MULTIPLE PHOTOSEN QUÊTE D'IDENTITÉ ?
C'est quand même extraordinaire ! La plupart, pour ne pas dire tous les Libano-Sénégalais rencontrés dans le cadre de ce dossier, clament très haut et fort leur "Sénégaléité", leur profond attachement à ce pays où eux et leurs parents, voire leurs aïeuls, sont nés et y ont grandi. Le pays où ils vivent et travaillent, où ils ont assimilé la langue, la culture, bref la civilisation, quelquefois mieux que les autochtones, pure souche. Le pays qu'ils ont contribué à construire, petit à petit, pour en faire ce qu'il est devenu aujourd'hui. Une vraie erté nationale et aussi un patriotisme économique revendiqué et pleinement assumé.
Les pionniers, arrivés du Liban, officiaient comme "traitants", auxiliaires de l'Administration coloniale, mais en contact direct avec les populations des villes et campagnes du Sénégal des profondeurs. Mais avec la sécheresse et l'exode rural, ils sont venus s'installer en ville, à Dakar en particulier. Toujours dans le commerce, puis progressivement dans l'industrie, notamment à la faveur du Plan d'ajustement structurel et avec le soutien du Président Abdou Diouf. Pour la petite histoire, il leur était très proche grâce à son épouse, Elisabeth, métisse issue de cette communauté...
En tant que capitaines d'industrie, ils ont beaucoup investi pour développer l'économie, créer de la valeur, employer des milliers de Sénégalais. En cela, la Nation leur est reconnaissante. Pour avoir cru en leur pays d'adoption et tout fait pour qu'il rayonne davantage au firmament des futurs pays émergents.
Aujourd'hui, les Libano-Sénégalais sont une composante "naturelle" du peuple sénégalais. "A part entière" et non "entièrement à part". Malgré une certaine perception qui perdure à travers un communautarisme suspect, une sorte d'îlot de prospérité dans un océan de pauvreté et leur réticence aux mariages mixtes. Mais, avec les nouvelles générations, la réalité est en train d'infirmer, lentement mais sûrement, cette fausse perception avec plus de brassages multiculturels, plus d'interactions dans la vie de tous les jours, surtout en Entreprise.
Au niveau de l'activité économique également, les préjugés et autres clichés ont la peau dure. On les taxe de "corrupteurs, fraudeurs, solidaires entre eux". Des qualificatifs qu'ils partagent allègrement avec nos parents Baol-baol, grands maîtres du secteur informel. D'ailleurs, aujourd'hui, les industriels se félicitent de l'arrivée des Sénégalais dans le secteur, confrontés aux mêmes contraintes de la concurrence déloyale. Ensemble, ils parlent d'une même voix au niveau des syndicats patronaux. Une évolution qui est en train de les rapprocher davantage.
In fine, à travers ce dossier, REUSSIR a voulu jouer sa partition pour aider cette communauté à mieux se faire comprendre par leurs compatriotes avec qui ils partagent ce "commun vouloir de vivre en commun". En cela, nous avons été grandement soutenus par Mme Dina El Kadry de D Vision Communication. Elle a cru au projet, l'a porté à bout de bras, a ouvert son carnet d'adresses et fait les mises en relation. Ce qui a donné le magazine que vous avez entre les mains. Il est plus élaboré que notre édition de Juin 2010 sur le même sujet. Mais à l'époque, presque aucun d'eux n'avait voulu nous parler. Même si, au final, l'édition avait été saluée comme étant du "beau travail". Et j'en profite pour m'incliner devant la mémoire de Brahim Haidar, Expert-comptable, récemment décédé et qui nous avait été d'un apport remarquable. Paix à son âme !