L'actualité de la semaine vue par Pape Ndao, à travers sa chronique hebdomadaire, au micro d'African Time, partenaire de SenePlus à New-York.
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LA RÉPLIQUE DES AVOCATS DE L'ÉTAT
Le document brandi comme étant l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO est "un extrait du plumitif’’ non signé par des juges, ont indiqué, samedi, les conseils de l'Etat du Sénégal, dans l'affaire Khalifa Sall
Le document brandi comme étant l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO est "un extrait du plumitif’’ non signé par des juges, a indiqué, samedi, Me Moussa Félix Sow, avocat de l’Etat sénégalais dans l’affaire Khalifa Sall, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats.
’’Le document qui est brandi comme étant l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO, est en réalité, un extrait du plumitif qui n’est signé par aucun des juges qui sont censés avoir rendu [l’arrêt]’’, a-t-il déclaré, au nom du Collectif des avocats de l’Etat sur l’affaire Khalifa Sall et Cie lors d’un point de presse.
Le maire de la ville de Dakar et ses co-prévenus ont été condamnés à 5 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 5 millions pour faux et usage de faux et escroquerie portant sur des deniers publics.
’’Il faut préciser que jusqu’à présent, cette décision n’est pas toujours disponible, bien que commentée et interprétée depuis une semaine’’, a martelé l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats. Le document ne donne, selon lui, "aucune indication sur les arguments et les motivations ayant été retenus par les juges et ne permet pas, sans extrapolation hasardeuse, aucune analyse critique, ni aucune décision hâtive’’.
’’En attendant de recevoir la notification de la décision rendue, nous pouvons prendre connaissance du dispositif certifié conforme par le greffe de la cour circulant sous le manteau dans la ville de Dakar’’, a-t-il fait savoir.
Me Sow a assuré que l’Etat du Sénégal reste respectueux de toutes les décisions des juridictions nationales, régionales comme internationales, quelle que soit la personne concernée.
Il a rappelé que l’affaire Khalifa Sall et Cie n’avait rien avoir avec un procès politique, mais est plutôt un dossier portant sur des deniers publics ’’utilisés frauduleusement’’. Il a à cet effet demandé aux uns et aux autres d’éviter de faire des interprétations susceptibles de déformer la décision de la CEDEAO.
’’Pour l’instant, la décision n’est pas encore disponible. Nous avons expliqué dans un communiqué, que le Sénégal est un Etat de droit et par ailleurs respectueux des décisions de la Cour régionale’’, a pour sa part souligné l’agent judiciaire de l’Etat, Me Mamadou Bitèye. Par prudence, a-t-il recommandé, il serait plus sage d’avoir des décisions avant d’aborder des aspects les concernant.
’’Que ça soit au plan national ou international, il est arrivé à plusieurs reprises, qu’on essaie de faire dire aux décisions, ce qu’elles n’ont pas dit’’, a-t-il regretté.
La Cour de justice de la CEDEAO, juridiction communautaire statuant sur des questions relatives aux droits de l’homme, a rendu une décision le 29 juin dernier dans l’affaire opposant l’Etat du Sénégal à Khalifa Ababacar Sall et Cie.
Cette décision fait suite à la saisine de cette juridiction régionale par les prévenus Khalifa Sall et Cie pour des cas de violations de l’homme dont ils auraient été victimes dans le cadre des poursuites initiées à leur encontre relativement à la gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar.
La sortie des avocats de l’Etat survient au lendemain de celle des avocats de Khalifa Sall dont le procès en appel se tiendra à partir de ce lundi. Les conseils du maire de Dakar estiment que la décision de la juridiction communautaire a répondu à leurs huit demandes, en jugeant notamment que leur client était victime d’’’une détention arbitraire’’, ce qui induit sa ’’libération immédiate et sans délai’’.
AU CŒUR DE L'INDISCIPLINE ROUTIÈRE
Il ne se passe plus un jour sans que l’on enregistre, sur les routes du pays, un ou des accidents avec des pertes en vies humaines - Populations et conducteurs se renvoient la balle sur les causes de ces multiples chocs
18 h, au rond-point de Liberté 6. C’est une heure de pointe. Tout le monde se précipite pour rentrer à la maison, après une journée de travail. C’est le moment de la fatigue. Mais ici, c’est un parcours du combattant qui attend les automobilistes. La circulation est dense, très dense. Des chauffeurs se permettent de dangereuses manœuvres, dans les files de véhicules, pour se frayer un chemin. Un concert de klaxons anime la partie. Ici, on fait fi des règles de bonne conduite. Le sens de la priorité est foulé au pied. Tous les moyens sont bons pour sortir de ce bouchon.
Chaque automobiliste se bat pour se trouver un petit passage, avec tous les risques qu’un tel comportement porte. Bref, un bouchon indescriptible sur l'axe menant aux deux voies de Liberté 6.
Certains conducteurs n’hésitent pas à faire demi-tour pour rallier d'autres axes où ils espèrent trouver une circulation plus fluide. Sur la route qui mène au Cices, c’est le même constat qui est fait.
Ailleurs, deux chauffeurs, se disputant le passage, se cognent. Des insultes. Des menaces. Des accrochages. Tout cela est ainsi caractérisé : l’indiscipline sur les routes au Sénégal. Daba Sy, gérante d’une gargote non loin du pont de la Foire, dénonce ces nombreux embouteillages nés du non-respect du code de la route. La jeune dame s’active dans la préparation du repas avant l’arrivée des clients. Interrogée sur les embouteillages et les accidents de la route qui se multiplient de jour en jour, elle s’empresse de donner son point de vue. « Il ne faut pas aller chercher loin pour déterminer les causes de ces nombreux accidents. Ils sont essentiellement le fait de conducteurs indisciplinés », tranche-t-elle.
Utilisation des passerelles
Non loin de la gargote de Daba Sy, se trouve Demba Diallo, vendeur de fruits. « Si les accidents sont aussi nombreux, c'est parce que les conducteurs ne respectent plus le code de la route », explique-t-il. En tout cas, sur les principaux axes, que ce soit à Dakar ou dans les régions, c’est le même constat. Chaque jour, plusieurs accidents sont dénombrés, avec leur lot de morts ou de blessés graves. D’après Fatou Sall, la principale cause des accidents est le mauvais comportement des chauffeurs sur la route. « En oscillant entre l’excès de vitesse et l’utilisation du téléphone au volant, les conducteurs sont les racines du mal », soutient notre interlocutrice. Cependant, conducteurs et apprentis réfutent ces accusations portées à leur endroit et indexent, à leur tour, les passagers et les piétons comme étant « ceux par qui le malheur arrive toujours ».
Modou Mané est chauffeur d'un car rapide. Il est devant son véhicule, prêt à faire le trajet Sandaga-Ecole Dior. Il pointe un doigt accusateur sur « les piétons qui ne respectent pas les codes de passage sur la route ». Selon lui, malgré la sensibilisation sur l’utilisation des passerelles et des passages-piétons, les gens continuent de traverser les routes et autoroutes à leur risque et péril.
Ce que confirme Issa Ndiaye Ndiaye, un apprenti de car rapide. « Cette campagne de sensibilisation autour de l’utilisation des passerelles est même un échec car on n’a pas vu de changement de comportement chez les piétons », déplore-t-il. La nature ayant horreur du vide, ces passerelles non empruntées sont transformées en lieux de petits commerces occupés par des vendeurs. Les transporteurs invitent les gendarmes et policiers à sanctionner tout piéton pris en train de traverser les routes à grande circulation, alors qu’il y a une passerelle pour ce faire.
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LA FAMILLE, UN SOUTIEN ÉTERNEL POUR LES VEUVES AU SÉNÉGAL
Particulièrement vulnérables après la perte de leur mari, beaucoup de femmes comptent sur le cercle familial pour s'en sortir financièrement
Quelle est la condition des femmes veuves au Sénégal ? Comment sont-elles considérées ? Peuvent-elles se remarier ou non ? Sont-elles aidées financièrement ?
Eléments de réponse à travers le reportage vidéo.
L'ANGLETERRE REVIT, LA RUSSIE RETIENT SON SOUFFLE
Voilà 28 ans qu'elle attendait ça : l'Angleterre s'est qualifiée pour les demi-finales de la Coupe du monde en battant la Suède (2-0) - Elle y affrontera le vainqueur de Russie-Croatie
Tout le monde attendait un but d'Harry Kane, meilleur réalisateur du tournoi (6 buts). Mais c'est un autre Harry, Maguire, défenseur de Leicester, qui a ouvert le score de la tête face à la Suède, sur corner à la demi-heure. Puis Dele Alli a doublé la marque juste avant l'heure de jeu.
Les "Trois Lions" peuvent remercier leurs lignes arrières. Le gardien Jordan Pickford a réalisé une très belle parade sur une tête de Marcus Berg dès le début de la seconde période.
C'est une bonne nouvelle pour l'équipe de Sa Majesté, plombée ces dernières années par des portiers maudits comme David Seaman, Scott Carson ou David James.
La séduisante Angleterre de Gareth Southgate renoue donc avec un glorieux passé, quand l'équipe des Terry Butcher, Chris Waddle, Gary Lineker et Paul Gascoigne avait buté sur la RFA des Andreas Brehme, Rudi Völler, Lothar Matthäus et Jürgen Klinsmann en demi-finale du Mondial-1990 (1-1; 4 t.a.b à 3).
Les hommes de "Captain Kane" attendent donc désormais leur adversaire pour la demi-finale de mercredi au stade Loujniki de Moscou (20h00 française).
La Sbornaïa et les rêves du pays hôte
Personne, ou presque, n'aurait misé un rouble sur la Russie, qui n'avait gagné aucun match en 2018 avant que son tournoi commence. Mais la Sbornaïa a fait mentir tous les pronostics et fait déjouer l'Espagne en huitième de finale (1-1; 4 t.a.b à 3) pour être au rendez-vous de son quart de finale à Sotchi (20h00 française).
Comme face au champion du monde 2010, elle n'est pas favorite contre la Croatie. Mais ce Mondial-2018 a réservé tant de surprises jusqu'ici. Et la Russie attend une demi-finale depuis 1966 et la génération du mythique Lev Yachine (sous maillot de l'URSS).
L'équipe de cette année n'est a priori pas aussi talentueuse, mais elle est portée par tout un pays. Son stratège à elle est assis sur le banc, il a une moustache, et joue volontiers les revêches: le sélectionneur Stanislas Cherchesov prépare ses pions sur le damier croate.
D'ailleurs, quelle est la vraie valeur de la Croatie de Luka Modric ? Elle avait enchanté les fans de football au premier tour, mais contre le Danemark en huitième de finale la magie avait disparu. Elle a buté sur le verrou et sa star a même manqué un penalty à trois minutes de la fin de la prolongation.
Il faut savoir gagner aussi ces matches-là, cadenassés, et surmonter les jours moins bien en équipe. Et individuellement, Modric a surmonté son échec en transformant son tir au but face à l'impressionnant Kasper Schmeichel (1-1; 3-2 t.a.b.).
Un génie, d'excellents lieutenants comme Ivan Rakitic, du beau jeu, du mental et un beau maillot, la génération 2018 a tout pour rejoindre celle de Robert Prosinecki et Davor Suker, demi-finaliste en France en 1998.
La France, 20 ans après 1998 ?
Il y a 20 ans, la France, elle, chantait "Et un, et deux, et trois zéro", après la finale de son Mondial remportée face au Brésil (3-0). Quelle meilleure façon de célébrer cet anniversaire que de coudre une deuxième étoile sur le maillot bleu ?
"On ne se le dit pas mais chacun pense qu'on peut être champion du monde", a confié le défenseur français Lucas Hernandez samedi devant la presse.
Mais, comme il le reconnaît, "il nous reste deux matches pour l'être, (avec) d'abord ce premier contre la Belgique". C'est mardi à Saint-Pétersbourg (20h00 française) et comme le dit de joueur de l'Atlético Madrid "ça va être très compliqué".
Car les Français ont bien vu les images de ces "Diables Rouges", emmenés par Eden Hazard, Romelu Lukaku et Kevin de Bruyne, qui ont corrigé le Brésil de Neymar vendredi à Kazan (2-1).
Ce sera un match particulier, entre pays voisins. Raphaël Varane, né à Lille et formé à Lens, a des connaissances en Belgique. Mais "sur une opposition en Coupe du Monde, il n'y a pas d'amis", insiste le défenseur du Real Madrid aux quatre Ligue des champions.
LE SÉNÉGAL, ÉTAT VOYOU ?
Les affaires Khalifa Sall et Karim Wade ont démontré comment le pouvoir est rebelle à l’application de toute décision de justice défavorable, tant au niveau national qu’international
En refusant d’appliquer les verdicts de la Cour de justice de la CEDEAO qui lui sont défavorables, le Sénégal s’expose à des sanctions pouvant aller jusqu’à son exclusion de l’instance communautaire. Les affaires Khalifa Sall et Karim Wade ont démontré comment le pouvoir est rebelle à l’application de toute décision de justice défavorable, tant au niveau national qu’international.
Le vendredi 28 juin 2018, la Cour de justice de la CEDEAO, saisie auparavant par les avocats de Khalifa Ababacar Sall, a jugé que ses droits ont été violés. Ce, durant toutes les étapes de la procédure ayant abouti à sa condamnation à 5 ans d’emprisonnement. «Le droit d’assistance d’un conseil, le droit à la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable des requérants ont été violés», lit-on dans l’arrêt de la juridiction communautaire. De quoi pousser le tribunal de l’instance communautaire à qualifier d’«arbitraire» la détention du Maire de Dakar, incarcéré depuis le 7 mars 2017 pour une histoire de détournement. La CEDEAO ne s’est pas arrêtée en si bon chemin car elle tient l’Etat du Sénégal responsable de toutes ces atteintes aux droits de la défense, en utilisant comme bras armé la Justice et la Police. Et pour boucler la boucle, tout en déboutant l’Etat de toutes ses prétentions jugées mal fondées, l’institution considérée ordonne au régime de Macky Sall de payer 35 millions Fcfa aux prévenus, pour en réparer le préjudice.
La réaction du régime qui s’en est suivie laisse penser qu’aucune suite ne sera donnée aux injonctions de la Cedeao. Le ministre de la Justice (Ismaïla Madior Fall) et le Directeur de cabinet du chef de l’Etat (Me Oumar Youm) ont, en substance, déclaré que la Cedeao ne demande pas la libération de Khalifa Sall et qu’elle n’a pas non plus dit que le procès n’est pas bon. Attitude, du reste, pas surprenante car il en avait été ainsi lorsque la même institution s’était prononcé dans l’affaire Karim Wade. C’était le 22 février 2013 quand la Cedeao invalidait l’interdiction de sortie signifiée aux dignitaires de l’ancien régime, avec notamment : Karim Wade, Oumar Sarr, Samuel Sarr, Madické Niang, Ousmane Ngom, Tahibou Ndiaye (ancien directeur du Cadastre), Doudou Diagne (ex-directeur de l’Urbanisme), entre autres. La Cour communautaire avait en son temps ordonné la levée de cette mesure administrative qui ne peut être ordonnée que par la Justice, pour défaut de base légale.
Quand l’Etat perd la notion de fair-play judiciaire
Mais la réplique du camp adverse ne s’était pas fait attendre. «Le Sénégal ne peut ne pas appliquer les décisions rendues par la Cour de justice de la Cedeao parce qu’il est membre de la Cour et signataire du traité de la Cour», avait estimé Me Ousmane Sèye alors interrogé par Libération. Me Moussa Félix Sow, coordonnateur du pool des avocats de l’Etat embouchait la même trompette : «Cette Cour n’est pas compétente, elle ne peut pas donner des injonctions à l’Etat du Sénégal (…)». L’agent judiciaire de l’Etat s’était aussi inscrit dans cette logique. La même attitude de défiance vis-à-vis de la Justice internationale a été constatée lorsque les juridictions de France n’ont pas donné la suite attendue par le pouvoir quant à la confiscation des biens de Wade-fils demandée par le pouvoir qui entendait ainsi exécuter l’arrêt de condamnation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Toutes les nombreuses décisions favorables à Karim rendues aussi bien par le tribunal de Paris que la Cour d’appel de l’Hexagone ont connu la résistance de l’Etat sénégalais.
Voilà comment le régime de Macky Sall entre en rébellion avec la Justice internationale, depuis l’avènement de la seconde alternance en 2012. Une position paradoxale, d’autant que le chef de l’Etat sénégalais a été Président en exercice de la Cedeao jusqu’en 2017. Mieux encore, il s’est appuyé sur une résolution de la CEDEAO par le biais de son bras armé, l’Ecomog (force d’interposition), pour débarquer Jammeh qui a voulu s’agripper au pouvoir après avoir reconnu sa défaite. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, l’Etat du Sénégal a pourtant appliqué d’autres décisions émanant des institutions régionales, telle que l’Uemoa. L’une porte sur la dépénalisation du délit d’émission de chèques sans provisoire, l’autre sur le règlement n°5 de l’Uemoa sur la présence de l’avocat dès l’interpellation.
Au plan national, la même attitude de rébellion a été constatée dans les affaires suite aux décisions défavorables au régime rendues par les cours et tribunaux sénégalais dans les affaires Aïda Ndiongue, Abdoul Mbaye, Bara Tall, Kemi Séba, entre autres.
Force probante
Selon Me Assane Dioma Ndiaye, la décision de la Cour de justice de la Cedeao s’impose à l’Etat du Sénégal. Mieux, «l’exécution des décisions de justice de la Cour de justice de la Cedeao n’est pas une faculté pour les états, mai une obligation conformément à l’article 15-4 du traité révisé de la Cedeao». Le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) rappelle que l’article 15-4 du traité révisé dispose que «les arrêts de la Cour de Justice ont force obligatoire à l’égard des États membres, des Institutions de la Communauté, et des personnes physiques et morales». Pour Me Mamadou Konaté, avocat au barreau du Mali, «la Cour de justice de la CEDEAO rend des décisions qui sont contraignantes pour les Etats et la non-exécution de ces décisions est assortie de sanctions. Ces sanctions peuvent aller jusqu’à l’exclusion d’un Etat membre de la Cedeao».
La leçon de fair-play de Bissau, Conakry, Bamako ou encore Ouadagoudou reste gravée dans les mémoires. La Guinée-Bissau a été condamnée à payer des dommages et intérêts pour n’avoir pas organisé le procès de l’ex-chef de l’Etat Nino Vieira, assassiné par l’Armée en 2009. La défense s’apprête à l’exécuter et le gouvernement de Bissau est dans une logique d’y donner suite. Sans résistance. D’autres pays comme la République de Guinée, le Mali ou encore le Burkina Faso dans l’histoire d’inéligibilité qui avait frappé certains candidats en 2015, ont également été épinglés par la Cour de justice de la Cedeao sans que ces Etats ne remettent en cause la légalité de l’institution en question. Depuis sa création, à ce jour, la Cour de justice de la Cedeao a enregistré plus 182 affaires, tenu plus 532 audiences et rendu plus 168 décisions. L’essentiel des recours porte sur les cas de violation des droits de l’homme. Le Sénégal ne s’apparente-t-il pas à un Etat voyou qui, en Relations internationales, s’analyse comme un «pays qui ne respecte pas les lois internationales» ? Le pays de la Terangane perd-t-il pas la notion fair-play judiciaire ?
LES LIMITES D'UNE BATAILLE PAR PROCURATION
Depuis 2012, les annonces du PDS, dans l’affaire Karim Wade, ont rarement été suivies d’effets
Le Parti démocratique sénégalais disait que Karim Wade ne serait pas arrêté ; il l’a été et condamné à plus de 6 ans. Il disait qu’il serait au Sénégal pour les législatives de 2017 ; il n’est jamais venu. Aujourd’hui, il promet qu’il n’y aura pas d’élection au Sénégal sans leur candidat. Mais les libéraux en ont-ils les moyens ? Force est de constater que depuis 2012, les annonces du Pds, dans l’affaire Karim Wade, ont rarement été suivies d’effets.
Un discours qui ne varie pas. Des hommes qui ne changent pas. Un candidat qui se la coule douce à plus de 4 000 milles, soit 7 238 km de Dakar. Le destin du Parti démocratique sénégalais reste ainsi plus que jamais assombri. Le rêve d’Abdoulaye Wade de le porter à nouveau au pinacle, de plus en plus incertain. A quelques 7 mois de l’élection présidentielle, c’est toujours un flou total autour de la personne devant piloter le navire bleu. Pendant que la Direction générale des Elections ‘’exclut’’ de fait leur candidat proclamé, les libéraux, retranchés dans leur quartier général, à la cité résidentielle Keur Gor Gui, dénoncent et s’arc-boutent sur une revendication hypothétique. Faisant feu de tout bois, ils crient à hue et à dia qu’il n’y aura pas au Sénégal d’élections sans la participation de Karim Wade.
Une ‘’chimère’’, selon la plupart des analystes politiques. Ce lundi à leur siège, une dame, lasse des déclarations va-t-en-guerre jamais suivies d’effets, rouspète : ‘’Ce n’est pas ce qui nous a amenés ici. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir quand est-ce que Karim va rentrer au pays. Nous ne pouvons continuer à nous battre pour quelqu’un qu’on ne voit pas.’’ Ce grognement de cette militante lambda témoigne, s’il en était encore besoin, du moral de plus en plus en berne des troupes libérales. Pourtant, depuis le début de cette affaire Karim Wade, les arguments juridiques ne leur ont jamais fait défaut. Mais la réalité est que, sur le plan politique, les poulains d’Abdoulaye Wade n’ont remporté que peu de batailles, pour ne pas dire aucune, depuis leur chute, un soir du 25 mars 2012.
Les multiples annonces sans effets
Le destin du Parti démocratique sénégalais semble intrinsèquement lié aux Wade. Avant, c’était le père. Maintenant, le fils. Nous sommes en mars 2013. La Commission de répression de l’enrichissement illicite (Crei) envoie une mise en demeure à ce dernier. Ses partisans se mobilisent. Ils promettent l’enfer au régime, si jamais leur mentor est emprisonné. Tout le pays est ainsi tenu en haleine. Brûlera, brûlera pas ?, se demande-t-on. Finalement, Karim est mis sous les verrous, un mois plus tard. A Dakar, c’est comme à Saly. Tout le monde vaque à ses occupations. Les thuriféraires du Pds mènent la bataille médiatique sans aucun acte concret grandeur nature. Ils protestent, Macky Sall et son régime déroulent.
Karim Wade en détention préventive, les libéraux promettent de mettre la capitale à feu et à sang, si jamais la justice le condamne. Des médiations sont menées de tous bords pour arrondir les angles. A l’arrivée, Macky Sall ne fléchit pas. Le fils de l’ancien président est jugé et condamné, malgré les décisions contraires de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et du Groupe de travail des Nations Unies. Il en a été ainsi à tous les niveaux de la procédure. Mais, comme Lat Dior face au projet du colon de construire le chemin de fer Dakar - Bamako, les libéraux ne sont jamais parvenus à faire échec à la volonté du régime d’envoyer leur leader à l’hôtel zéro étoile. Là-bas, il croupira durant trois longues années, sous le regard impuissant de ses sympathisants.
La renaissance avortée
Jusque-là considéré comme un enfant gâté qui doit tout à son père de président, Karim, en prison, se fait une toute nouvelle réputation. Il est décrit par ses différents visiteurs comme un homme ‘’pieux’’, ‘’courageux’’… En atteste ce témoignage du défunt journaliste Tamsir Jupiter Ndiaye qui a eu à le côtoyer à la maison d’arrêt. Dans une interview avec ‘’EnQuête’’ en janvier 2016, il disait : ‘’J’ai été extrêmement impressionné par sa force et sa solidité. J’ai trouvé un Karim Wade vivant, dynamique et plein de foi. J’engage mon honneur en le disant : j’ai trouvé un Karim plein d’humanisme…’’
Mais ce témoignage, aussi éloquent soit-il, ne résiste pas au temps. Pour une raison ou une autre, l’ancien ministre a accepté de quitter le territoire national dans des conditions jusqu’ici non élucidées. Pourtant, alors même qu’il était en prison, son parti avait misé sur lui pour son retour au pouvoir. Ce qui avait précipité les départs de certains ténors comme Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj. A propos de son investiture, le journaliste politologue confiait : ‘’Je sens quelqu’un qui, politiquement, est prêt. C’est quelqu’un de très intéressé par l’actualité (…). Paradoxalement, il a un bel esprit de dépassement. Durant nos discussions, je ne l’ai jamais entendu tenir un propos déplacé sur le président Macky Sall, ni malveillant à l’endroit des membres de l’Apr. Même avec l’histoire de Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj, j’ai voulu le provoquer, mais j’ai vu qu’il prenait du recul pour l’aborder avec une certaine sagesse.’’
Le départ en exil qui bousille tout
Libéré de prison au milieu de la nuit, des sympathisants ont tenu à braver les ténèbres pour aller au Point E célébrer leur leader. Hélas, ils ne le verront jamais. Karim, une fois dehors, a filé tout droit vers le Qatar où il se la coule douce, se reconstruisant une vie ‘’confisquée’’ pendant plus de trois ans. Ses militants, pendant ce temps, pleurent son absence. Jusqu’à présent, ils l’attendent avec impatience. Certains ont fini de perdre tout espoir de le voir de sitôt. En tout cas pas avant l’échéance fatidique de 2019. D’autres, plus chanceux, se contentent des causeries sur WhatsApp. Poussant même certains de ses détracteurs à lui coller l’étiquette ‘’Président WhatsApp’’ ou ‘’Candidat virtuel’’.
En effet, de Doha, Karim câble ses lieutenants, chefs religieux et sympathisants. Il donne des instructions et commande sa compagnie en pleine période pré campagne électorale.
Mais comment passer du virtuel au physique ? Voilà une équation que l’ancien ministre d’Etat semble avoir du mal à résoudre. Dans une de ses dernières sorties hyper médiatisées, il promettait de revenir au bercail, bientôt. Mais, comme les propos d’un politicien, cette déclaration va engager que ceux qui y croient. Avec ses envolées spectaculaires jamais matérialisées, le refugié de Doha ne fait plus peur. Les autorités, naguère promptes à saisir même les autorités qataries pour protestations, semblent maintenant s’y habituer. Elles restent sur leurs gardes, mais ne paniquent plus. Réagissant aux diatribes de l’exilé, le porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, disait : ‘’Ceux qui ont maille à partir avec la justice vont en découdre avec la justice. Donc, point de quêtes populaires pour rembourser ce qui est dû à la nation. Dura lex, sed lex… Le président Macky Sall est dans le temps de l’action, au service exclusif du peuple sénégalais.’’
Cette mise en garde a jusque-là produit des résultats probants. Malgré les coups d’éclat, Karim n’a jamais tenu sa promesse de rentrer. Et pourtant, depuis 2017, les plus hautes autorités du Pds en ont fait le serment. En ses lieux et places, c’est plutôt le ‘’Pape du Sopi’’, son père, qui est descendu au charbon pour porter le combat du fils, lors des législatives.
Depuis lors, les positions restent figées. Du côté des responsables de la majorité, Karim est définitivement écarté par le droit. Chez les libéraux, l’on défend une version diamétralement opposée. Leur communication de la peur est de plus en plus démythifiée par les populations, y compris certains militants. Ces derniers temps, la machine s’est on ne peut plus emballée avec les sorties successives du ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, son collègue de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et de l’administration en charge des élections.
Avec ces dernières évolutions, à en croire certains observateurs, les dés pour le candidat du Pds sont déjà pipés.
CIRCULATION DANS L’ESPACE CEDEAO, ABIDJAN INTERDIT LES CARTES D’IDENTITE
Au moment où la chanson des dirigeants politiques est à plus d’ouverture du continent et de son économie, un pays comme la Côte d’Ivoire se ferme à de nombreux ressortissants de pays de la sous-région qui ne seraient pas en possession de passeport.
Les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest sont en train d’étudier, pour certains, de l’œil le plus favorable, l’adhésion du Maroc au sein de la Cedeao. Portés par une ambition qui va parfois au-delà de la sous-région ouest-africaine, la plupart d’entre eux ont embrassé avec empressement le projet de Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) qui a été proposé par l’Union africaine. C’est en ce moment où tout semble indiquer le sens d’une plus grande intégration de nos pays et de nos économies que la Côte d’Ivoire, pays de Félix Houphouët-Boigny, décide de se fermer à certains ressortissants ouest-africains.
Le Quotidien est en possession de documents officiels du gouvernement ivoirien qui indiquent que dorénavant, ne sont admis sur le territoire de ce pays que les personnes détentrices, soit d’un passeport biométrique, soit d’un laisser-passer, ou à la rigueur d’un sauf-conduit. Pour les passagers entrant dans le pays par voie aérienne, le défaut de respect de cette disposition entraîne une expulsion sans délai du territoire national. Et ce, aux frais du transporteur. Ce qui a conduit toutes les compagnies aériennes passant par Abidjan, en commençant par la compagnie Air Côte d’Ivoire, à refuser de transporter tout ressortissant de la Cedeao qui ne serait en possession que de sa carte d’identité nationale.
Interrogées sur les raisons de ce qui est perçu comme un recul, certaines autorités ivoiriennes ont invoqué le prétexte de mieux sécuriser leur territoire national, surtout en cette période où les frontières de l’Afrique de l’Ouest n’offrent plus d’assurance face aux manœuvres terroristes multiformes. L’une des personnes contactées par a indiqué qu’il était «loisible à n’importe quel quidam de se procurer une carte d’identité dans nos pays. Alors que pour un passeport biométrique, il y a des normes de sécurité qui ne sont pas à la portée de n’importe quel malfaiteur». Ce qui, soit dit en passant, fait peu de cas des cartes d’identité d’un pays comme le Sénégal qui sont à des normes de sécurité plus élevées que celles de bon nombre de pays.
La même personne a souligné par ailleurs qu’il n’y avait pas lieu de faire un procès à son pays à ce sujet. «La Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays à appliquer une pareille mesure. Depuis bien longtemps, on ne peut entrer à l’aéroport d’Accra, au Ghana, si on n’a qu’une carte d’identité, fusse-t-elle de la Cedeao. Nous n’avons fait que suivre.»
A se demander alors pourquoi un pays comme la Sénégal a jugé bon de dépouiller son Trésor public de 50 milliards de francs Cfa pour passer commande de cartes biométriques dites de la Cedeao, si cette instance ne parvient pas à imposer à tous ses Etats membres le respect de cet instrument d’intégration sous-régionale.
Par Abdoul Aziz DIOP
PROGRAMME D’ASSAINISSEMENT DES CITES ET VILLES RELIGIEUSES, PRIORITE OU URGENCE ?
Depuis quelques années, le gouvernement du Sénégal a entrepris un vaste programme de modernisation des cités et villes religieuses. Et dans ce cadre, beaucoup d’infrastructures visibles ont été réalisées.
Cependant, les programmes d’assainissement des cités et villes religieuses tardent à être mis en œuvre et au-delà d’être une priorité, ils sont devenus une urgence.
En effet, ces cités religieuses comme Touba, Tivaouane, Ndiassane, Kaolack, Yoff, Médina Gounass accueillent des millions de fidèles lors des grands événements religieux comme les Gamou, Magal, Dakka, Appel… mais aussi tout au long de l’année à travers les ziars.
Gouverner, c’est prévoir
A partir de 2023, le Maouloud et le Magal seront célébrés en plein hivernage et ce sera un cycle de 10 ans au moins.
Imaginons un Maouloud ou un Magal sous les eaux, sans un système d’assainissement adéquat et fonctionnel pour lesdites cités religieuses, bonjour les plans Orsec.
Loin de la fiction ou de la prémonition, c’est une réalité qui peut être vécue si nos gouvernants ne sont pas dans une logique d’anticipation.
Le diagnostic est alarmant et souvent identique dans beaucoup de cités religieuses :
Programmes d’assainissement (eaux pluviales et eaux usées) quasi inexistants ou non exécutés
Déficit de motos-pompes et de camions hydrocureurs dans beaucoup de cités religieuses
Absence de déversoirs et de canalisations en cas d’inondations
Routes impraticables, quartiers inondés durant la saison des pluies
Fosses septiques et puisards dans presque toutes les concessions et surtout celles des chefs religieux qui abritent souvent des daaras et qui accueillent des millions de fidèles tout au long de l’année.
Brigades de sapeurs-pompiers insuffisantes ou éloignées et là ou elles existent, elles sont souvent confrontées à des problèmes de logistique, de carburant pour venir au secours des populations inondées malgré leur professionnalisme et leur engagement.
Absence de radiers submersibles surtout pour certains bas-fonds.
La liste est longue…
Quelles solutions à court et moyen terme ?
Inscrire le programme d’assainissement des cités et villes religieuses comme une urgence.
Choisir des entreprises qualifiées et reconnues dans le domaine pour l’exécution des travaux
Eviter le clientélisme, la sous-traitance et le saucissonnage dans l’attribution et l’exécution des travaux.
Ce qui pourrait impacter négativement les délais, la qualité et le coût des travaux.
Renforcer les ressources des collectivités territoriales qui abritent ces cités religieuses pour assurer la maintenance surtout.
Mener des enquêtes de satisfaction auprès des populations desdites cités.
Au-delà de l’assainissement, la question de la voirie est aussi une problématique connexe et à ce titre les voies et artères de ces cités religieuses qui mènent vers les grandes mosquées, les résidences des chefs religieux, les marchés et autres lieux publics doivent être élargies sous forme de boulevards pour éviter les bousculades lors des grands événements religieux, mais aussi faciliter aux forces de secours les interventions et évacuations en cas d’accidents ou autres sinistres en tirant les leçons de ce qui s’était passé à la Mecque en 2016.
Comme 2019 s’approche (élections présidentielle et locales), les autorités religieuses devraient mettre à profit les prochains Magal (octobre 2018) et Gamou (novembre 2018) pour interpeller les autorités politiques et étatiques pour qu’elles prennent des engagements fermes à court et moyen terme et non des promesses pour la réalisation effective des programmes d’assainissement et autres programmes prévus dans le cadre de la modernisation des cités religieuses et non encore réalisés.
C’est un truisme de dire que les hommes politiques ou politiciens aiment les choses visibles comme les grands édifices ou infrastructures visibles à la place des projets d’assainissement coûteux et souterrains, mais avec un impact réel sur le vécu des populations.
Comme palliatif, au cas où l’Etat peine à anticiper sur la problématique de l’assainissement desdites cités religieuses, que les millions de fidèles issus de ces différents communautés religieuses fassent des souscriptions volontaires (bien gérées) pour se substituer ou venir en appoint à l’Etat.
Mieux veut agir à temps plutôt que de réagir (plans Orsec, secours d’urgence…) Abdoul Aziz DIOP Membre du conseil de surveillance du Forum civil Moulaydabakh64@yahoo.fr
LA PREMIÈRE PERLE NOIRE DU FOOTBALL
Voici le grand Larbi Ben Barek, le premier grand footballeur africain de renommée mondiale.
Voici le grand Larbi Ben Barek, le premier grand footballeur africain de renommée mondiale. «La perle noire» du football. Sans nul doute, l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps, très méconnu même parmi les aficionados du ballon rond aujourd’hui. Marocain de nationalité, sa plus longue carrière fut en Equipe de France (1938-1954). Plus tard, Edson Arantes Do Nascimento dit «Pelé» dira de lui : «Si je suis le roi du football, Ben Barek en est le dieu.» Cela laisse deviner tout le génie de cet attaquant qui a d’abord joué au milieu de terrain. Il est de la race des virevoltants dribbleurs comme Garrincha et Ronaldinho.
Voici l’homme qui a ouvert la voie au Malien Salif Keïta, au Guinéen Chérif Souleymane, au Mozambicain Eusebio, aux Camerounais Roger Milla, Théophile Abéga, aux grands gardiens Thomas N’kono et Joseph Antoine Bell, à Jean Manga Ongéné, le Camerounais ballon d’or africain en 1980 et qui a manqué la Coupe du monde España 82 pour cause de blessure, Samuel Eto’o Fils, aux Egyptiens Tahar Abouzeid, le génial attaquant qui a donné du fil à retordre au génial gardien de but sénégalais Cheikh Seck lors du match d’ouverture de Caire 86, les grands butteurs Mahmoud Al Khatib et Mohamed Salah, au Tunisien Tarak Diab, aux Algériens Rachid Mekhloufi et Rabah Madjer l’homme à la fameuse talonnade, aux Marocains Aziz Bouderballa, Ezzeki Badou Zaki et Mohammed Timoumi et aux Sénégalais Jules Bocandé, Oumar Guèye Sène, Roger Mendy, El Hadji Diouf, Sadio Mané, aux génies ghanéens Abdoul Razak «Golden Boy», Samuel Opku Nti et Abédi Ayew «Pelé», aux Nigérians Jay-Jay Okocha, Rachidi Yekini et l’élégant Samuel Okwaraji qui s’est distingué lors de la Coupe d’Afrique 88, aujourd’hui décédé, aux Ivoiriens Laurent Pokou, Alain Gouaméné, Youssouf Falikou Fofana le gaucher en or, Yaya Touré et Didier Drogba aux Congolais Ndaye Mulamba, Muntubila Santos et Kabongo Ngoy, au Libérien George Weah et tant d’autres footballeurs africains aux fortunes diverses dans les stades européens, qu’ils soient dans des équipes nationales européennes ou africaines.
En tous les cas, le chemin a été long. Ailleurs dans la diaspora, d’autres perles noires comme le roi Pelé ont brillé de mille éclats dans les stades. Tout le monde se souvient du virevoltant demi-relayeur français d’origine malienne, Jean Amadou Tigana, le célèbre numéro 14 de Bordeaux et de l’Equipe de France, de José Touré, un phénomène du ballon rond qui a fait une courte carrière, aux solides Marius Trésor, Gérard Janvion et Jean Pierre Adams. Aujourd’hui, on parle très peu de la carrière du pionnier Raoul Diagne, fils de Blaise Diagne, en Equipe nationale de France.
Dans le domaine des rapports humains, le monde du football était en avance sur l’époque. Les Marseillais criaient dans les stades et les rues «vendez la Tour Eiffel, ne vendez pas Ben Barek !» Les cris de singe que l’on entend aujourd’hui dans certains stades européens, les propos racistes anti-noirs et anti-arabes qui sévissent aujourd’hui n’existaient pas à l’époque. C’était le temps de la joie insouciante, du plaisir de la découverte de figures noires qui provoquaient la curiosité, le temps de la bonne musique et du raffinement à l’excès. Aujourd’hui, la politique à tout-va, la géopolitique et la surmédiatisation des différences et des conflits empêchent le recul et la retenue.
Né vers 1917 au Maroc, il a joué à l’Usm Casablanca, au Fus Rabat et à l’Idéal club de Casablanca avant de monter en Europe où son talent a littéralement explosé à l’Om, au Stade Français et à l’Atletico de Madrid. Champion d’Espagne avec l’Atletico en 50-51, il obtient la Super coupe avec la même équipe, il a été aussi champion du Maroc et de l’Afrique du Nord avec l’Union sportive marocaine. Il est jusqu’ici le seul Africain à trôner sur le football mondial. Il a été meilleur footballeur du monde. Son seul regret, a-t-il confié dans une interview, «c’est de n’avoir pas joué avec Pelé.» Plus âgé que le génie brésilien, il a fait exploser tout son talent de terrible dribleur en Europe. Il est mort dans l’extrême solitude le 16 septembre 1992 à Casablanca. La Fifa lui a discerné à titre posthume la médaille de l’ordre du mérite. Ainsi s’achève la vie de l’homme qui était surnommé la «Perle noire».