DILIGENCE SUSPECTE
Dis donc, la justice ne perd pas de temps dans l’affaire de la caisse d’avance de la Ville de Dakar. Trois jours seulement après la sortie à charge du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, Khalifa Sall est attendu aujourd’hui à 15 heures devant le doyen des juges d’instruction (Dji). Et il ne serait pas étonnant, à la lumière des évènements, que le maire de Dakar ne ressorte pas libre de son face-à-face avec le juge Samba Sall. Tous les éléments du dossier monté et ficelé à son encontre sont à charge et concourent fortement à son placement sous mandat de dépôt.
La grande célérité dont a fait preuve la justice dans le traitement de cette affaire aurait été magnifiée et citée en exemple dans d’autres circonstances. Car, en l’espace de deux semaines, une enquête préliminaire sur la Caisse d’avance a été menée et bouclée par la Division des Investigations criminelles (Dic). Et le dossier transmis au procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, qui a saisi un juge d’instruction après avoir annoncé lors de la sa mémorable conférence de presse les trois délits qu’il impute au responsable socialiste de Grand-Yoff. Seulement, comme on le disait tantôt, la diligence de cette procédure judiciaire peut paraître suspecte, et à raison, pour des citoyens avertis, des membres de la société civile et de toutes les personnes douées de discernement et éprises de paix et de justice. Il serait également vain de masquer le caractère politique pour ne pas dire politicien du moment choisi pour déclencher cette procédure.
Dès que Khalifa Sall, présenté comme un des sérieux adversaires de Macky Sall à la prochaine présidentielle, a démarré ses tournées à l’intérieur du pays, la justice a été immédiatement actionnée en évoquant une gestion peu catholique de la caisse d’avance. L’objectif, diront certains, est d’annihiler ses ambitions et de le décrédibiliser aux yeux de l’opinion.
Par conséquent, que le procureur de la République apprenne à souffrir des attaques faites par une frange de la population contre la justice accusée d’être le bras armé du pouvoir politique. Les menaces de Serigne Bassirou Guèye contre ceux qui fustigent à haute et intelligible voix l’instrumentalisation de la justice ne parviendront pas à mettre ces derniers au pas. D’autant que ces accusations paraissent fondées et les exemples pour les asseoir foisonnent.
Le rapport de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) sur le Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Dakar) dirigé par Cheikh Oumar Hanne constitue l’une des preuves, parmi les centaines, d’une justice à deux vitesses. En effet, ce rapport qui a été transmis depuis plus d’un an à la justice pour des poursuites pénales contre le Dg Cheikh Oumar Hanne moisit dans les tiroirs du temple de Thémis. Qui plus est, Nafi Ngom Keita qui avait, dans ses recommandations, demandé au Président Macky Sall de relever de ses fonctions, Cheikh Oumar Hann pour entrave à l’exécution normale d’une mission de vérification et de prendre toutes les mesures utiles pour qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger un organisme public, a été débarquée de la présidence de l’Ofnac. Non seulement, aucune poursuite n’a été enclenchée contre le patron du Coud, mais aussi il reste à son juteux poste. On ne détient pas la carte de membre de l’Apr pour rien…
Chahutée et vouée aux gémonies par l’opinion pour sa gestion jugée scandaleuse au ministère de la Femme sous le régime de Me Abdoulaye Wade, Awa Ndiaye a été accueillie au sein de l’Apr, réhabilitée et promue présidente de la Commission de protection des données personnelles (Cdp) par le Président Macky Sall. Coïncidence troublante : celle qui était affublée Awa «Koudou» a bénéficié d’un non-lieu.
Compte tenu de tous ces facteurs, que l’on ne s’étonne surtout pas que certains relèvent le caractère politico-politique et suspect du dossier Khalifa Sall et crient à la liquidation politique d’un adversaire enquiquineur sur le chemin d’un deuxième mandat.