"DES ÉLÉPHANTS DE COULEUR"
À l'époque Premier Ministre et venu présider le lancement des travaux de l'autoroute à péage, Macky Sall répondait aux détracteurs des grands projets du Président Abdoulaye Wade, qualifiés "d'éléphants blancs", que "les éléphants sont en train de changer de couleur...". C'était en juillet 2005. Et il était secondé dans cette tâche gigantesque par le Conseiller Spécial Diéne Farba Sarr, le ministre de l'Urbanisme Seydou Sy Sall (DGPU/ Diamniadio), la task-force de l'APIX avec Aminata Niane (aujourd'hui, Envol Immobilier), Mass Thiam (Teylium), Nelly Ndiaye (Zone économique spéciale intégrée ou DIISEZ)…
Comme quoi, il est quelque fois bon de partir de l'histoire récente du pays pour comprendre les changements structurels en cours, notamment la dynamique du Plan Sénégal Emergent qui prend racine dans le tempérament de bâtisseur de l'ingénieur Macky Sall qui veut ainsi imprimer sa marque dans le processus de développement économique et social du pays.
Aujourd'hui, c'est en allant à Diamniadio, avec les chantiers qui sortent de terre de partout, qu'on mesure, à sa juste valeur, l'importance de la vision du Chef de l'Etat. Ce qui était, au début, un rêve fou et ou commence à devenir une vraie réalité. Une ville nouvelle est en train d'émerger et avec les premières livraisons de bâtiments prochainement, c'est un autre Sénégal qui est ainsi en gestation…
Autant, il faut saluer la vision stratégique de ces projets-phares du PSE, autant il faut aussi se poser des questions sur les coûts de ces infrastructures. Certes, comparaison n'est pas toujours raison, mais il est assez troublant que les coûts duTrain Express Régional, de l'Aéroport international Blaise Diagne ou de l'Autoroute à péage, entre autres, soient, toutes proportions gardées, parmi les plus chers, comparés à des projets similaires sur le continent. Il n'y a qu'à comparer le péage de notre autoroute avec celui d'Abidjan ou de Casablanca... Il est vrai que les montages financiers et la complexité technique différent d'un projet à un autre, mais les faits restent constants et… troublants !
Egalement, on comprend parfaitement que ces grands projets d'infrastructures soient conduits par des majors, dans leur domaine, en général étrangers, mais il est tout aussi incompréhensible que les entreprises 100% sénégalaises du secteur, notamment les PME, soient laissées en rade.
Comme des pestiférés ! Il urge de revoir les groupements d'entreprises en essayant d'y inclure les locaux autant que faire se peut. Par la sous-traitance notamment. Comme le dit si bien le bâtisseur Pierre Goudiaby Atépa, il ne faudrait surtout pas que Diamniadio soit comme une ville importée de Chine, de Turquie ou d'ailleurs…
Et puis, si on ne fait pas travailler les entreprises nationales, leur mettre le pied à l'étrier, les associer dans la mise en œuvre de ces grands projets, comment et quand pourront- elles acquérir ce savoir-faire tant demandé, ce renforcement de compétences et de capacités de leurs personnels, cet enrichissement de leurs références tant exigé ? Mieux, c'est une manière de réinvestir dans le pays et au pro t des nationaux, les revenus qui en seront tirés ne seraient plus expatriés. N'est-ce pas une autre forme de développement inclusif de notre secteur privé national ? Des sujets de méditation pour nos décideurs bien-aimés.
C'est pourquoi il faut saluer l'audace entrepreneuriale de Mar Thiam (Gétran) et Yérim Sow (Teyliom), parmi les premiers à croire au dessein de Macky Sall, à s'engager à ses côtés et traduire, sur le terrain, ses rêves d'émergence. Chapeau, chers entrepreneurs !