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Relations entre Yaya Jammeh et le MFDC
Dans cet entretien accordé à "l'As", le porte-parole du mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) affiche toute son amertume sur la façon dont est géré le dossier casamançais, mais aussi le blocus au niveau de la frontière gambienne. Par ailleurs, il déverse sa bile sur les responsables politiques de Ziguinchor qui, selon lui, n'ont rien fait pour résoudre cette crise qui prévaut au niveau de la frontière.
Vous êtes le porte-parole du MFDC. Quelle lecture faites-vous de la situation qui prévaut au niveau de la frontière entre le Sénégal et la Gambie ?
C'est avec une grande amertume que je vis cette situation. Depuis plus de deux mois, les frontières sont fermées par des syndicats de transporteurs. Et, jusqu'à présent, l'Etat du Sénégal, avec à sa tête le président de la République, Macky Sall, ne s'est pas prononcé sur la question. Résultats, en Casamance, les populations commencent à payer les pots cassés. Les prix des denrées de consommation ont connu une hausse vertigineuse. Et d'autres denrées sont introuvables sur les marchés. Les populations sont abandonnées à leur triste sort. Et le gouvernement n'est pas en mesure de régler cette situation. Je déplore, en outre le mutisme de nos hommes politiques.
Pourquoi déplorez-vous l'attitude des responsables politiques de la Casamance par rapport à cette crise?
Je dénonce leur silence coupable face à cette situation. De Robert Sagna, à Abdoulaye Baldé, Benoit Sambou, en passant par Doudou Ka, on n'a entendu aucun d'entre eux parler de ce blocus. Ils laissent leurs populations souffrir sans chercher des solutions pour mettre un terme à la souffrance des personnes qui vivent dans cette partie du Sénégal. S'il s'agit d'élections, ils sont prêts à tout. Mais voilà que la situation pourrit, ils sont aphones, on ne les entend même pas élever la voix. Par conséquent, ces élites politiques ont failli à leur mission, et la population casamançaise doit désormais reconsidérer sa position par rapport aux hommes politiques.
Vous soutenez que le blocus de la transgambienne est en train d'affamer la Casamance. Pourquoi ?
Comme dit un proverbe, ventre affamé n'a point d'oreilles. J'accuse le Président Macky Sall. Pour moi, il est en train d'affamer la Casamance. C'est lui seul qui détient la solution. Pourquoi refuse-t-il de discuter avec son homologue de la Gambie, Yaya Jammeh ? Il est responsable de tout ce qui se passe en Casamance. En tant que chef de l'Etat et président de la Cedeao, il ne doit pas laisser cette situation pourrir et perdurer. Il doit prendre son bâton de pèlerin et discuter avec Yaya Jammeh. Mais aussi ne pas écouter certaines personnes qui, dans leurs bureaux climatisés, attisent le feu. Peut-être, ces gens-là n'ont pas de famille en Casamance. Ils ne savent pas ce que les Casamançais sont en train de vivre en ce moment à cause de ce blocus.
Le MFDC n'a-t-il pas une responsabilité du MFDC dans tout cela ?
Le Mouvement des forces démocratiques a toujours travaillé pour le retour de la paix en Casamance. On ne peut pas travailler pour la paix en ayant le ventre creux. Qu'on cesse d'affamer les gens, et après, on dit qu'on veut la paix en Casamance, c'est impossible, voire utopique. Ce blocus n'a pas sa raison d'être. Nous du MFDC, nous le condamnons fermement. Et, nous demandons à l'Etat du Sénégal de trouver le plus rapidement possible, une solution pour mettre fin à cette crise.
On dit que Yaya Jammeh utilise souvent le MFDC pour exercer un chantage sur le Sénégal. Que répondez-vous à cette rumeur ?
C'est faux. Le MFDC n'est pas dans cette dynamique. Il n'est pas manipulable. L'Etat du Sénégal fait pire que Yaya Jammeh. Ce régime a ses rebelles, qu'il loge, nourrit et blanchit, aux frais du contribuable sénégalais. Banjul n'a jamais envoyé des mallettes d'argent dans le maquis. Nous démentons cette rumeur. Yaya Jammeh a emprisonné des rebelles qui sont entrés illégalement dans son territoire, au vu et au su de tout le monde. En tout cas, nous, à notre niveau, depuis longtemps, nous travaillons pour le retour de la paix en Casamance.