LA CAMPAGNE DE COUMBA NDEW : ARRÊT SUR IMAGES
Uppercut ! Comme à la boxe ou presque…Ça «pique comme une abeille», mais c’est à la fois très soft, très subtil, quasi philosophique. Tout y était, ou presque : la chaise vide, les menottes et ce long silence qui aura duré plus d’une minute. Autrement dit, rien d’un traditionnel temps d’antenne. On l’a trouvée l’image de la Campagne ? Peut-être. Sans parler du côté presque romanesque de cette lettre très solennellement adressée au peuple sénégalais, par un candidat «embastillé»...Comme dirait Moussa Taye, conseiller politique de la tête de liste nationale de Mankoo Taxawu Senegal. Le mot est vieillot, mais choisi avec soin, clin d’œil à l’histoire de France et à la Révolution de 1789. Derrière les barreaux justement, «Khalifa Sall vous écrit» : le ton est très officiel, presque pompeux quand on s’arrête au titre, mais pas un mot sur «Macky Sall», que l’on se contente de deviner derrière les nombreuses attaques contre le pouvoir.
Idem pour Wade, tête de liste pas comme les autres de la Coalition gagnante Wattu Senegaal, qui est allé jusqu’à prier, tout un symbole, pour ne plus avoir à «prononcer le nom de Macky Sall» : «Il m’a montré qu’il n’avait pas besoin de moi.» Ni de son aide, ni de son expérience d’ancien chef de l’Etat.
Sans oublier que Wade lui-même s’est montré étrangement «aphone» ce week-end à Guédiawaye, en banlieue dakaroise, où l’on s’attendait forcément à une de ces déclarations dont lui seul a le secret. A la place ? Le silence de «Gorgui», superstar de cette Campagne 2017, pour ses alliés et pour une partie du peuple ; mais ni plus ni moins qu’un «vieux chat» aux yeux du maire de Guédiawaye, Aliou Sall, le frère du président de la République.
Mais attention à ses coups de griffes…Ou à son jeu de jambes. Même si, quand on entend quelqu’un comme Mamadou Diop Decroix, comparer de façon très imagée Wade à Messi, l’international argentin superstar du Barça, on en rit forcément. Car le papy de 91 ans dans la peau d’un Ballon d’or…Avouez que vous n’y aviez pas songé !
Mais dans quelques années, on pensera forcément au ministre de la Justice, Sidiki Kaba, à son chapeau de…justicier et à son «foureul ataya». Les «trois normaux», pour avoir l’air…d’un candidat «normal» ?! Peut-être…Comme on se souviendra aussi que l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye est monté dans un bus avec son programme «Joyyanti», s’agrippant («diafandou») comme tout le monde à la fameuse barre.
Et puis, qui sait…Dans quelques semaines, mois, années, l’un d’entre nous tombera peut-être sur l’une ou l’autre de ces 47 listes, chez le vendeur-la vendeuse de «guerté thiaaf» ou de «beignet dugub». Sinon dans un coin de rue, au gré du vent ou sous la semelle d’un passant. Et puis, en jetant un coup d’œil aux différents noms de ces coalitions, on se souviendra peut-être qu’elles en avaient parfois après «Askan wi» : le peuple !
Comme on se souviendra aussi, malheureusement, qu’il y en a qui, loin du discours, du charme, du bout de tissu ou du t-shirt, ont plutôt préféré faire campagne avec ces accessoires-là : les gros tas de muscles, les jets de pierre, les coupe-coupe ou les machettes…Jusqu’au parfum d’ambiance option lacrymogène.