MACKY, LE STRATEGE
CARTES SUR TABLE
Chez Aïssata Tall Sall à Sacré Coeur comme chez Samuel Sarr aux Almadies, le scénario d’avril est le même pour le Président Macky Sall. La mort unit, réunit plutôt toute la classe politique sénégalaise. Effusion de mots doux, diffusion de pensées lyriques, rien n’est assez suffisant pour exprimer son émotion, sa compassion, sa solidarité. La mort on sait ce qu’elle représente dans notre pays, surtout celle d’une mère. Les condoléances permettent de gommer les aspérités, de rendre acceptables les contradictions et de les gérer avec diplomatie. On le sait : l’obsession du Président Macky Sall est d’obtenir un second et dernier mandat en 2019. Et il y mettra le prix pour passer au premier tour. Un second tour étant porteur de gros risques et d’incertitudes, Macky Sall sait qu’il doit rassembler le maximum de leaders autour de sa candidature. Moustapha Niasse et l’Alliance des forces de progrès (Afp), Ousmane Tanor Dieng et le Parti socialiste (Ps) sont déjà livrés, programmes et idées abandonnés à la coalition, il fait à présent les yeux doux au Parti démocratique sénégalais (Pds).
Autre stratégie : emprisonner et se réconcilier. Karim Wade, Oumar Sarr, Me El hadji Amadou Sall, Samuel Sarr et Cheikh Tidiane Sy via son fils Thierno Ousmane ont connu les affres de la prison de Rebeuss. En se réconciliant avec eux, ses frères de parti pendant vingt ans, il compte isoler son redoutable adversaire Idrissa Seck pour le réduire à néant, non sans enrôler Ousmane Ngom connu pour ses rugueuses sorties contre l’ancien «jardinier des rêves de Wade». Après le bâton et le maton, c’est promesse de bonbons… Khalifa Sall est en prison et il risque une condamnation le disqualifiant pour 2019. C’est un de ses plus sérieux challengers qui sera out. Il restera alors comme sérieux prétendant, Abdoul Mbaye. Si jamais le glaive de la justice ne s’abat pas lourdement sur lui dans l’affaire qui l’oppose à son ex-épouse. Que la politique peut être cruelle sous nos cieux ! Khalifa avait soutenu Macky Sall, Abdoul Mbaye a été son premier Premier ministre après avoir été un de ses principaux soutiens. Le choc des ambitions ne pardonne pas.
En attendant l’échéance des législatives, la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) s’est réunie. Le mot d’ordre est clair : tous ensembles pour obtenir une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Le choix de la tête de liste attendra. Bien malin qui saura qui de Moustapha Niasse, Aminata Touré ou Mouhamed Dionne mènera la bataille ? Niasse dit ne rien demander, ni n’être candidat à rien. Mais qui sait… Peut-être faudrait-il proposer un peu de sang neuf aux Sénégalais, histoire de «macroniser» un peu le débat politique et y attirer de nouvelles énergies…comme «Y en a marre» qui fut un bel aiguillon il y a cinq ans, n’en déplaise à certains. Peut-il y avoir sang neuf sans opposants ? Peut-on administrer avec talent, si on gouverne sans opposition ? That is the question… Macky Sall tisse donc subtilement sa toile en direction de la mère des batailles. C’est un fin politique qui a montré ses capacités et sa finesse d’analyse, lorsqu’il dirigea le ministère de l’Intérieur…Qui pourra lui résister ? Tous les sénégalais ne sont pas dans les appareils…
Loin de là. De nombreux jeunes Sénégalais se sont inscrits sur les listes électorales, qui ne sont ni encartés, ni assujettis à un quelconque parti de gouvernement. Ils exigent juste que les promesses de 2012 soient tenues et qu’ils en ressentent les effets. A méditer et juste avoir à travailler à satisfaire leurs rêves de 2012.