SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 mai 2024
LA CHRONIQUE HEBDO DE BARA DIOUF
MACKY ET SA JUSTICE RATENT L'OCCASION
EXCLUSIF SENEPLUS - Si notre pays avait suivi la Cour de justice de la CEDEAO, il subsisterait quelques lueurs d’espoir - Hélas, le juge Kandji n’a pas osé mettre fin aux dérives de Macky Sall et de ses péroreurs zélés
SenePlus vous propose ce week-end pour des raisons d'ordre technique, cette chronique hebdomadaire habituellement en ligne les jeudi.
Dans un ouvrage collectif écrit par huit jeunes Sénégalais, paru cette semaine aux éditions L’harmattan et intitulé « Sen Njaxas. Cocktail citoyen. », ces mots suivants m’ont particulièrement marqué : « l’homme politique sénégalais ressemble à ce piètre metteur en scène sans génie, incapable même de loufoqueries amusantes, mais qui a un public que tout distrait et qui ne lui formule aucune exigence. Le drame de ce peuple n’est pas d’élire des hommes politiques qu’il mérite. Sa tragédie est de placer, en épilogue de son navrant récit, ses bourreaux qu’il célèbre à la manière d’un saltimbanque cherchant obstinément à amuser une foule indifférente ».
Cette dégradante représentation mentale ne changera pas tant que ceux qui doivent dessiner la trajectoire de notre cheminement se comportent comme des vermines, et que ceux qui sont chargés de redresser les torts jouent aux vieux larbins incapables de reconquérir leur plus petite dignité d’homme. La respectabilité d’un notable - même auréolé de tous les dithyrambes des flagorneurs retors de Sa majesté chantant niaisement l’indépendance de « leur » justice - ne se jauge pas à l’aune de son titre. Elle est dans sa faculté de s’attacher à découvrir la vérité et de la dire. Le juge Kandji, lui, l’a trahie parce qu’il n’a pas osé affronter ses aiguilleurs du palais de la nouvelle monarchie pseudo-élective.
La justice sénégalaise n’est pas digne de son peuple. Ce n’est pas la libération de l’imam Alioune Ndao, destinée à la crédibiliser en ces instants troubles, qui dissipera les doutes qui se sont davantage emparés des Sénégalais depuis l’accession à la magistrature suprême de celui qui nous sert de président. Il est en train de semer la haine pour confisquer un pouvoir qu’il perdra dans sept mois. Sans aucun doute ; et quels que soient les subterfuges et tortuosités de Macky Sall et de sa risible administration chargée de s’occuper de la basse besogne ! L’injustice dont est victime Khalifa Ababacar Sall est le nid de tous les ressentiments. Priver un homme de sa liberté, des enfants de leur père, d’une épouse de l’assistance de son mari, du Sénégal d’un fils digne porteur de propositions destinées à soulager ses compatriotes de leurs souffrances, est d’une inhumanité déshonorante surtout venant de quelqu’un qui crie urbi et orbi avoir été victime d’une injustice dans un passé récent. Quelle minuscule injustice ! On lui avait juste enlevé la sucette que suçote actuellement son papy Niasse dont le silence, comme celui d’Ousmane Tanor Dieng, est ignoble.
Le Sénégal a cessé d’être un Etat de droit. Osons le dire. Un Etat de droit obéit aux « principes de gouvernance en vertu desquels l’ensemble des individus, des institutions et des entités publiques et privées, y compris l’État lui-même, ont à répondre de l’observation de lois promulguées publiquement, appliquées de façon identique pour tous et administrées de manière indépendante, et compatibles avec les règles et normes internationales en matière de droits de l’homme ».
Les insipides tyrans, déroulant, depuis 2012, une représentation théâtrale sur la scène des turpitudes avec la participation de leurs godillots du temple de l’arbitraire et de la persécution, ont flétri cet Etat et détruit les acquis. Si notre pays, loué pour son expérience démocratique, avait suivi la Cour de justice de la CEDEAO, il subsisterait quelques lueurs d’espoir. Hélas, le juge Kandji n’a pas osé mettre fin aux dérives de Macky Sall et de ses péroreurs zélés. Le despote incompétent ne détruit pas seulement les socles d’une nation, il met en péril une aventure collective. Le Sénégal est en danger. Et la seule exigence impérieuse à laquelle devrait satisfaire le peuple est de sauver le pays et de ne pas céder à la peur que veulent installer ceux qui l’assoiffent, affament près d’un million d’âmes innocentes et font de la justice une pestilentielle gentilhommière d’abus. Il faut un rapport de force qui transcende l’opposition et le pouvoir. Et ce, dès aujourd’hui. Car, il est question, plus que des individualités du paysage politique, de notre devenir. Nous ne pouvons plus compter sur cette justice aux ordres. La rue est le théâtre de la lutte réelle contre l’arbitraire.
Ps : Il a été dit que Barthélémy Diaz, injustement incarcéré par Macky Sall et ses juges, est malade. Qu’il le soit ou pas, sa place n’est pas en prison. Il est l’une des figures politiques les plus vaillantes et constantes du Sénégal. Il n’a rien dit qui justifie cette cruauté. Le totalitarisme et l’assujetissement sont révolus. Ceux qui sont incapables de sortir de cette ère ne devraient jamais accéder à la dignité de magistrat et de président de la République. Qu’ils le libèrent. A moins qu’ils ne soient inspirés par la haine. Macky wata watt !
PAR MAMADOU BAMBA NDIAYE
LES DÉLIRES D'UN AVOCAT MARRON
M. Youm attribue à l’opposition la responsabilité des échecs répétitifs de son président, et glisse par effraction un argumentaire non conventionnel dans la discussion politique nationale
Probablement ébranlé par la marée humaine du 13 juillet, le directeur de cabinet du président de la République a tenu, à Thiadiaye, des propos dont la tonalité heurte les esprits sains. Selon lui, «l’opposition utilise le ‘thiat’ pour contrecarrer les actions du président». Pour les non wolofophones, le ‘thiat’ désigne une malédiction ou un mauvais sort accompagnant les paroles d’un adversaire et capable de provoquer, comme la pointe empoisonnée d’une flèche, une brutale paralysie, par exemple celle des 715 chantiers que le pouvoir marron est incapable de faire aboutir.
Prenant ses aises dans cet espace conceptuel peu banal, l’avocat a également accusé l’opposition de s’adonner au ‘ndiabar’, autrement dit des pratiques de sorcellerie de nature, si on comprend bien, à occasionner des pénuries d’eau, d’essence, de médicaments… et de victoires de l’équipe nationale à la Coupe du monde de football. En deux mots, M. Youm attribue à l’opposition la responsabilité des échecs répétitifs de son président, et glisse par effraction un argumentaire non conventionnel dans la discussion politique nationale. Il est permis de rire de ce prétexte de la magie, qui témoigne cependant que le clan au pouvoir a commencé à perdre une compréhension lucide des événements politiques et sociaux. Une chute mentale annonciatrice d’une chute électorale.
La magie, on le sait, est l’ultime recours de ‘Amoul-Yakar’, l’homme sans espérance. Mais, souvent, elle n’est que prestidigitation, habileté à escamoter une réalité et à fabriquer de fausses apparences. Sous cet angle, le directeur de cabinet a suivi la trace de son président qui, quelques jours plus tôt, à Diamniadio, a accusé l’opposition de «confondre politique et mathématique». Cette attaque se voulait une riposte cinglante aux démonstrations de l’opposition, qui a démasqué l’utilisation abusive des résultats de la révision des comptes nationaux pour propager l’illusion d’un grand succès économique concrétisé par un taux de croissance de l’ordre de 6 à 7 %.
Depuis que l’opposition a éventé le stratagème consistant à utiliser une distorsion statistique pour leurrer l’opinion, l’agitation s’est emparée d’un pouvoir désormais préoccupé par la recherche de prétextes plus que par la production de résultats concrets. Ce qu’on attendait de la cérémonie de Diamniadio, c’est la publication des chiffres de croissance base 1999 et base 2014, de 2000 à aujourd’hui, pour qu’on puisse comparer les pommes avec des pommes et non des pommes de terre. Cela permettrait de comprendre définitivement pourquoi les Sénégalais se plaignent d’une forte progression de la pauvreté depuis 2012.
En attendant cet improbable exercice de vérité, il y a lieu d’espérer qu’un mathématicien expliquera au président que, comme la statistique ou la musique, la politique est une application de la science mathématique, tant qu’elle demeure fondée sur une logique rationnelle, c’est-à-dire tant qu’elle n’est pas défigurée par les délires d’un avocat marron.
Mamadou Bamba Ndiaye est ancien député, secrétaire général du MPS/Selal
VIDEO
À SENDOU, LA MENACE DU NOUVEAU PORT
Les deux tiers de ce village situé à 35 km de Dakar, risquent de disparaître avec leurs activités, à cause de la construction sur place, d'un port minéralier et vraquier
Quel est le prix à payer pour devenir un pays émergent ? Chaque jour, des milliers de Sénégalais sont confrontés à cette question. C'est le cas notamment à Bargny et à Sendou. Deux villes à 35 km de Dakar.
Là-bas, les autorités construisent un port minéralier et vraquier. Il devrait être opérationnel d'ici 2021. Mais les deux tiers du village, avec leurs activités, risquent de disparaître. Même les autorités locales s'inquiètent.
Reportage.
PAR JEAN MEÏSSA DIOP
DES MALADES MENTAUX EN VEDETTE DEVANT LA CAMÉRA
Un esprit retors ou méfiant se demanderait ce que ‘’l’homme qui habille et lave les malades mentaux du Sénégal’’ (sic) va-t-il faire des haillons récupérés des errants et mis dans un gros sac - AVIS D'INEXPERT
Les scènes ressemblent à d’autres vues, il y a une dizaine d’années, sur la Rtbf, chaîne de télévision nationale du Burkina Faso : devant une caméra, des individus mènent une ‘’action de générosité’’ en direction de malades mentaux. Au Burkina, filmés par la caméra, les ‘’bienfaiteurs’’ pourchassaient les déficients mentaux alors forcés à s’arrêter dans leur fuite éperdue pour leur permettre de recevoir - de force - des habits et des couvertures.
Au Sénégal, précisément à la Sicap-Mbao, dans la lointaine banlieue de Dakar, un certain Abdou Aziz Diop, lui aussi agissant devant une caméra, ‘’collecte’’ des malades mentaux pour les faire raser, laver et vêtir d’habits dont nous voyons qu’ils sont nouveaux certes, sans pouvoir être certains que ces vêtements sont neufs. Nuance ! Et les scènes filmées sont visibles sur le réseau social Youtube et estampillées leral.net, un portail bien connu de la médiasphère sénégalaise. Le commanditaire de cette opération insolite donne, afin que nul n’en ignore, son adresse géographique et son nouveau surnom : ‘’Le père Teresa sénégalais’’ ! Quand on déploie tant de générosité, il faut que cela se sache ! Bien sûr ! Il faut que cela se chante. Bien sûr aussi !
Mais la vertu semble se tamponner de l’éthique et de la loi qui protège l’identité de toute personne malade mentale. Ne parlons pas de la morale qui réprouve que l’action charitable tintinnabule – sinon plus, qui tambourine et se fait filmer et poster sur la webosphère - et se laisse aller à des élans narcissiques forcément ridicules. L’enseignement biblique veut que la main gauche du donateur ignore ce que fait la droite. Qui n’aura pas procédé dans la discrétion a déjà touché sa récompense qui n’est pas du tout celle que Dieu lui réservait.
Allez savoir s’il n’y a pas un rideau derrière ces actions ; un esprit retors ou méfiant se demanderait ce que ‘’l’homme qui habille et lave les malades mentaux du Sénégal’’ (sic) va-t-il faire des haillons récupérés des errants et mis dans un gros sac. Et un superstitieux se demanderait ce qu’il en est fait des cheveux coupés… Arrêtons là. Déjà que les distributions de ‘’ndogou’’ (repas de rupture de jeûne par temps de ramadan) éveillent des soupçons malicieux, mais bien légitimes, suspectant d’autres intentions derrière la générosité ostentatoire.
L’opération de rasage de malades mentaux à la Sicap-Mbao devrait susciter deux réactions chez le paladin de la cause des déficients mentaux, le sieur Ansoumana Dione, président aussi volubile que tonitruant de l’Association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux déficients mentaux (Assad). En effet, Dione peut saluer l’initiative de ‘’père Teresa’’ et, en même temps, protester contre la mise en scène de handicapés mentaux filmés à visages découverts et montrés ainsi sur un puissant réseau social. Mais Dione privilégie - et s’égare toujours dans - les querelles insolites qui finissent par donner l’impression que l’action de l’Assad et de son président est plus politique que sociale.
‘’Communication, tama la, sabar la, xumben la’’ (la communication, c’est du tama, du tam-tam, de l’ambiance). C’est ainsi qu’un quidam, dans un dossier diffusé le 3 juin 2018 sur la Rfm et portant sur les communicateurs traditionnels, a défini le nouveau nom des griots professionnels. Les professionnels de la communication, mais aussi les théoriciens et sociologues de cette science pourraient nous édifier sur cette définition spontanée et artisanale de ce qui se décline comme ‘’l'ensemble des interactions avec autrui qui transmettent une quelconque information’’. Certes, on ne peut écarter le tambourinage des diverses expressions de la communication, mais cette dernière ne saurait être limitée à du tam-tam et à de la réjouissance.
De plus en plus, depuis qu’on les a affublés de ce titre de communicateurs traditionnels, certains griots tentent de restreindre la communication à ce qu’ils font, mais aussi à quoi les cibles présumés ne sont pas, dans l’absolu, exposés. Evidemment !
VIDEO
LA CAF DRESSE UN BILAN INQUIÉTANT DE L'AFRIQUE AU MONDIAL
"Depuis 48 ans, nous ne l’avons jamais gagné, nous n’avons jamais dépassé les quarts de finale et jamais un joueur n’a fini numéro 1 - La coupe du Monde 2018 est même pire", déclare Ahmad Ahmad patron de l'instance africaine du ballon rond
Lors de la conférence de la CAF sur le Mondial, Ahmad Ahmad a livré son opinion sur la participation africaine ainsi que sur la capacité organisationnelle des pays africains.
Ahmad Ahmad, le président de la CAF, a donné une déclaration aux journalistes, lors de la conférence que la CAF organise actuellement à Rabat pour faire le bilan de la participation des pays africains à la Coupe du Monde 2018.
Ahmad Ahmad trouve que le Mondial russe est "très riche en enseignements à tous les niveaux". Il s’est dit "d’abord surpris par l’ampleur des moyens mis en place pour l’organiser". Il a globalement félicité les Russes qui ont fait de leur leur pays "une terre d’accueil générale".
Pour lui cette coupe du monde est"une des plus réussies et des plus belles".
La capacité organisationnelle des pays africains
Cette réussite interpelle la CAF parce qu’elle l'oblige à se pencher "sur nos propres limites et notre façon d’agir" lorsqu’il s’agit d’organiser des épreuves continentales et internationales.
"Il faut être prudent lorsque nous parlons de nos capacités dans l’organisation et être réalistes", a déclaré le président d’un ton strict. Il affirme qu’il est important d’être "conscient de nos possibilités, de nos limites et surtout de nos faiblesses"
Ahmad Ahmad a ensuite évoqué les lacunes à combler et les comportements à bannir: "il ne faut plus avoir les yeux plus gros que le ventre. Il ne faut plus candidater pour organiser une compétition en misant sur d’hypothétique moyens absents au moment de l’envoi de candidature. Il ne faut plus concourir sans évaluer les limites de son propre pays. Il ne faut plus miser sur le virtuel".
"Personne, surtout la plus grande opinion internationale" ne fera de cadeaux à l’Afrique a-t-il expliqué.
Des questions sur la participation africaine
"Depuis 48 ans, nous ne l’avons jamais gagné, nous n’avons jamais dépassé les quarts de finale et jamais un joueur n’a fini numéro 1. La coupe du Monde 2018 est même pire", a déclaré le dirigeant qui a expliqué comment les sélections africaines ont inscrit, en 15 matchs, 15 buts seulement, 1 c.s.c et ont encaissé 26 buts. Ahmad Ahmad parle d’un bilan "maigre et inquiétant".
Le président ne comprend pas cette "déroute". "Les joueurs africains garnissent les clubs les plus prestigieux de la terre, notre continent est perçu comme un réservoir universel de talents, nous disposons d’un public que la terre entière nous envie", a analysé le Malgache.
"S’agit il de dysfonctionnements dans la préparation, dans le format de qualification, de gestion ou de management des effectifs? Je souhaite que ce soit vous, coachs d’expériences, légendes et experts, qui donnent des réponses et de bons outils pour redresser la barre", a conclu Ahmad.
PAR NIOXOR TINE
CONJURER LA MALÉDICTION DU PÉTROLE !
Cet entêtement à faire fi de nos traditions démocratiques serait-il lié à la découverte de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières ? Le président de l’APR aurait-il reçu des assurances des ténors de la françafrique et des majors pétroliers ?
Les multiples entorses aux normes régissant la vie démocratique de la Nation, observées dans notre pays depuis 2012, loin de relever du hasard, semblent constituer les prémices de la malédiction du pétrole tant redoutée. Cet acharnement à user de tous les subterfuges et reniements pour réduire l’opposition politique à néant et conserver, coûte que coûte le pouvoir revêt, en effet, des dimensions inquiétantes, jusque-là inconnues dans notre pays, même durant la gouvernance autoritaire du parti-État senghorien. En tout cas, la coalition au pouvoir fait montre d’une arrogance et d’une irresponsabilité, qui ne peuvent se concevoir que dans une optique de "coup KO" ou de reconduction assurée de l’actuel régime, au premier tour.
Cet entêtement à faire fi de nos traditions démocratiques serait-il lié à la découverte de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières ? Le président de l’APR aurait-il reçu des assurances des ténors de la françafrique et des majors pétroliers ?
Cela nous amène à penser à la tragique guerre civile qui a sévi au Congo-Brazzaville, durant les années 90, dans laquelle la compagnie ELF avait joué un sinistre rôle.
C’est à la lumière de ces hypothèses, loin d’être farfelues, qu’il faut comprendre le surprenant verdict d’apaisement dont a bénéficié l’imam Ndao, allant à l’encontre des injonctions des puissances occidentales en matière de lutte antiterroriste et du sévère réquisitoire du procureur.
Sans être dans le secret des dieux, on peut retenir que parmi les présumés terroristes en jugement, il y avait bel et bien des personnages inquiétants, des aventuriers drapés du manteau de l’Islam, dont certains ont reconnu leurs liens avec les farouches barbares de Boko Haram. Ces derniers ont pu abuser de la bonne foi de l’ouléma du Saloum, qui ne semble pas avoir le profil d’un ayatollah aux petits pieds, idéologue d’une révolution islamique. Sa libération inattendue pourrait, donc, relever d’une stratégie mûrement réfléchie, ayant consisté à couper la poire en deux, pour que les engagements de l’État sénégalais en matière de lutte contre le terrorisme ne soient pas compromis par les préoccupations bassement électoralistes et de survie politique du régime de l’APR.
En effet, le maintien en prison d’un imam, soutenu par les familles religieuses et surtout par l’écrasante majorité de ses pairs regroupés au sein d’une puissante association, aurait pu constituer la fameuse étincelle de l’immense déflagration sociale pressentie par plusieurs analystes politiques, redoutée par le pouvoir en place et espérée par quelques révolutionnaires nostalgiques.
Si la sagesse semble avoir prévalu dans le traitement du procès des présumés activistes islamiques, il n’en a pas été de même pour celui du maire de Dakar, maintenu en prison, malgré l’arrêt de la CEDEAO, ayant fait la preuve du caractère tronqué de la procédure, qui devait, de ce fait, être purement et simplement annulée.
Concernant les obstacles dressés à la candidature de Karim Wade, ils semblent plus relever d’un complot ourdi par le ministère de la Justice et celui en charge des élections que de dispositions légales, rendues illisibles, à force de tripatouillages et de combines, qui ont fini de décrédibiliser l’ensemble des Institutions et de déprécier les normes juridiques dans notre pays.
Cette situation est à l’origine d’une perte de repères, comme en témoigne la cacophonie, qui caractérise le débat public sur les questions institutionnelles et judiciaires.
Aidés par certains magistrats peu vertueux et de soi-disant avocats de l’État, qui servent en réalité les intérêts politiciens de l’APR, les hommes du pouvoir utilisent une certaine presse aux ordres pour véhiculer des théories fumeuses, qui ont fini d’installer une crise politique lourde de dangers pour la Nation. En effet, comment qualifier une vie politique, où le jeu libre et démocratique des acteurs est remplacé par le vote de lois scélérates, des arrestations arbitraires, des jugements iniques, le tout dans une perspective de confiscation frauduleuse du pouvoir ?
Le seul moyen pour sortir de l’impasse politique, dans laquelle se trouve notre pays et qui risque de perdurer après la présidentielle de 2019, consiste à renoncer aux combines et à rétablir les normes de l’État de droit.
MANIPULATIONS DANGEREUSES
Même si elle n’est pas toujours opérante, la violence à laquelle certains hommes politiques invitent la jeunesse sénégalaise dans leurs discours constitue une menace réelle sur la stabilité du pays
La violence politique monte crescendo au fur et à mesure qu’on s’approche des prochaines échéances électorales. La tension née des affaires Khalifa Sall et Karim Wade risque d’avoir raison de la stabilité du pays si l’on n’y prend garde. Et le discours tenu par certains hommes politiques s’inscrit plus dans une dynamique de raviver la tension que de l’apaiser. Cette radicalisation dans le discours politique est en effet plus visible dans l’opposition que du côté du pouvoir. Depuis un bon moment, on note une cascade de violences pour exiger en effet la libération du député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall et le retour sans condition du candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade, au Sénégal.
Les plus téméraires allant jusqu’à suspendre la tenue des prochaines joutes électorales à la satisfaction de ces deux revendications. Mais le comble de tout, c’est quand l’ancien président de la République s’y met. Dans une déclaration rendue publique avant-hier, l’ex-chef de l’Etat, par ailleurs figure emblématique de l’opposition sénégalaise, n’a pu cacher son amertume. Me Abdoulaye Wade s’est en effet laissé aller à des menaces ouvertes si jamais son fils est écarté de la course à la Présidentielle. ‘’Si Karim Wade n’est pas candidat, il n’y aura pas d’élection dans ce pays. Le PDS va appeler la jeunesse à se rendre au ministère de l’Intérieur et dans les gouvernances pour s’emparer et brûler les listes électorales ne comportant pas les noms de Karim Wade et de Khalifa Sall’’, menace-t-il.
Pr Ibou Sané : ‘’La violence verbale n’a jamais empêché les Sénégalais de voter’’
Auparavant, c’est le Secrétaire général de l’Union des jeunesses travaillistes libérales, Toussaint Manga, par ailleurs député à l’Assemblée nationale, qui est monté au front pour non seulement menacer de saboter toutes les activités électorales du président de la République et de sa coalition, mais aussi de bloquer les élections si Karim Wade n’est pas candidat. ‘’Nous avons décidé en tant que jeunes de ne pas laisser Macky Sall faire sa campagne tranquillement, s’il n’accepte pas que Karim Wade soit candidat. Il ne peut y avoir de meeting de Benno bokk yaakaar dans le pays ou bien des caravanes de Macky Sall. Nous allons nous opposer. Partout où il ira, nous allons lui barrer la route’’, déclare-t-il. Avant d’enfoncer le clou : ‘’Le mot d’ordre est donné pour que les jeunes se mobilisent le jour du scrutin, le matin très tôt, si Khalifa Sall et Karim Wade ne peuvent pas participer aux élections. Tous les bureaux de vote seront bloqués dans tout le pays et nous verrons les voix que Macky Sall pourra décompter pour pouvoir être président encore. S’il n’accepte pas la démocratie, on va la lui imposer.’’
Ce regain de violence dans le discours des politiques, notamment de l’opposition sénégalaise, est-il toujours opérant ? Selon le Professeur en sociologie politique, Ibou Sané, la jeunesse n’est pas très audible à ces genres de discours. Car la société sénégalaise de manière générale est pacifique. ‘’Ce discours correspondait peut-être à une époque bien donnée, mais maintenant, les gens ne l’écoutent pas. On privilégie plutôt la discussion, le débat contradictoire, la recherche de solutions consensuelles plutôt que d’aller vers la violence verbale ou physique’’, estime l’enseignant-chercheur. Poursuivant son propos, il dit : ‘’Le Sénégal d’aujourd’hui n’est plus celui du début des indépendances où la violence avait pris une tournure extraordinaire. Elle tend à disparaître. A chaque fois qu’il y a des élections, il y a des tensions qui ne sont que verbales mais pas physiques. Mais de plus en plus, les populations ont compris. Cette violence verbale n’a jamais empêché les Sénégalais de voter.’’
Pour sa part, le Pr Moussa Diaw estime lui que généralement, ces genres de discours, on les voit quand il y a obstruction, quand la violence qui n’est pas structurelle, est construite, manipulée et organisée. Selon lui, c’est à ce niveau que se situe le danger. ‘’Ç’aurait été une violence structurelle, on peut trouver des solutions politiques. Lorsque cette violence est construite, manipulée et organisée, elle devient dangereuse pour la démocratie et l’équilibre social du pays. On devrait mettre des garde-fous pour éviter de tels dérapages’’, soutient-il.
Si ce discours, à la limite va-t-en-guerre, intrigue autant, c’est qu’il est tenu dans un contexte national assez particulier, à quelques six mois seulement des prochaines échéances électorales. Même s’il n’est pas tout le temps agissant, il est tout de même source d’instabilité politique. ‘’Ce discours est une menace pour le pays à sept mois des prochaines joutes électorales. On peut comprendre un certain nombre de dérapages liés à des frustrations, à une sorte de marginalisation ou à des blocages pour des candidats qui se sentent lésés ou disqualifiés pour des raisons diverses, mais on ne peut pas comprendre qu’on les utilise à des fins politiques.
Parce que la démocratie ouvre des passerelles pour des débats contradictoires qui vont dans le sens de la recherche de compromis et de consensus. Sans cela, on risque de détruire ce qui a été fait en matière de démocratie’’, analyse Moussa Diaw. Aussi, de l’avis de l’enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, c’est vraiment déplorable d’entendre ce discours-tonalité chargé de violence verbale de la part d’un responsable politique, a fortiori d’une personnalité qui a été au sommet de l’Etat. ‘’On ne peut pas comprendre comment un responsable politique puisse tenir ce discours et encourager des gens à aller vers la violence. C’est vrai que la violence et la politique, surtout en Afrique, sont liées à partir du moment où certaines personnalités l’utilisent à des fins politiciennes. Mais dans le contexte politique national, la démocratie bannit cette violence’’, lâche-t-il.
Ces appels à la violence émis par des hommes politiques, surtout de l’opposition, ne doivent ni prospérer, ni continuer à s’opérer dans le landerneau politique. Pour ce faire, le Professeur en sociologie politique, Ibou Sané, invitent les tenants du pouvoir à toujours travailler à l’apaisement du climat social. ‘’Si le parti au pouvoir répondait par la violence, ça allait être le sauve-qui-peut. L’Alliance pour la République a tout intérêt à mettre l’accent sur le consensus, à apaiser les tensions, laisser les gens qui sont de l’autre côté de la barrière s’agiter, bomber le torse et essayer de faire peur à l’autre’’, estime-t-il. Non sans occulter tout le danger que représente un tel discours. ‘’Cette violence verbale peut avoir des conséquences néfastes à la seule condition que le pouvoir réponde. Le président de la République ne répond pas en général aux opposants, ce sont les seconds couteaux qui sont chargés de le faire. Les Sénégalais n’ont pas la culture de l’Etat, ils ont tendance à tout détruire quand ils sont mécontents. Cela nous pousse vers un éternel recommencement. C’est cela qui est dangereux pour les démocraties africaines.’’
Revenant à la charge, le Pr Moussa Diaw pense lui que les tenants du pouvoir ont aujourd’hui l’obligation de donner la possibilité aux politiques de s’exprimer librement, manifester leur mécontentement comme ce fut le cas la semaine dernière à travers la marche de l’opposition qui a été autorisée. ‘’C’est justement pour éviter la violence verbale et la confrontation. Mais si on en arrive à un niveau tel que des responsables politiques donnent des directives et poussent les jeunes à la violence, c’est vraiment regrettable. On ne trouve pas les mots pour condamner cette attitude d’un ancien chef d’Etat’’, déclare-t-il.
MACKY SALL A REÇU LES CLÉS DE L'ARÈNE NATIONALE
L’infrastructure sportive de 32 milliards de francs CFA construite par la Chine dispose d’une capacité de 25 mille places
Le président chinois Xi Jinping a remis symboliquement, dimanche en milieu de matinée à Pikine (banlieue dakaroise), les clés de l’arène nationale à son homologue sénégalais Macky Sall.
L’infrastructure sportive d’un coût de 32 milliards de francs CFA a été construite par la République populaire de Chine. Le complexe est dédié à la lutte traditionnelle, entre autres.
L’arène nationale d’une capacité de 25 mille places comprend différentes salles de sports (arts martiaux,boxe, haltérophilie), des espaces récréatifs, des bureaux de fédérations et clubs, des rampes de démonstration pour les lutteurs.
Accompagnés de leurs épouses, les présidents chinois et sénégalais ont visité l’infrastructure.
D’anciens lutteurs et des lutteurs en activité ont fait des démonstrations de danses et de combats devant les couples présidentiels et un public nombreux.
Le public s’est également massé le long de l’autoroute jusqu’à l’arène pour acclamer le président chinois qui achève ce dimanche une visite de deux jours au Sénégal.
Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, est arrivé samedi en début de l’après-midi à Dakar, première étape d’une tournée africaine qui le mènera au Rwanda et en Afrique du Sud.
Le président chinois et son épouse ont été accueillis à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall et la Première Dame Marième Faye Sall.
La délégation chinoise a eu droit aux honneurs militaires. En début de soirée, le président Xi Jinping s’est rendu au Palais de la République où il a reçu les honneurs de l’escadron montée de garde présidentielle.
De nombreux sénégalais et des ressortissants chinois ont tenu à saluer le président chinois le long du boulevard de la République.
Au Palais de la République, le chef d’Etat chinois a eu un entretien avec son homologue sénégalais. Cet entretien a été élargi aux deux délégations.
Le président sénégalais a élevé son homologue à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Lion.
Le Sénégal et la République populaire de Chine ont signé des accords dans plusieurs domaines.
XI JINPING SALUE LE DYNAMISME AFRICAIN
Le président chinois a salué samedi à Dakar l'Afrique, un continent ’’promis à un avenir radieux’
’’C’est mon premier voyage au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. C’est mon quatrième déplacement en Afrique en tant que président chinois. Chaque fois que je viens en Afrique, je peux mesurer le grand dynamisme de ce continent. Je peux ressentir profondément l’aspiration des peuples africains à une vie meilleure. J’ai le vif sentiment que ce continent recèle un énorme potentiel de développement et qu’il est promis à un avenir radieux’’, a-t-il dit.
Xi Jinping s’exprimait à la suite de son entretien au Palais présidentiel avec le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall. Le Sénégal et la Chine ont signé des accords dans divers domaines.
’’Le développement de la Chine va rapporter plus d’opportunités à l’Afrique. Et le développement de l’Afrique insufflera une nouvelle vitalité de la Chine. Je suis confiant quant à l’avenir de la coopération sino-africaine’’ , a soutenu Xi Jinping.
Le chef d’Etat chinois a rappelé la tenue en septembre du forum Chine-Afrique à Beijing dont le thème est : ’’La Chine et l’Afrique : construire une communauté de destins plus solidaire par la coopération gagnant-gagnant’’.
‘’Ça sera l’occasion d’annoncer de nouvelles dispositions, de nouvelles mesures pour renforcer la coopération sino-africaine tous azimuts dans la nouvelle situation (…) ça sera un sommet historique entre la Chine et l’Afrique’’, a promis Xi jinping.
Le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, est arrivé samedi en début de l’après-midi à Dakar, première étape d’une tournée africaine qui le mènera au Rwanda et en Afrique du Sud.
Le président chinois et son épouse ont été accueillis à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall et la Première Dame Marième Faye Sall.
La délégation chinoise a eu droit aux honneurs militaires. En début de soirée, le président Xi Jinping s’est rendu au Palais de la République où il a reçu les honneurs de l’escadron montée de garde présidentielle.
De nombreux sénégalais et des ressortissants chinois ont tenu à saluer le président chinois le long du boulevard de la République.
Au Palais de la République, le chef d’Etat chinois a eu un entretien avec son homologue sénégalais. Cet entretien a été élargi aux deux délégations. Le président sénégalais a élevé son homologue à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Lion.
PAR HAMIDOU ANNE
VIDEO
NON, M. MACRON, LES AFRICAINS QUI MEURENT EN MÉDITERRANÉE NE SONT PAS ISSUS DE LA CLASSE MOYENNE
Le discours de Macron, après ses sorties sur la démographie africaine et sur les kwassa kwassa comoriens, illustre à nouveau ce qu’il représente : une élite libérale liée aux puissances d’argent porteuse souvent d’un mépris pour les gens ordinaires
Le Monde Afrique |
Hamidou Anne |
Publication 22/07/2018
En marge de sa visite au Nigeria, Emmanuel Macron a accordé une interview à l’animateur Claudy Siar diffusée sur France 24 et RFI le 5 juillet, dans laquelle il revient sur le sujet de la migration africaine vers l’Europe. De façon surprenante, il soutient que « les personnes très pauvres ne quittent pas leur pays. Ce sont les classes moyennes de pays qui sont plutôt émergents qui passent par la Libye pour rejoindre l’Europe ». Il ajoute que ce sont les familles aisées qui donnent un pécule à leurs enfants pour aller en Europe.
Donc, selon le président français, une famille « riche » peut sciemment décider de donner une somme d’argent à l’un de ses enfants et l’envoyer à une mort certaine. Car la réalité de l’émigration, au-delà des discours des dirigeants européens et le silence coupable des décideurs politiques africains, ce sont les morts quasi quotidiennes de jeunes qui fuient le continent par manque d’espoir.
En 2017, 3 119 personnes sont mortes dans la Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Ce chiffre fait abstraction des personnes disparues en mer et qui reposent à jamais au fond des eaux. Pas un seul jour ne passe sans que le sujet ne soit au menu de débats politiques houleux, ce qui en fait un sujet à la limite civilisationnelle de notre époque.
Mépris pour les gens ordinaires
Le discours d’Emmanuel Macron, après ses sorties sur la démographie africaine et sur les kwassa kwassa comoriens, illustre à nouveau ce qu’il représente : une élite libérale liée aux puissances d’argent porteuse souvent d’un mépris pour les gens ordinaires.
Pour l’Afrique, son engouement depuis son élection est peut-être sincère. Il peut être le signe d’un désir de repenser la relation entre la France et le continent en dehors des pratiques sombres de la Françafrique traditionnelle.
Mais la vision du jeune président français est biaisée par une représentation erronée de l’Afrique. Emmanuel Macron est issu d’une caste, celle des puissants qui répètent à l’envi des poncifs sur le numérique, l’entrepreneuriat, présentés comme les solutions magiques aux urgences du continent. Sans parler de l’utilisation ambiguë du concept globalisant de « classe moyenne africaine », dont beaucoup d’économistes interrogent la pertinence.
Dans sa posture, Macron peut compter sur des jeunes hommes et femmes africains qui survendent un discours afro-optimiste déconnecté de la réalité du continent. D’ailleurs, durant les séjours du président français en Afrique, on les voit inonder la toile de selfies et de mots enthousiastes sur la « start-up nation », l’« Africa rising » et autres nouveaux mots savants.
Toutes ces personnes refusent d’affronter la réalité du continent dont l’un des visages est la misère sociale, la corruption, la violence physique et symbolique qui poussent les gens à fuir.
Il est choquant d’entendre Macron dire que ce sont des familles aisées qui donnent de l’argent à leurs enfants pour rallier l’Europe et qui, quand ils y parviennent, y vivent une vie de sous-homme.
Il faut rappeler à Emmanuel Macron que personne ne quitte son pays dans ces conditions le pied léger. Il y a une réalité de l’émigration clandestine africaine que propulse une quête d’une vie décente. Au Sénégal, en pleine vague de départ par pirogues, le mot d’ordre des jeunes était : « Barca wala Barsakh » : « Arriver à Barcelone ou mourir. »
D’ailleurs les Sénégalais membres du Conseil présidentiel pour l’Afrique de Macron devraient lui suggérer de prendre contact avec Yayi Bayam Diouf, présidente du collectif des mères qui ont perdu leurs fils, morts en Méditerranée.
C’est insulter le deuil de ces femmes que de les tenir pour responsables de la perte d’enfants partis mourir car leur pays ne leur apporte aucun espoir.
Immenses sacrifices
Quand une mère, à travers les ressources d’une tontine ou d’un crédit, finance le voyage d’un fils pour espérer qu’il réussisse en Europe et sorte toute sa famille de la misère, on lui doit respect et empathie, et non la vilipender devant un intervieweur connivent.
L’argent investi, car c’est bien le mot, dans le voyage risqué, voire suicidaire, du fils ou de la fille n’est pas la preuve d’une richesse ou de l’appartenance à une classe moyenne. Ce n’est que le pécule amassé difficilement par une famille désœuvrée ou un travailleur précaire. Et réunir ces sommes qui servent à financer le départ résulte le plus souvent d’immenses sacrifices et de nombreuses privations.
Enfin, quand Emmanuel Macron dit : « On a besoin d’une jeunesse africaine qui se raconte elle-même, qui construit son imaginaire, ses propres héros et qu’elle les explique au monde », nous ne pouvons qu’être d’accord. Il y a bien une jeunesse dynamique, créative et entreprenante sur le continent. Elle tient un discours et occupe une position qui illustre la contemporanéité de l’Afrique. Mais il y en a une autre, qui continuera à hanter le sommeil des Européens en allant à l’assaut de ses côtes en dépit des lois répressives comme celles actuellement en vigueur en France.
Non, Monsieur Macron, cette jeunesse qui meurt en Méditerranée n’est pas issue de la « classe moyenne ». Elle est pauvre et n’a plus aucun espoir chez elle.