérés de salaires qui leur sont dus est estimée à 1 milliard cfa 600 millions de francs.
Dans leur plan d’actions, les moniteurs de « daaras » n’écartent pas de relâcher dans la nature les milliers d’élèves et talibés enrôlés dans l’ensemble des100 « daaras » pilotes que compte le Sénégal. « Pire, il y aura une autre manifestation devant le siège de la Banque mondiale appuyée par une plainte auprès des juridictions compétentes conformément aux dispositions de l’Onu », poursuit Khadim Rassol Mbacké. Pour l’heure, ces moniteurs de « daaras » excluent de lancer une « fatwa » contre le président de la République mais on ne sait jamais…
L’ADMS dénonce un système de sabotage des « daaras »
Pour l’amicale des moniteurs de « daaras », la rétention ou le non-paiement de leurs salaires demeure inexplicable dès lors que la Banque mondiale a déjà décaissé les fonds du projet ayant pour but l’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base (Paqeeb) couvrant les 14 régions du Sénégal. Hormis le recrutement et la rémunération des moniteurs, le projet consiste à offrir des ressources pour la réhabilitation des « daaras », à payer les frais d’enseignants de français supplémentaires, les primes de motivation pour les maitres coraniques, acquérir le matériel pédagogique… « au départ, les bailleurs ont mis en place 100 « daaras » pilotes. Et au bout de trois ans, ils ont été tellement satisfaits des résultats qu’ils ont décidé d’augmenter 300 « daaras » supplémentaires en prolongeant le projet jusqu’à 2021. Malheureusement, nos dirigeants semblent ne pas croire au projet comme s’ils ne l’avaient ficelé que pour récolter des fonds auprès des bailleurs et procéder à des détournements d’objectifs. Le plus dramatique, c’est le fait de voir les coordinateurs de ce projet percevoir régulièrement leur salaire contrairement à nous, les moniteurs » s’étrangle Serigne Khadim Rassol Mbacké, président de l’amicale des moniteurs de « daaras » du Sénégal (AMDS).
Face à cette situation, les moniteurs envisagent une tournée nationale auprès de l’ensemble des khalifes généraux des diffé-entes confréries du Sénégal pour les informer et sensibiliser sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés. « Nous allons nous rendre à Touba, Thiénaba, Tivaouane, Dakaa, Yoff, Pire et Niassane pour dénoncer les fossoyeurs de nos daaras », prévient-il tout en déplorant le système du « vouloir une chose et son contraire ». D’après Serigne Khadim Mbacké, le paradoxe se trouve dans le fait que l’etat procédait à des opérations de retrait des enfants et talibés de la rue pour les restituer à leurs familles ou les confier aux daaras « alors qu’il existe déjà un projet structurant qui est en passe d’être saboté par le manque de considération à l’endroit des moniteurs censés retenir les mêmes talibés pour leur dispenser une éducation de base de qualité et améliorer leurs conditions de vie » déplore le président Serigne Khadim Rassol Mbacké.
L’AMDS a pour objet de regrouper tous les moniteurs dans les zones d’intervention du Paqeeb/Daara. Ce dans un climat d’entraide en vue de leur information, de la mise en commun de leurs expériences personnelles et pédagogiques. L’amicale s’investit aussi pour améliorer les dispositifs de formation continue dans une optique de professionnalisation en vue de rendre ses membres plus aptes à accompagner l’etat à réussir sa politique de développement de l’apprentissage de la lecture et de l’enseignement des mathématiques dans les daaras. « Mieux, nous cherchons également à faire accéder tous les « ndongo-daaras » à leur droit le plus élémentaire, celui de posséder une pièce d’état-civil. Nous visons surtout à développer toute action pouvant contribuer à soulager leurs conditions de vie sur les plans hygiénique, nutritionnel, environnemental, en leur offrant des soins de santé, des vêtements et autres commodités de base », explique Serigne Khadim Rassol Mbacké. Un président dépité de voir l’élan d’un tel beau projet brisé par un manque de sérieux des autorités ministérielles. « Nous sommes convaincus que le président de la République Macky Sall n’est pas au courant de notre situation, lui qui a toujours plaidé la cause des ndongos-daaras et des enfants-talibés », pense notre interlocuteur.
Une chose est sûre : compte tenu de l’engagement et la détermination des moniteurs de « daaras », force est de croire que la bataille des « alluwa » aura bel et bien lieu dans les artères de la capitale si rien n’est fait par les autorités. Motif de leur colère et de la fatwa qui risque d’être lancée : réclamer huit mois d’arriérés de salaire pour un montant de 1 milliard 600 millions de francs ! Et gare à la colère de maîtres coraniques en ce mois béni de Ramadan !
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