LES SAMARITAINS ET LEUR RAMADAN
La misère profonde de populations démunies confrontées à la dèche et à la faim se trouve ignominieusement exploitée par des organisations prétendument humanitaires travaillant au nom de l'Islam ou de la solidarité citoyenne
Le mois de Ramadan est la période des bonnes œuvres circonstancielles et de la piété conjoncturelle. Chaque musulman sénégalais se donne à cœur joie de respecter les cinq prières quotidiennes, donner de l'aumône, se priver de plaisirs instinctuels, se montrer altruiste et solidaire vis-à-vis de son prochain. Et dans cette frénésie humaniste, les ONG islamiques ne sont pas en pas reste. Ces structures religieuses qui, pour la plupart, font leur fond de commerce et fructifient leurs business sur la pauvreté et la misère des populations.
On connaît la manœuvre, il faut réunir toute cette population nécessiteuse, inviter des autorités étatiques et les médias surtout audiovisuels, filmer ostensiblement les denrées à distribuer afin de pouvoir les transmettre aux généreux bailleurs, lesquels n'hésiteront pas à mettre à la main à la poche pour d'autres financements ultérieurs.
Ainsi, chaque année, on voit le ballet de responsables d'ONG islamiques distribuer, sous les feux pétillants des caméras de la RTS et de télés privées, du sucre, de l'huile, de la viande, du riz, des dates, des nattes. Même un groupe scolaire étranger pour mieux faire sa publicité et réussir son implantation nationale organise chaque année une cérémonie au mois de Ramadan de distribution de vivres aux couches vulnérables issues de différentes régions du Sénégal.
Mais l'invitée-surprise dans le cercle des bienfaiteurs magnanimes, c'est la gracieuse Première dame Marème Faye Sall, patronne de la Fondation Servir le Sénégal, qui, depuis le début du Ramadan parcourt vaillamment avec le sourire au coin la banlieue pour construire des latrines décentes à des pauvres qui sont obligés de déféquer en plein air, distribuer des kits de "ndogou" ou distribuer des matelas à des démunis qui se couchent à même le sol.
Et ces moments de bienfaisance où la femme du président Sall, très humaniste, très humble et sobrement habillée s'enlacent doucereusement avec les crasseux banlieusards sont immortalisés par ses caméras de la RTS avec en appoint le reportage d'un journaliste l'affublant de superlatifs flagorneurs qui feraient pâlir d'envie Mère Teresa, la "sainte de Calcutta".
Ainsi la misère profonde de ces populations démunies confrontées à la dèche et à la faim se trouve ignominieusement exploitée par des organisations prétendument humanitaires travaillant au nom de l'Islam ou de la solidarité citoyenne mais dont le seul but est de se remplir les poches sur fond d'assistance sociale ou d'en récolter des dividendes politiques.
Mais où est passé cette notion de discrétion qui est une vertu cardinale dans l'Islam ? Pourtant, il y a un Hadith qui dit : "Réalisez de vos affaires dans la discrétion", et un autre qui dit que "ce que donne une main, l'autre ne doit même pas le savoir". Ce qui est loin d'être le cas chez certaines de nos ONG caritatives qui organisent des cérémonies publiques pour faire des dons à des populations nécessiteuses.
En présence de la télévision, rien n'est laissé en rade pour rendre visible tout le spectacle : les vivres à distribuer, les attributaires et les distributeurs aux côtés desquels se trouvent toujours des autorités étatiques pour apprécier urbi et orbi, très souvent hypocritement, les bonnes œuvres de telle ou telle autre ONG ou Fondation.
Ces moments fort intenses d'assistance humanitaire constituent le moyen le plus crédible pour renforcer son crédit auprès des bailleurs arabes et bénéficier davantage de leurs pétrodollars de leurs billes ou de pécher d'éventuelles voix électorales.
Pourtant, il est de notoriété publique que certaines de ces organisations ne sont pas blanches comme neige et que certaines d'entre elles souvent liées à des histoires de scandales et de malversations financières. Certains de leurs responsables, qui s'accoutrent d'une façon particulière ou laissent pendre une longue barbe pour jouer ostensiblement aux vertueux, ont été éclaboussés au vu et au su de tout le monde dans des histoires de détournements de vivres ou d'argent.
Il n'est pas rare de voir certains lieux de commerce être inondés de produits estampillés de la marque de telle ONG caritative. Ce qui veut dire que certaines de ces activités que mènent ces structures ne sont fondées sur aucun principe de l'Islam qui interdit beaucoup de ces pratiques déviantes auxquelles elles s'adonnent.
Pourtant ils nombreux ces organisations ou samaritains musulmans qui, chaque jour, font de bonnes œuvres dans la plus grande discrétion, loin des feux des caméras de télévisions ou autres moyens de vulgarisation médiatique. Ce qui n'est pas le cas de certaines ONG islamiques samaritaines ou Fondation dont l'unique souci est d'exploiter en toute ignominie la pauvreté des sans-revenus pendant le mois béni de Ramadan.