IDRISSA SECK, L’INSUBMERSIBLE !
Challenge -
2007, c’était l’année de Idrissa Seck. La plupart des analystes politiques sont convaincus que l’actuel président du Conseil départemental de Thiès a raté une belle opportunité de prendre le pouvoir en 2007. Selon eux, Idy avait les cartes en main pour confirmer la fameuse prédication d’un journaliste américain qui avait vu en l’ancien Premier ministre comme le futur Président de la République.
Hélas ! Il s’est juste perdu dans les rencontres de midi. Une trouvaille de Wade pour renverser les sondages qui lui étaient parvenus prévoyant un mortel uppercut de l’élève sur maitre. A-t-il définitivement grillé son joker depuis cette date ? Certains sont convaincus que oui.
Alors que d’autres estiment que tout reste possible. Surtout quand on connaît son ancrage à Thiès. Une ville qui semble jurer fidélité. Un homme politique sans base ressemblerait à un ovni.
Contre vents et marées, la plupart des thiessois sont restés avec Ndamal Cadior, qui, lui aussi ne respire que pour eux. Les théoriciens de la Génération du Concret avaient même prédit une cuisante défaite d’Idrissa Seck. Mais on connaît la suite.
Toutefois, il faut reconnaître qu’il a perdu beaucoup du terrain. Ce, à cause des coups politiques reçus depuis ses bisbilles en 2004. Qui ne se souvient pas de ce fameux protocole de Rebeuss qui a débouché sur un non lieu total. Une libération savamment orchestrée. Juste après le coup d’envoi de la demi-finale de la coupe d’Afrique de football entre Lions du Sénégal et Pharaons d’Egypte au Caire.
Sous Macky Sall le dossier a été encore dépoussiéré, mais l’énigme reste entière. Un véritable «secret d’Etat» à moins que ce soit simplement un «complot d’Etat» comme l’a toujours laissé entendre Idrissa Seck.
Des départs en cascade
La traversée du désert se poursuit pour Idrissa Seck et le Rewmi. Mais sans des ténors et pas des moindres. Certains départs ont d’ailleurs étonné plus d’un, tellement les relations entre ces personnalités et l’ancien Premier ministre étaient devenues fraternelles qu’on pensait que ni le temps, ni l’espace ne pourraient les user. Hélas !
C’est le cas d’Oumar Guèye qui a plié armes et bagages pour rejoindre le Macky. Pape Diouf fera de même ou presque ? Mais le départ le plus surprenant a été celui de la célèbre notaire Me Nafissatou Diop Cissé. «Cerveau» du protocole de Rebeuss, Me Cissé était la plus grande détractrice du régime de Macky Sall, n’hésitant pas à relever les hésitations et autres errements dans le fonctionnement du nouveau pouvoir. “Je crois que Macky Sall a pris le pouvoir mais il n’y était pas préparer à l’exercer”, avait-elle déclaré à l’émission “Objection” sur Sud Fm. Mais au finish elle finira par rejoindre l’APR et ses camarades Oumar Guèye et Pape Diouf qu’elle avait pourtant «exclu» du Rewmi à cause de leurs agissements et de leur rapprochement avec l’APR. Toutefois, il faut reconnaître qu’elle s’est gardée de faire le moindre déballage sur son désormais ex-ami, Idrissa Seck.
Quid d’Oumar Sarr. Numéro 2 de Rewmi, fidèle parmi les fidèles, le député «frondeur» va lui aussi larguer Idrissa Seck et tenter même de lui prendre le parti.
Sans occulter Youssou Diagne, l’homme de Ngaparou qui s’est vu propulser, à la surprise générale, à la tête de l’Assemblée nationale. Le silence assourdissant d’Ousmane Thiongane deviendra audible avec l’Unité Digitale de la Présidence de la République. Daouda Faye, Talla Diouf, Waly Fall ont tous quitté le navire. La liste de cette saignée est loin d’être exhaustive.
Les nouvelles têtes pensantes
Nonobstant ces départs en cascade qui ont porté un sacré coup à Idrissa Seck, d’autres nouvelles têtes émergent et tiennent la dragée haute à l’actuelle classe politique sénégalaise. Comme leur mentor, connu pour être un très grand tribun, Thierno Bocoum, Déthié Fall, Mbacké Seck et autres Abdourahmane Diouf ont fini d’étaler leur talent de grands orateurs. Sans oublier Yakhoba Diattara qui fait figure de gardien du temple.
2019, virage de tous les dangers
Idrissa Seck sortira-t-il vainqueur de son énième duel à Thiès dans ces Législatives où il est investi tête de liste départementale de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal (MTS) ? Il est difficile de répondre par l’affirmative à cette question. Toutefois, le battre ne sera pas chose aisée surtout avec le mode de scrutin majorité à un seul tour communément appelé Raw Gaddu. La prolifération des coalitions de politiques et l’émiettement de l’opposition qui convoitent les sièges du département de Thiès, plaident en à sa faveur. Cependant, pour rester en «vie» politiquement, il a besoin de sa base naturelle : Thiès. Surtout en perspective de 2019. D’ailleurs, Idrissa Seck qui accepte d’investir Khalifa Ababacar Sall comme tête de liste de la coalition Manko Taxawu Senegaal étonne plus d’un observateur. Serait-il une «botte secrète» ? En cas de disqualification de Khalifa Sall, avec une éventuelle condamnation qui lui priverait d’une certaine éligibilité pour la Présidentielle de 2019, Idrissa Seck se positionnerait comme le candidat naturel de MTS. Une hypothèse à la limite loufoque. Mais qui reste dans le domaine du possible. Dans tous les cas, 2019 reste un virage de tous les dangers pour IDY.