BARTH A DIT…
Springfield a son Bart Simpson, Mermoz-Sacré-Cœur a son Barthélémy Dias. Le point commun entre les deux ? D’accord l’un est fictif, l’autre réel, mais il y en a plusieurs : ce caractère bien trempé, ce côté rebelle ou provocateur, le sens de la formule bien tournée, cette impulsivité, ce lance-flammes à la place de la langue, etc. De ce socialiste estampillé pro-Khalifa Sall, tête de liste incarcérée de Mankoo Taxawu Senegaal, le magazine Jeune Afrique, qui lui a comme qui dirait refait le portrait il y a quelques mois, n’hésite pas à dire que c’est une «tête brûlée», qui «préfère les phrases coups de poing» aux «circonlocutions bureaucratiques de certains cadres socialistes». Les coups de poings avant les phrases ? Fougueux le Barth ? «Dafa tang» ? Certainement. Dans un entretien accordé au quotidien Vox Populi (édition de ce 18 juillet 2017), Barthélémy Dias s’en prend nommément à Macky Sall.
Jusque-là, rien de surprenant : ce n’est évidemment pas la première fois, et disons qu’il est dans son rôle d’opposant anti-contre. Mais attention ! Parce que quand Barth va jusqu’à dire que «la violence n’a pas encore commencé», en cette campagne électorale pourtant très tendue, il y a de quoi avoir le hoquet. «Garawoul» sénégalaisement ? Peut mieux faire, on «accélère la cadence» ?! Ah ! Attention ! «Sécurité pour nous»…
Les nombreux blessés de ce vendredi 14 juillet à Grand Yoff, là-bas sur les terres de Khalifa Sall, où Youssou Ndour a choisi de se mettre en selle ? Ce n’était pas de la violence. Ironie du sort avec la sono, c’est le «Senegal rekk» de Youssou Ndour que l’on entend…Les jets de pierre ou les coups de machettes ? Walaye ce n’était pas de la violence. La «caravane» de Mame Mbaye Niang «attaquée» à la Médina ? Ça seulement ?! Li dou dara ! Le maire de Labgar (Linguère) qui se fait poignarder «au thorax» par un conseiller municipal…Ce n’était pas de la violence. La suite ?
Benno Bokk Yakaar prévoit de retourner à Grand-Yoff. Le 23 juillet en principe, et «on les attend de pied ferme» dit Barthélémy Dias, qui estime que ce sont les «partisans de Macky Sall» qui ont été les premiers à attaquer, et que d’ailleurs «tous les coups de feux» venaient d’eux.
Le maire de Mermoz-Sacré-Cœur a évidemment quelques arguments à faire valoir. Lorsqu’il laisse entendre, par exemple, que ce serait inconcevable que certains citoyens sénégalais soient laissés en rade, malgré les «50 milliards injectés dans un fichier électoral». De cette frustration viendra la violence, avertit Barth ; de cette «volonté manifeste de rétention des cartes», ou de certaines contradictions et autres incongruités électorales : «une personne avec deux ou trois cartes d’identité, un homme avec la carte (d’électeur) d’une femme, donc Fatou à la place de Modou, des électeurs dans des postures inconfortables, etc.
Barth n’a peut-être pas tort, mais comme dirait un internaute, commentant un article en ligne, il exprime «mal ses vérités». A ce quadra à peine plus âgé que le plus jeune locataire de l’Elysée (Emmanuel Macron), on pardonnerait presque la fougue de la jeunesse.
Quoi qu’il en soit, les huit morts et les dizaines de blessés de ce week-end au stade Demba Diop devraient faire réfléchir.