Décidemment le Taekwondo sénégalais a le vent en poupe ces temps-ci. Après la distinction de l’arbitre internationale, Anta Guèye, élue meilleure arbitre aux Championnats des EtatsUnis, c’est au tour de la jeune pousse de s’illustrer aux Jeux Africains de la Jeunesse (Jaj) des moins de 18 ans que l’Algérie abrite depuis mercredi dernier.
C’est ainsi que, informe le Secrétaire général du Cnoss, Seydina Diagne, le jeune Moustapha Sarr, 16 ans, a décroché la première médaille du Sénégal en Taekwondo en remportant l’Ar - gent chez les moins de 48kg. L’Or est revenu au Tunisien Khalil Jendoubi. Le Marocain Nafaa El Maaida et le Malien Drissa Koulibaly se sont contentés de la médaille de Bronze.
Notons que le Sénégal avait déplacé quatre taekwondistes dont les épreuves ont pris fin ce week-end. C’est la deuxième participation à une compétition internationale de Moustapha Sarr après les Championnats du monde juniors. Comme pour dire que l’avenir est assuré pour le Taekwondo sénégalais.
«IL N’Y A PAS DE POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DANS LE PAYS»
Ngouda Fall Kane, leader de Jamm Ak Kheweul, pense "qu'on ne peut pas développer le Sénégal avec le PSE" - ENTRETIEN
Abdoulaye FALL - (Correspondant) |
Publication 23/07/2018
Comment se porte la politique économique du pays à votre avis ?
Il n’y a pas de politique économique dans ce Sénégal. On ne peut pas développer le Sénégal avec le Pse. Il a été fait par un groupe qui venait de Paris, le groupe Disso, des jeunes qui ne connaissaient même pas le Sénégal. C’est pourquoi, les tenants du régime étaient obligés de se rabattre sur des experts marocains, en l’occurrence le cabinet McKenzie. Et malgré cela, ils n’ont fait que piocher sur le plan Sénégal perspective 2035 qui était déjà élaboré du temps du Président Wade par la Direction générale du plan. Ils n’ont rien inventé. Leur Pse ne s’arrête qu’à Diamniado. La situation sociale est mauvaise. Les Sénégalais sont fatigués, ils ont des problèmes partout. Il y a pénurie de tout. Les gens n’arrivent pas à se soigner, à manger à leur faim et la famine est à nos portes. Je m’en suis rendu compte quand j’ai visité certaines contrées de la région de Tambacounda. Et, ce n’est pas la seule région touchée d’ailleurs. Tout le pays est menacé de famine, l’insécurité est galopante dans tout le pays, le chômage n’en parlons pas. Les sont désœuvrés et désorientés. Comment voulez vous que la situation sociale soit bonne ? Elle est très mauvaise et c’est parce que le Président n’a su rien faire pour sortir les populations de leurs difficultés.
Pourtant, il a déclaré cette année, l’année sociale…
Il peut dire ce qu’il veut, le Peuple jugera. Elu depuis bientôt 7 ans, c’est maintenant qu’il parle d’année sociale. C’est méconnaître comment fonctionnent un Etat et le budget. Le budget est social par essence. Il a pour mission de financer ce qu’on appelle des biens collectifs, des biens qui appartiennent à tout le monde et d’intérêt public. Il a pour nature de financer des projets sociaux et certaines fonctions fondamentales qui rentrent dans le cadre de la satisfaction des besoins des populations. Dire que 2018 est une année sociale, c’est une pétition de principe. Le Sénégal traverse des tensions économiques et sociales énormes. De manière générale, la situation est très difficile. Des gens ont parlé de tension de trésorerie mais moi je vais plus loin en attestant qu’il y a un déficit structurel de trésorerie dans le pays. La demande sociale est là, toujours croissante et jamais satisfaite. Sur le plan sécuritaire, il y a la recrudescence des meurtres, des viols, des agressions. Et malheureusement il n’y a pas de politique économique et sociale dans le pays. Le Président Macky Sall n’a pas de vision.
Quelles sont les ambitions de Jam Ak Kheweul pour les prochaines élections ?
Notre ambition, c’est d’aller à la Présidentielle, mais nous irons à cette élection avec des patriotes qui partagent les mêmes idées que nous, qui veulent que le Sénégal change, que le Sénégal retourne aux Sénégalais. Le Sénégal d’un seul homme est terminé ! Nous sommes pour la pluralité des candidatures mais, des candidatures au sein des coalitions. Une candidature esseulée est vouée à l’échec. Je me déploie partout dans le pays pour rencontrer et sensibiliser les populations, porter le message de notre formation.
«LE SÉNÉGAL, PAR RAPPORT AUX AUTRES PAYS AFRICAINS, N’A PAS BEAUCOUP À SE PLAINDRE»
Josette Marceline Lopez Ndiaye, Observateur national des lieux de privation de liberté, est «choquée» par l’information qui lui a été attribuée et selon laquelle, il y aurait 20 morts dans les lieux de privation de liberté en 10 ans au Sénégal - ENTRETIEN
Josette Marceline Lopez Ndiaye, Observateur national des lieux de privation de liberté, «choquée» par l’information qui lui a été attribuée et selon laquelle, il y aurait 20 morts dans les lieux de privation de liberté en 10 ans au Sénégal, a tenu à rétablir la vérité des faits. Dans cet entretien, la magistrate à la retraite dresse la situation des prisons sénégalaises.
Présentez -nous l’Observateur national des lieux de privation de liberté ainsi que votre parcours ?
Je suis magistrate de formation. Avant cela, j’étais avocate. A ma retraite, le président de la République m’a nommée Observateur national des lieux de privation de liberté le 1er février 2017. C’est une institution qui relève de mécanismes de prévention nationale contre la torture instaurés par l’Op 4, un traité qui vient de la Convention des Nations-Unies contre la torture, les traitements cruels, inhumains, dégradants. Mais avant tout, il faut savoir que le Sénégal a été l’un des premiers pays africains francophones à avoir ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture. En tant qu’Etat partie de la convention, il lui est fait obligation de créer une structure de prévention contre la torture basée sur l’Op 4. Au départ, l’Etat du Sénégal n’avait signé que la Convention contre la torture qui n’était pas un instrument proactif. C’était juste un instrument pour constater les cas de torture et les sanctionner. On s’est rendu compte que ce n’était pas assez efficace et on a créé l’Op 4. C’est pourquoi l’Onlpl se rend dans les lieux de privation de liberté pour prévenir la torture.
On vous attribue des propos selon lesquels vous auriez déclaré, le 19 juin dernier, qu’il y a 20 morts en 10 ans au Sénégal dans les lieux de privation de liberté. Pouvez-vous repréciser votre pensée ?
Cette information m’a beaucoup bouleversée et j’ai même tenu un point de presse en ce sens. J’ai dit que le Sénégal a fait beaucoup d’efforts dans la lutte contre la torture. Notre pays est très démocratique et tient compte de son image. En fonction de cela, il fait tout son possible pour enrayer, éradiquer ce phénomène de torture. J’ai salué les efforts du gouvernement en disant que beaucoup de choses ont été faites notamment l’augmentation de la prime journalière des prisonniers, qu’ils mangeaient bien et que nos prisons bien que d’un autre âge, sont en train d’être réhabilitées. Le ministre de la Justice a assuré qu’il n’est plus question de laisser ces prisons dans cet état-là. Le gouvernement est en train de faire tout son possible pour améliorer les conditions des personnes privées de liberté. Des prisons sont construites, d’autres sont en phase de réhabilitation. Après, je vois un article contraire à ce que j’avais dit, cela m’a bouleversée. C’était comme si je jetais l’opprobre sur le Sénégal alors que c’est tout à fait le contraire. Je note que le Sénégal est un pays qui fait beaucoup de progrès. Je suis en relation avec le ministère de la Justice et je me rends compte des efforts fournis.
Mais le journaliste a dû voir quelque part ces chiffres. Finalement d’où proviennent-ils ?
Le journaliste qui a écrit l’article s’est basé sur les Tdr (Termes de référence). C’était juste pour montrer le contexte d’où est partie notre action. C’était une époque au cours de laquelle beaucoup de personnes mouraient en prison. Cette période est dépassée. C’était il y a 10 ans et je n’étais même pas encore là. Parler de cela, c’est revenir en arrière. Mais ce qui est plus dérangeant, c’est qu’on m’a prêtée ces propos. Bref, je n’ai jamais tenu de tels propos. C’est du sabotage parce que cela y va de ma crédibilité. Notre institution collabore avec l’Etat. Nous lui donnons des conseils et nous sommes dans le dialogue permanent pour améliorer les conditions des personnes privées de liberté. Nous ne sommes pas là pour critiquer l’Etat ou l’enfoncer, nous l’aidons à trouver des solutions.
Quelle lecture faites-vous de la mort d’un présumé voleur dans les locaux de la police de Thiaroye la semaine dernière ?
Je lu cet article dans la presse. Je ne peux pas donner mon opinion tant que je n’ai pas fait d’enquête. Je compte me rendre lundi (aujourd’hui) sur les lieux pour y voir plus clair. Il y a deux thèses contradictoires mais nous, nous allons jouer notre rôle.
Est-ce que ce cas ne remet pas en cause vos efforts dans la lutte contre la torture ?
Pas du tout. Et dans ce cas précis, est-ce qu’il y a torture ? Pour l’instant, on n’en sait rien. Mais ce n’est pas un cas qui va remettre en cause toutes nos actions.
Quelle est la situation des lieux de privation de liberté ?
Nos prisons datent de l’ère coloniale et il n’y a pas eu de modification. Il y a beaucoup de détenus, ce qui fait qu’ils ne sont pas dans un endroit confortable. Il n’y a pas assez de matelas, de choses qui pourraient rendre leur vie un peu plus humaine. Les totures, il y en a, d’ailleurs on en parle aujourd’hui. Peut-être que ce n’est pas vrai mais il faut savoir qu’il n’y a pas de risque zéro. Nous continuons à combattre ce phénomène. Les mauvaises conditions sont dues à l’étroitesse des lieux. Pour la nourriture des détenus, il y a beaucoup d’améliorations. Ils mangent 3 fois par jour. Il y a des Sénégalais qui n’arrivent plus à assurer les 3 repas du jour. Maintenant, les détenus souhaitent mieux que ça. C’est leur droit.
L’Etat déroule une politique de construction ou de réhabilitation de prisons. Est-ce qu’une telle approche est la meilleure solution pour offrir aux personnes privées de liberté de meilleures conditions de vie ?
Disons que cela fait partie des conditions mais ce n’est pas l’idéal. On ne rêve pas d’avoir trop de prisons dans le pays, on souhaiterait avoir moins de délinquants. Dans ce cadre, nous avons organisé des séances thématiques avec des magistrats à Kaolack, Saint-Louis et Ziguinchor pour parler des peines alternatives à l’incarcération. Ce sont des peines mineures qui se substituent aux mandats de dépôt systématiques. Il y a l’ajournement. En effet, dans le cas d’un abus de confiance, le juge peut vous donner un délai pour rembourser ce que vous avez pris à travers un délai. Maintenant si ce délai n’est pas respecté, on décerne au fautif un mandat de dépôt. Il y a aussi les travaux au bénéfice de la société qui est une peine alternative. On a également le sursis et le contrôle judiciaire. Il faut aussi régler un certain nombre de choses. Au Sénégal, l’état civil n’est pas au point. Beaucoup de Sénégalais n’ont pas d’actes d’état civil, ni d’adresse… Si on veut appliquer les peines alternatives, il y a des aspects qui empêchent le juge de les prononcer. Le juge ne va pas prendre le risque d’appliquer ces peines alors que la personne incriminée n’est pas bien localisée. L’Onlpl est en train de voir avec l’Etat du Sénégal pour une solution à ces problèmes.
Dans vos visites dans les prisons, est-ce qu’il y a une collaboration avec les agents chargés de la surveillance ?
Nous sommes une institution indépendante appuyée par le ministère de l’Intérieur, le ministère des Forces armées qui envoient des circulaires pour demander aux agents de prison de nous faciliter la tâche. Nous travaillons en toute collaboration avec ces agents-là qui nous aident dans nos missions. Le directeur de l’Administration pénitentiaire met à notre disposition tous les registres. On discute de l’atmosphère de travail et de la manière dont vivent les détenus. Tout se passe bien. Après, nous visitons tous les coins et recoins de la prison pour finir avec des contacts en aparté avec les prisonniers sans la présence des autorités pénitentiaires. C’est là où on apprend beaucoup de choses sur le vrai visage de la prison. Ces derniers posent des problèmes de maltraitance, de l’absence de cour de promenade, des problèmes de nourriture, d’étroitesse des lieux et surtout nous interpellent sur les longues détentions. Après, on revient chez le directeur de l’Administration pénitentiaire pour faire un débriefing dans la confidentialité. On lui rapporte les manquements constatés tout en faisant des recommandations. Il faut savoir que peu de détenus nous rapportent des cas de torture. Ils insistent surtout sur leurs conditions de vie. Il y a eu très peu de cas de torture depuis que nous sommes là.
Les Ong de défense des droits de l’Homme mènent ce travail d’enquête dans les prisons et dressent des rapports. Qu’est-ce qui différencie l’Onlpl de ces structures ?
C’est vrai que les Ong font la même chose que nous. Elles sont plus libres, entrent dans les prisons, observent et diffusent leurs rapports de façon très large dans les médias. Nous par contre, sommes dans le dialogue avec l’Etat. C’est vrai que je suis nommée par le président de la République pour une durée de 5 ans non révocable mais je suis indépendante. Personne ne peut me faire quitter cette place. Je ne reçois de directives de qui que ce soit. A aucun moment, l’Etat ne me donne des instructions. Nous faisons des propositions de modification de loi. Ça, les Ong ne le font pas. Nos rapports sont envoyés au ministère concerné qui, à son tour, les donne au président de la République. Pour le rapport de 2018, on est en train de finir avec les dernières corrections. Nous faisons des conseils à l’Etat mais nous ne pouvons pas le contraindre à appliquer nos recommandations.
Quel est le montant de votre budget ?
Ce n’est pas très important. L’Etat nous donne juste un budget de fonctionnement mais la plupart de nos fonds viennent des bailleurs comme l’Union européenne. Grâce au travail que nous faisons et les rapports que nos sortons, les autres bailleurs vont se rendre compte du travail sérieux. Par conséquent, ils nous accordent des fonds importants qui permettent de faire des actions de grande envergure.
La plus célèbre des prisons sénégalaises, c’est celle de Rebeuss avec sa surpopulation. Quelles sont les recommandations de l’Onlpl pour cette prison ?
C’est vrai que la prison de Rebeuss est surpeuplée mais il y a eu beaucoup d’aménagements modernes : des parloirs, un greffe informatisé… On a visité la prison de Koutal qui est en train d’être réhabilitée avec 500 places. Dans le cadre du désengorgement, je pense que certains détenus de Rebeuss iront à Koutal. Dans ce dernier endroit, il y a un grand hangar avec des machines de menuiserie pour la réinsertion des détenus. Sous peu, ce sera livré. Il y a aussi la prison de Sébikhotane. Le ministre de la Justice nous a dit que sous peu, les chantiers vont démarrer avec 1500 places. Il faut dire que concernant le respect des droits de l’Homme dans les prisons, le Sénégal, par rapport aux autres pays africains, n’a pas beaucoup à se plaindre.
MACKY SALL-XI JINPING, UN PARI SUR L’AVENIR
Un nouveau prisme est prôné depuis quelques années dans la conduite de la coopération économique du Sénégal - Ce prisme est celui de relations gagnant-gagnant et de profitabilité mutuelle
Dakar a été la première étape de la tournée africaine du Président Xi Jinping. Kigali sera la deuxième étape de ce voyage. Le chef de l’Etat chinois bouclera sa visite en terre africaine par le pays de Nelson Mandela, où il va participer au Sommet des «Brics», regroupement de pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Le Président chinois a soigneusement choisi les pays à visiter et on peut considérer qu’il n’a mis en avant que ce que son pays pourrait gagner dans une dynamique de partenariat.
La grande visite de Xi Jinping, accompagné d’une délégation aux mêmes allures que s’il devait aller à Washington ou dans une autre grande capitale du monde, révèle que pour les autorités chinoises, l’avenir de leur coopération en Afrique se trouve dans ces pays visités. Le Rwanda et le Sénégal, notamment, présentent la carte de visite d’être des pays avec un certain dynamisme économique, on peut même dire un allant, car s’appuyant sur des fondamentaux solides. Ces deux pays offrent les meilleures perspectives économiques sur le continent africain.
Toutes les institutions économiques et financières internationales s’accordent sur cette analyse. Aussi, ils offrent le visage d’être dotés de régimes politiques stables. Les choix du Sénégal et du Rwanda ne sont donc pas le fruit d’un hasard. On peut considérer que c’est dans ces deux pays que la Chine compterait s’installer durablement et développer des relations d’affaires. Comme on peut aussi ajouter que le choix de venir au Sénégal est une option ou un pari clair du Président chinois. C’est un choix délibéré, car on pourra toujours dire que le fait que le Président Paul Kagamé soit le président en exercice de l’Union africaine ne serait pas étranger à la décision de Xi Jinping de visiter le Rwanda. Par contre, en venant au Sénégal, le Président chinois met en avant un choix objectif. C’est donc un privilège singulier pour le Sénégal. Ils sont nombreux, les pays africains qui auraient bien aimé dérouler le tapis rouge à Xi Jinping.
Au prochain Sommet Chine-Afrique, prévu en septembre 2018, le Président Macky Sall devra avoir une posture de privilégié. En effet, la visite d’Etat du président de la République populaire de Chine, avec la signature de différents accords de coopération dans des domaines tels que les infrastructures, l’aviation civile et la justice, mérite une attention particulière dans les choix du Sénégal de conduire sa coopération. Un nouveau prisme est prôné depuis quelques années dans la conduite de la coopération économique du Sénégal qui, faut-il encore le rappeler, s’inscrit dans une longue tradition diplomatique d’ouverture. Ce prisme est celui de relations gagnant-gagnant et de profitabilité mutuelle. Le Président Léopold Sédar Senghor, en dépit de sa trop grande proximité avec la France, avait cherché à développer des relations d’ouverture vers d’autres Nations du monde. Le Sénégal, sous le magistère de Léopold Sédar Senghor, était par exemple l’une des figures de proue du «Mouvement des pays non alignés». Il entretenait des relations, sans aucun complexe, avec la Chine, la Corée du Nord ou les pays arabes et asiatiques.
Le Président Abdou Diouf, plus timoré, ne jouera pas moins sa partition en privilégiant les relations bilatérales avec certains pays arabes comme l’Arabie Saoudite ou le Koweït. Abdoulaye Wade brisera tous les codes et s’affranchira de toutes les contraintes diplomatiques. Avec beaucoup d’audace, il avait cherché à ouvrir la coopération de son pays vers de nouveaux alliés. Cette approche n’avait pas eu l’heur de plaire à de nombreuses chancelleries occidentales, des «amis» traditionnels du Sénégal. Mais le Sénégal avait tenu à explorer de nouveaux partenariats avec les pays émergents d’Asie et les pays arabes. Dans un monde de compétition entre Etats, cette dynamique a surtout trouvé sa légitimité dans le fait que les «amis» du Sénégal, qui s’effarouchaient de ces nouvelles relations amicales du Président Wade, s’évertuaient à en tisser davantage avec ces mêmes pays. On ne le dira jamais assez, l’obtention de gain pour les pays dans les relations qu’ils entretiennent est un enjeu capital. Les Etats mettent en avant leurs potentialités et collaborent dans l’optique d’avoir les meilleurs gains pour leur population.
LE SENEGAL, UN NOUVEAU PARTENAIRE DE REFERENCE POUR LA CHINE
Le Président Macky Sall s’illustre parfaitement sur ce registre. Ainsi travaille-t-il à développer les relations du Sénégal avec des pays comme la Russie, la Turquie, l’Inde, le Brésil, les pays arabes et asiatiques. Cette posture réaliste a eu du mal à s’inscrire dans les dynamiques des Etats africains en coopérant avec d’autres entités souveraines, mais un changement de paradigme se note avec des puissances comme la Chine. Cette dernière cherche à inscrire sa coopération internationale dans un registre nouveau que celui des traditionnelles relations entre pays développés et pays en développement, ou sous une dialectique Nord-Sud. Le propos du Président Xi Jinping appelant à une collaboration entre la Chine et le Sénégal, sincère et entre égaux, témoigne d’une approche différente. Il y a de moins en moins d’effusions philosophiques dans les relations diplomatiques. Il appartient à des pays comme le nôtre de capitaliser au mieux dans la coopération avec d’autres entités étatiques sur nos capacités et potentialités. La Chine s’est hissée en quelques années au rang de deuxième partenaire commercial du Sénégal. Les échanges commerciaux entre le Sénégal et la Chine sont en forte évolution, atteignant plus de 1 264 milliards de francs Cfa en 2017. C’est une destination d’exportation de produits agricoles sénégalais dont l’arachide, avec une présence de plus en plus importante d’opérateurs chinois au Sénégal pour la collecte de graines. La coopération entre la Chine et le Sénégal touche la réalisation d’infrastructures. Les projets de routes et d’autoroutes de l’Etat sénégalais connaissent une implication des entreprises chinoises.
L’autoroute Thiès-Touba, le pont à péage de Foundiougne et les travaux d’entreprises chinoises dans la ville de Diamniadio sont des exemples patents de réalisations dans le cadre du partenariat sino-sénégalais. Le Président Macky Sall a indiqué que des financements de la Chine au Sénégal sont à hauteur de 1 200 milliards de francs Cfa pour l’heure, avec près de 900 milliards investis entre 2012 et 2018. L’axe Dakar-Pékin se porte bien et semble augurer d’un avenir plus renforcé en vue de la conduite de grands projets au Sénégal. Les perspectives de collaboration se multiplieront, notamment dans des secteurs comme l’énergie, l’hydraulique, la santé, l’économie numérique et l’agriculture. Déjà, le Président Macky Sall avait négocié avec le Président Hu Jintao l’élection du Sénégal comme destination touristique autorisée pour les populations chinoises. Des actions pour développer ce créneau devraient rapporter gros pour le Sénégal, quand on connaît le dynamisme des touristes chinois qui partent découvrir des pays étrangers. Les perspectives économiques du Sénégal, notamment avec l’exploitation du pétrole et du gaz, devront attirer davantage les investisseurs chinois et les opérateurs dans des domaines connexes aux métiers des hydrocarbures.
L’ouverture d’une ligne commerciale aérienne directe entre le Sénégal et la Chine devra fouetter les échanges et présenter de nombreux avantages et opportunités pour les milieux d’affaires des deux pays. Au niveau diplomatique, la Chine et le Sénégal s’accordent sur des questions majeures comme la réforme du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, avec une meilleure représentativité de l’Afrique, ainsi que la lutte contre la pauvreté, en s’imprégnant des réalités des populations affectées, la gestion des échanges commerciaux mondiaux et les changements climatiques. Il est prévisible que les autorités sénégalaises et chinoises se concerteront davantage face aux grands enjeux internationaux dans les différentes instances. La visite d’Etat du Président Xi Jinping et les ententes conclues, consolidant davantage l’axe Dakar-Pékin, montrent qu’il est bien possible pour un pays comme le nôtre de nouer des alliances profitables et de se faire partenaire de référence. Un potentiel est bien là. L’audace de bouger les lignes, de s’inscrire dans du nouveau et de se faire exigeant est une des lignes qui doivent guider l’action de nos dirigeants dans la conduite de la coopération internationale du Sénégal.
«L’ARÈNE NATIONALE EST UN RÊVE QUI DEVIENT RÉALITÉ»
Le monde de la lutte a son joyau - Plus de vingt mois après la pose de la première pierre, le président de la République a reçu hier à Pikine les clés de l’infrastructure dont le coût est estimé à 32 milliards FCFA
Le président de la République Macky Sall a reçu hier des mains de son homologue chinois Xi Jinping les clés de l’arène nationale, en présence du ministre des sports Matar Bâ. Profitant de l’occasion, le patron du sport sénégalais a salué la coopération sino-sénégalaise avant de se féliciter du tout nouveau complexe multifonctionnel.
Le monde de la lutte a son joyau. Plus de vingt mois après la pose de la première pierre, le président de la République a reçu hier à Pikine les clés de l’infrastructure dont le coût est estimé à 32 milliards FCFA. Etabli sur une superficie de 7 hectares, avec une capacité de 20.000 places, le complexe a été construit par la République populaire de Chine. Les acteurs ont réservé un accueil spécial au Président Macky Sal et à son homologue chinois Xi Jinping qui s’était déplacé pour la circonstance. Le monde sportif est venu témoigner sa gratitude au chef de l’Etat pour la réalisation de ce complexe qui était une vieille doléance. Avant l’arrivée des deux dirigeants sur le site, «Allez Casa» a assuré l’ambiance à travers ses belles chorégraphies. Et c’est vers 10 heures que le Président Sall et son homologue sont arrivés sur les lieux.
Après les salutations d’usage et le protocole, le Président chinois a symboliquement remis les clés de l’arène au chef de l’Etat sénégalais, sous les applaudissements de l’assistance. Prenant la parole, le ministre des Sports Matar Bâ a magnifié les relations entre le Sénégal et la Chine, avant de rappeler l’importance d’une telle infrastructure pour la jeunesse sénégalaise. «L’arène vient combler un grand vide. Les pratiquants et les amateurs l’ont toujours rêvée. Mais grâce à la Chine, la réalité a dépassé le rêve. En plus des combats de lutte, le complexe accueillera aussi d’autres activités sportives», a souligné le ministre des Sports.
L’arène nationale s’ajoute à d’autres infrastructures sportives construites par la Chine au Sénégal dont le Stade Léopold Sédar Senghor ou encore les stades régionaux. Matar Bâ qui s’est prononcé au nom du chef de l’Etat a remercié la République populaire de Chine, à travers son Président Xi Jinping. «Au nom de son excellence Monsieur le Président Macky Sall, je salue avec respect notre distingué hôte, Monsieur le Président chinois et l’ensemble de ses ministres. Cette mobilisation du monde sportif traduit la satisfaction et la reconnaissance du Sénégal envers la République populaire de Chine pour la réalisation de complexes sportifs», a déclaré le ministre des Sports, avant de rendre hommage aux personnes qui se sont impliquées pour la réalisation du complexe.
«J’AI BEAUCOUP D’INQUIÉTUDES POUR LA MAINTENANCE»
Inauguration de l'arène nationale - Alioune Sarr a relevé l’importance de l’infrastructure, tout en invitant les acteurs de la lutte à préserver ce qui est désormais leur «bien» - ENTRETIEN
Le président du comité national et gestion de la lutte (Cng) a assisté hier, à la cérémonie de remise des clés de l’arène nationale au chef de l’Etat Macky Sall. Alioune Sarr a relevé l’importance de l’infrastructure, tout en invitant les acteurs de la lutte à préserver ce qui est désormais leur «bien».
L’As : quel sentiment vous anime avec la remise des clés de l’arène nationale ?
Alioune Sarr : Nous rendons grâce à Dieu de nous donner vie et santé pour être présent à la remise officielle des clés de ce bijou. C’est un complexe sportif, dominé sans doute par l’arène nationale. Mais n’oublions pas qu’en dehors de la lutte, il y a un complexe hôtelier et des salles d’entrainements pour les sports de combat. Il y a aussi plusieurs bureaux et éventuellement un musée des sports de combat.
On peut dire que le monde la lutte n’a plus d’inquiétudes?
Depuis 1960, cela a été la volonté, mais aussi l’envie de tous les Présidents qui se sont succédés. Cela a été le cas de Léopold Sédar Senghor à Me Abdoulaye Wade en passant par Abdou Diouf. Mais Dieu a fait que cela s’est réalisé sous le magistère de Macky Sall et de son ministre des Sports Matar Ba. Lors de la pose de la première pierre, j’avais dis que l’éléphant blanc devient une réalité. Aujourd’hui, nous avons notre arène.
Qu’est-ce qu’il faudra pour préserver ce joyau ?
Je ressens beaucoup de satisfaction. Je suis honoré, mais j’ai aussi beaucoup d’inquiétudes. La faiblesse des Sénégalais se trouve souvent au niveau de la maintenance. Il faudrait qu’on soit conscient, mais qu’on fasse en sorte que ce bijou qui n’existe nulle part à travers le monde, puisse être bien entretenu.
«J’AI VU LA MORT EN FACE»
Le directeur général du quotidien national «Le Soleil» a échappé de peu à une agression par arme blanche alors qu’il présidait une assemblée générale dans son fief politique à Dakar-Plateau
Le directeur général du quotidien national «Le Soleil» a échappé de peu à une agression par arme blanche hier, alors qu’il présidait une assemblée générale dans son fief politique à Dakar-Plateau. D'après des sources de « l’As », son agresseur, Fallou Dione, le patron local de la Cojer, a été interpellé tard dans la soirée au domicile de l’ancien secrétaire d’Etat à qui il était venu présenter ses excuses.
En perspective de la collecte de parrains pour la présidentielle, l’Apr devra d’abord exorciser ses démons. Hier, le directeur général du quotidien national « Le Soleil » a échappé de peu à un coup de poignard. Son agresseur, un responsable de jeunesses républicaines, nommé Fallou Dione, a été stoppé à quelques mètres de lui alors qu’il détenait un couteau de chasse.
En effet, Yakham Mbaye avait organisé une assemblée générale avec ses militants en vue de les sensibiliser sur le parrainage. Seulement, la rencontre n’a pas été rose pour Fallou Dione qui a été vertement critiqué pour avoir fait main basse sur de l’argent que l’ancien secrétaire d’Etat à la communication mettait à sa disposition pour mobiliser les jeunes. Le pot aux roses a été vidé lors de l’assemblée générale. D’après des proches de M. Mbaye, après avoir bu le calice jusqu’à la lie, le jeune Fallou s’est retiré pour revenir en compagnie de nervis après la rencontre «pour laver l’affront».
Alors que Yakham Mbaye devisait tranquillement avec des militants, il a été pris à partie. N’eut été la promptitude de la réaction de sa sécurité, le jeune Fallou, muni de son couteau de chasse, le lui aurait planté. C’est par une porte dérobée qu’il a été exfiltré. Joint au téléphone Yakham Mbaye peu prolixe déclare : «J ai vu la mort en face».
D’après nos informations, il a fallu l’intervention des éléments du Commissariat central pour mettre fin aux affrontements entre les militants de Yakham Mbaye et les nervis de Fallou Dione. D’ailleurs tard dans la soirée «L’As» a appris que Fallou Dione a été interpellé par la police alors qu’il se rendait au domicile de Yakham Mbaye pour lui présenter des excuses.
LE FNR ETALE SES DOLÉANCES AU KHALIFE GÉNÉRAL DES MOURIDES
Une délégation composée de Mamadou Diop Decroix, Oumar Sarr, Pape Diop, Habib Sy, Me El Hadj Amadou Sall et des représentants des autres organisations membres du Front de résistance nationale s'est rendue à Touba
Une délégation composée de Mamadou Diop Decroix, Oumar Sarr, Pape Diop, Habib Sy, Me El Hadj Amadou Sall et des représentants des autres organisations membres du Front de résistance nationale (Frn) s’est rendue hier, à Touba dans le but de s’entretenir avec le Khalife général des mourides. Une rencontre au cours de laquelle les membres du Front ont exposé toutes leurs doléances au Khalife.
Elle n’a rien laissé de côté. L’opposition regroupée au sein du Front de résistance nationale (Fnr) a exposé hier, au Khalife Général des mourides toutes ses préoccupations et inquiétudes «face aux menaces graves qui pèsent sur la paix civile et la stabilité politique du pays suite à une série de dérèglements survenus dans le processus électoral et, plus généralement, sur l’état de la démocratie et des libertés dans le pays». En effet, une importante délégation du Front démocratique et social de résistance nationale a été reçue à Touba par le Khalife Général des mourides, Serigne Mountakha Bachir Mbacké.
Lors de cette entretien avec ce dernier, la délégation composée de Mamadou Dop Decroix, Oumar Sarr, Pape Diop, Habib Sy, Me El hadj Amadou Sall et des représentants des autres organisations membres du Front est largement revenue sur les sujets d’actualité à savoir entre autres : La détention du député-maire de Dakar, Khalifa Sall et l’inscription rejetée de Karim Wade. Face aux guides religieux, la délégation a exposé «les violations graves des droits et libertés, de leaders politiques que l’on cherche à écarter des compétitions électorales et dont les premières victimes sont Karim Meïssa Wade, candidat du Parti Démocratique Sénégalais qui a vu son inscription sur les listes électorales supprimée par le ministère de l’Intérieur en violation de la loi, et Khalifa Ababacar Sall maire de Dakar que l’Etat du Sénégal refuse de libérer en dépit de l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao qui a clairement invalidé la procédure qui l’a envoyé en prison».
Mettant à profit cette visite, Mamadou Diop Decroix et ses camarades ont aussi illustré leurs propos par le sort réservé à l’imam Ndao qui vient d’être totalement acquitté des accusations de terrorisme alors qu’il a été détenu pendant trois longues années qui lui ont porté d’immenses torts à tous égards. Elle a également saisie l’occasion pour rappeler «la persécution dont Serigne Assane Mbacké est victime, toujours poursuivi en justice pour des raisons strictement politiques».
Dans la foulée, elle a aussi abordé le processus électoral marqué par «les efforts de démantèlement systématique des règles consensuelles en vigueur, de 1993 à 2014 et ont servi à arbitrer près d’une dizaine d’élections qui se sont toutes passées dans la paix et la tranquillité». A ce sujet, la délégation a informé le Khalife Général des mourides des recommandations fortes de l’Union africaine suite à la mauvaise organisation des élections législatives de juillet 2017 selon lesquelles «le gouvernement devrait réinviter, dans un cadre incitatif à la poursuite du dialogue permanent, l’ensemble des acteurs politiques en vue de décrisper le climat politique, de promouvoir une résolution consensuelle des différends politiques et de restaurer un climat de confiance pour la préservation de la paix et de la cohésion sociale».
Au demeurant, la délégation a enfin sollicité les prières du guide pour un retour à des concertations sincères de nature à ramener un climat de confiance gage de paix et de stabilité et pour un retour à l’approvisionnement normal des population en eau potable.
LES CADRES DE REWMI DÉCLINENT LEUR PROGRAMME
"Nous avons lancé la cellule des cadres de Rewmi, avec une conférence portant sur trois thèmes : la pêche, et l’emploi des jeunes, et le Pse que nous considérons comme un véritable échec, aujourd’hui"
Dans le cadre de l’opérationnalisation de leurs différentes cellules, les cadres du parti Rewmi ont organisé une conférence publique, samedi dernier. cette rencontre qui, a porté sur trois thèmes (pêche, Pse et emploi des jeunes), a été une tribune pour les camarades d’Idrissa Seck de dévoiler leur stratégie en direction de la présidentielle de 2019.
La cellule des cadres de Rewmi (Cecar) a été officiellement lancée, samedi dernier. Une occasion pour les membres de cette cellule de s’exprimer sur la gouvernance économique du Président Macky Sall, qui selon eux, s’est révélé être un échec patent. «". Nous voulions faire le tracking du gouvernement sénégalais dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Car, il faut qu’il comprenne qu’à chaque fois que les ministres font des déclarations qui nous concernent, nous avons les répondants à Rewmi, parce que nous avons les ressources humaines pour cela », soutient Abdourahmane Diouf désigne coordonnateur de la Cecar qui trouve que la plupart des politiques mises en place par la régime sont incohérentes. «Pour preuve, quand on regarde le programme du gouvernement du Président Macky Sall, on s’aperçoit que l’économie sénégalaise est désincarnée parce qu’elle n’est pas basée sur le vécu quotidien des Sénégalais. Tout le discours qu’ils servent sur le taux de croissance est faux. Même si on n’a pas fait d’études, on peut se rendre compte qu’il y a un décalage entre ce que nous vivons et les agrégats économiques qu’on nous présente. Ils disent que 2018 est une année sociale. Mais nous pensons que c’est une année sociale qui n’a aucune considération empirique. Ce qui est une réalité, c’est un bilan négatif, parce que les pauvres sont en train d’augmenter», martèle l’ancien directeur général de la Sones.
Pour sortir le Sénégal du gouffre dans lequel l’ont plongé Macky Sall et son régime, les rewmistes estiment qu’ils en ont les moyens. «Nous avons constaté un échec majeur et nous sommes en train de travailler pour l’alternative. Aujourd’hui, nous avons les ressources humaines nécessaires pour présenter un programme alternatif plus efficace que le Pse sans payer 2,5 milliards Fcfa à un cabinet étranger. Nous allons internaliser et nous travaillons sur ce programme que nous allons vous divulguer bientôt. Pour cela, nous sommes en train de travailler de façon méthodique», informe Abdourahmane Diouf.
Le programme ficelé par la Cecar comporte 5 phases. Rewmi a participé à l’élection du Président Macky Sall, et depuis lors, nous avons observé 5 temps dans notre processus de communication. C’est ce que nous voulons proposer aux Sénégalais. Il y a d’abord eu une période de retenue républicaine, ensuite une phase critique pendant laquelle nous avons quitté Bby, une période de doute, puis la phase où nous avions la certitude de l’échec de Macky Sall. Et là en 2018, nous sommes actuellement dans la phase de l’alternative politique. Nous sommes sur une posture où nous disons le «Sénégal d’abord».
C’est là où Macky Sall a échoué. Il n’a jamais su mettre les intérêts du Sénégal au dessus des intérêts des étrangers. Il n’a jamais compris que les intérêts du secteur privé sénégalais devaient primer sur tous. C’est ce que nous sommes en train de mouler dans le cadre d’un programme de gouvernement. C’est un programme qui s’articulera autour des intérêts des Sénégalais», indique Abdourahmane Diouf.
«POUR MACKY SALL ET ADAMA BARROW, L’HEURE DE CRÉER UN SEUL ÉTAT A SONNÉ !»
Me El Hadj Guissé, juriste à la cour africaine d’Arusha (Tanzanie) plaide pour la refondation de la Sénégambie - ENTRETIEN
Célèbre avocat et ancien magistrat, Me El Hadj Guissé a eu à occuper différentes fonctions dans le système judiciaire de notre pays. Il a aussi exercé de hautes responsabilités sur le plan international. Si nous l’avions perdu de vue, c’est parce qu’il est actuellement en service à la Cour Africaine de Justice à Arusha (Tanzanie). En sa qualité de citoyen sénégalais et de militant africain des droits de l’homme, Me El Hadj Guissé a choisi « Le Témoin » pour sortir de sa réserve et s’adresser aux présidents Macky Sall et Adama Barrow pour la création d’un seul Etat : la Sénégambie. Entretien.
Le Témoin : Pourquoi voulez-vous vous adresser directement aux présidents Macky Sall du Sénégal et Adama Barrow de la Gambie ?
Me El Hadj Guissé : Parce que ces deux chefs d’Etat ont actuellement en mains le destin de nos deux peuples liés par la géographie et malheureusement séparés par l’histoire. Aujourd’hui, ces mêmes peuples de la Sénégambie payent un lourd tribut à cette histoire coloniale du Sénégal et de la Gambie. Et les présidents Macky Sall et Adama Barrow sont appelés à corriger ce sombre cahier d’histoire. Car les événements douloureux, accidentels ou volontaires qui endeuillent régulièrement le Sénégal et la Gambie en sont les preuves. Depuis notre accession à la souveraineté internationale, l’idée d’une Sénégambie réunifiée avait été nourrie et caressée par nos peuples. Cette idée, il ne faut jamais l’abandonner car nos difficultés, quelle que soit leur nature, ne trouveront de solution que dans la réunification de la région naturelle de la Sénégambie. Du fait de cette ambiguïté historique et stupide, des foyers de tension, qui auraient pu être évités, ont éclaté faisant des milliers de victimes et des destructions insupportables du peu de nos biens. Sans oublier le naufrage du bateau « Le Joola » qui aurait pu être évité si les voies terrestres qui traversent la Gambie avaient été sérieusement libérées ou encore si les routes avaient été sécurisées. Mais si rien n’est fait par les chefs d’Etat, les peuples de la Sénégambie mèneront peut-être leur propre lutte pacifique pour se retrouver et pour reconstituer leur entité.
Pensez-vous que cette lutte pourra porter ses fruits sans la volonté des présidents Macky Sall et Adama Barrow ?
C’est justement pour cela que je lance un appel à nos chefs d’Etat que sont Macky Sall et Adama Barrow pour qu’ils reprennent la vieille idée de la réunification de la Sénégambie qui seule pourra assurer notre sécurité et notre développement économique et social. Nous ne devons pas oublier que notre indépendance économique, qui elle seule peut nous libérer, est loin d’être acquise. Je lance le même appel à tous nos frères et sœurs sénégambiens pour la réalisation de notre rêve commun. Nous souhaitons que naisse et se développe chez chacun d’entre nous, la volonté ferme d’atteindre cet objectif. Nous en appelons également aux anciennes puissances coloniales, dont les engagements positifs constitueront le test de leur bonne volonté de voir nos peuples s’épanouir après tant de siècles d’esclavage, de colonisation et d’exploitations de toutes sortes. Cet appel, je l’avais lancé à l’occasion du premier anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola » où nous avons perdu des milliers de nos frères et sœurs sénégambiens. Nos hommes politiques du Sénégal et de la Gambie doivent comprendre que le pouvoir n’est pas le seul objectif à atteindre dans la vie en société. La politique n’est pas là pour faire le bonheur des hommes, elle est là pour combattre le malheur et la souffrance des peuples. Vous savez que les anciennes puissances coloniales ne nous faciliteront pas la tâche car ce n’est pas dans leurs intérêts. L’indépendance, la vraie pour nous peuples de la Sénégambie, sera obtenue le jour où le Sénégal et la Gambie formeront un seul et même Etat.
Vous dites un seul Etat ! Votre position nous renvoie à la position du colonel Abel Ngom, ancien commandant de l’opération « Fodé Kaba 2 », qui disait que le Sénégal d’Abdou Diouf a raté le coche d’annexer la Gambie en 1981. Est-ce que vous partagez cet avis ?
Moi, je vous renvoie à la question suivante que me posait un journaliste : « quel est votre plus grand souhait aujourd’hui » ? Je répondais en disant que c’est de voir se réaliser la Sénégambie et le peuple sénégambien réunifié. Je rêve de pouvoir un jour exhiber ma nationalité : la nationalité sénégambienne, c’est-à-dire rendre formel ce qui est déjà réel. Le croyant que je suis a intégré dans ses prières ce souhait ; je demande à tous les Sénégambiens, quel que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, d’intégrer ce vœu dans leurs prières et d’œuvrer pour sa réalisation. Pour en revenir à votre question, peut-être qu’à l’époque de Fodé Kaba 2, le contexte n’était pasfavorable à un seul Etat ou un Etat sénégambien. Mais aujourd’hui, les présidents actuels, à savoir Macky Sall et Adama Barrow, semblent se trouver dans de bonnes dispositions pour atteindre cet objectif. Doncl’heure de créer un seul Etat a sonné ! Les partis politiques doivent aussi inscrire cette idée dans leur programme de lutte pour accéder au pouvoir.
Pensez-vous que le sport puisse être le déclic de cette Sénégambie, quitte à intégrer un jour des clubs gambiens dans notre championnat ?
Une très bonne question ! Car le sport, particulièrement le football, est aujourd’hui largement reconnu comme facteur d’intégration. Combien de fois des combats de lutte sénégalais ont été organisés à Banjul ? Et combien de fois des lutteurs gambiens sont venus lutter à Dakar ? Ce sont des affiches que les amateurs ne peuvent plus compter ! Donc, il est temps que les mouvements sportifs organisent des tournois de football et autres rencontres pour entretenir l’idée de la Sénégambie. Les historiens, les géographes, les économistes, les professionnels de la santé, les juristes et les universitaires doivent aussi être au centre de toutes les réflexions tendant à la réalisation de cet objectif c’est-à-dire la création d’un seul Etat entre le Sénégal et la Gambie.