CHOIX DE LA DISCORDE !
Quarante sept (47) partis et coalitions de partis ont été retenus pour les élections législatives du 30 juillet prochain. Certains ont fustigé cette pléthore de listes qui va encore coûter, selon les estimations 16 milliards F Cfa au contribuable Sénégalais. Mais, au regard du nombre de partis politiques légalement constitués dans ce pays, on devrait plutôt s’étonner qu’on n’ait que 47 listes seulement. On nous parle quand même de plus de 300 partis politiques. Même s’il faut s’en convaincre, avec le Professeur Amadou MakhtarMbow, que certains d’entre eux ne sont que des boîtes à lettres. L’ancien directeur général de l’Unesco a dû faire ce triste constat quand il a été appelé à présider la Commission nationale pour la réforme des institutions (CNRI) et avant cela, les Assises nationales. Comme lui, une autre figure emblématique de notre pays, en l’occurrence Lamine Diack, avait indiqué que le «Sénégal est un pays qui marche sur la tête».
Bref, les politiques qui tiennent notre pays en otage depuis son accession à la souveraineté internationale, ont poussé leur boulimie et autres calculs machiavéliques jusqu’à indisposer la loi électorale et, par la même occasion, les électeurs (vrais détenteurs de la souveraineté).
Quand voter revient à réaliser les douze travaux d’Hercule, il y a véritablement de quoi s’inquiéter. Surtout par rapport au taux de participation qui, c’est connu, est relativement très faible quand il s’agit d’élections législatives (40%).
Qui plus est, celles du 30 juillet n’ont pas encore fini de lever tous les écueils. Des Sénégalais ont été obligés de passer des nuits pour s’inscrire. Et pour le retrait des cartes, ils effectuent le même parcours du combattant. Autant de chemins de croix qui, à la longue,risqueraient de décourager plus d’un.
Comme si tout cela ne suffisait pas, la Commission nationale électorale autonome (CENA), au sein de laquelle certains siègent depuis plus d’une décennie, se propose de trouver une parade pour «soulager» les électeurs de la folie de nos hommes politiques.
Résultats des courses, cet organe dont le rôle est avant tout de contrôler et de superviser les élections retient une proposition qui, même si elle a été acceptée par la plus grande majorité des plénipotentiaires, ne règle pas grand chose. D’autant qu’elle est loin de sécuriser le vote, d’assurer la transparence et surtout de lutter contre l’achat de conscience.
Choisir cinq listes sur 47 viole d’une manière flagrante le secret du vote. Et les députés qui sont appelés ce mercredi à valider ce «forcing», en sont parfaitement conscients.
Il ne fait l’ombre d’aucun doute. Ce consensus au rabais ne devrait pas prévaloir dans un pays comme le Sénégal qui se veut le chantre de la démocratie dans la sous-région, voire au-delà. Alors, quitte à ce que le vote soit prolongé jusqu’à 23h 59 le dimanche, il faut respecter le code électoral en exigeant à chaque électeur de prendre les bulletins des 47 listes pour aller accomplir son devoir citoyen.
Cette disposition n’arrange certes pas les électeurs, mais elle a le mérite d’être légale. Ne dit-on pas en droit que «nul se peut se prévaloir de sa propre turpitude, de sa propre immoralité».
Quid du bulletin unique avec les effigies des têtes de listes où l’électeur n’aura qu’à cocher sur le candidat de son choix ? Une telle requête n’arrangerait pas non plus certains. Surtout les moins connus.
Il reste, à notre avis, l’hypothèse consistant à étaler l’ensemble des bulletins de vote dans l’isoloir et de laisser à l’électeur la liberté de faire son choix. Cette dernière est plus discrète, plus transparente et n’expose pas les électeurs aux achats de conscience supposés ou réels.