CES MINISTRES QUI FASCINENT LE PRESIDENT SALL
PAPA ABDOULAYE SECK, AWA MARIE COLL SECK, MARIE TEUW NIANE, SIDIKI KABA
Ils sont quatre. Maintenus dans le gouvernement Dionne 2 ou à la Présidence, suite au dernier remaniement ministériel, ils ont réussi à séduire le président de la république par leurs discours, leurs rhétoriques, leurs idées et prises de parole convaincants en Conseil des ministres. En dépit de leur poids politique relativement faible, Papa Abdoulaye Seck, Awa Marie Coll Seck, Marie Teuw Niane et Sidiki Kaba sont des personnalités que le chef de l’Etat admire.
Loin de cette réalité sénégalaise consistant à primer et à promouvoir que les « bêtes» politiques, des personnalités d’une autre dimension sont en train de gésir dans l’entourage du président de la République tout comme dans la nouvelle équipe gouvernementale. Il s’agit de Papa Abdoulaye Seck, Awa Marie Coll Seck, Marie Teuw Niane et Sidiki Kaba. Grands intellectuels, mais nains politiques, ces ministres sont appréciés par le chef de l’Etat qui, coûte que coûte, veut les garder à ses côtés. Quand ils parlent en Conseil, le chef de l’Etat écoute studieusement. La preuve, la sanction liée à l’exigence de faire des résultats politiques ne s’abat jamais sur eux. Macky Sall semble leur tolérer beaucoup de choses qu’il n’admet pas aux autres. La vérité c’est que le chef de l’Etat est fasciné par ces ministres. « Ils font partie des rares ministres qui arrivent toujours à persuader le président de la République par rapport à la réalisation des tâches qui leur sont confiées et à la conduite de leurs politiques sectoriels», témoigne une source. «Il ne les interrompt jamais, on a l’impression qu’il est leur fan », dit-elle.
PAPA ABDOULAYE SECK ET EVA MARIE COLL SECK, LES HOMMES DE DEVELOPPEMENT
Et pourtant, ils ne pèsent pas grand-chose politiquement. La preuve, les ministres Papa Abdoulaye Seck et Eva Marie Coll Seck, malgré leur engagement lors des élections législatives, ont été « laminés » dans leur base à la Medina par le maire Bamba Fall. Ce déboire n’a pas empêché le chef de l’Etat de maintenir par exemple Papa Abdoulaye Seck à son poste au ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural. C’est certainement « la conduite » de la politique de l’autosuffisance alimentaire en riz, un des éléments de bilan de Macky Sall pour 2019, qui a pesé sur la balance, même si pour certains acteurs, c’est un vendeur de vent qui est plus dans la théorie. Abdoulaye Seck qui fut aussi conseiller de Macky Sall à la Primature siège ainsi en Conseil des ministres depuis 2013. Quant à Awa Marie Coll Seck, professeur émérite, elle n’a pas été retenue dans le gouvernement Dionne 2, mais elle se retrouve ministre d’Etat auprès du président de la République. Du haut de ses 74 ans, elle aurait demandé à partir du Gouvernement, mais apparemment, elle sera plus que jamais « utilisée » par Macky Sall qui compte bénéficier de son expérience au niveau international, notamment aux Nations-Unies où elle a servi de 1996 à 2001 au sein du programme conjoint des Nations-Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Macky Sall tient à elle. Grâce à son action, de grandes avancées ont été réalisées dans le secteur de la santé et l’on peut mettre à son actif plusieurs acquis dans ces domaines aussi variés que le Programme élargi de vaccination, la lutte contre le paludisme, le Sida, la santé des personnes du troisième âge, etc. Elle a d’ailleurs été récompensée au «World Government summit », en février 2017, rendez-vous annuel de décideurs organisé à Dubaï, du titre de «meilleur ministre» pour son rôle dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola.
MARY TEUW NIANE, «UN DUR A CUIRE»
Un autre ministre qui est indéboulonnable dans le gouvernement, c’est Mary Teuw Niane. Même s’il se construit bon an mal an une carrière politique, sa présence dans le gouvernement n’est pas due à ses performances sur le terrain. C’est plutôt son opiniâtreté dans la gestion des dossiers de l’Université qui le maintient à son poste. Mathématicien de renom, il est aussi un progressiste, un homme cheval avec son temps. On se rappelle que c’est à cause de ses réformes de l’Enseignement
supérieur, très contestées à l’époque, que le chef de l’Etat avait essuyé des jets de pierre à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Président du comité électoral départemental de Saint- Louis lors des dernières élections législatives, Mary Teuw Niane, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, ancien recteur et président de l’Assemblée de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis a su gagner la confiance du chef de l’État. Il conserve son poste et a vu passer tous les Premiers ministres sous le magistère de Macky Sall. Sidiki Kaba, un sophiste à l’international En définitive, Me Sidiki Kaba est quasiment dans le même sillage que Mary Teuw Niane. Il n’est pas maintenu au gouvernement parce qu’il est le maître de Tambacounda. Cette localité était déjà dans l’escarcelle du président de la République qui en 2012 avait gagné la commune de Tamba dès le premier tour. En quête de légitimité dans la localité, Sidiki Kaba est contesté par certains de ses frères de parti à Tambacounda. Au sortir du scrutin marqué par la victoire de BBY dans la localité, il a été reconduit sans surprise dans le gouvernement Dionne 2. Mais cette fois-ci, au poste de ministre des Affaires étrangères en remplacement de Mankeur Ndiaye. Il avait jusquelà «bien joué le jeu», et assuré la bataille communicationnelle en tant que ministre de la Justice, dans les dossiers de Hissène Habré, Karim Wade, Khalifa Sall, mais aussi et surtout sur le dossier les réformes dans la Justice. Normal pour un avocat international de sa trempe. Parmi ces grands dossiers on peut citer : la défense devant les tribunaux internationaux de Laurent Gbagbo , Simone Gbagbo et plus de 120 membres du Front populaire Ivoirien (FPI), la défense de Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, la défense de Idrissa Seck , ancien, Premier ministre du Sénégal, la défense de Alpha Condé , chef de l’opposition en Guinée, la défense de Abdoulaye Wade et 200 militants du Parti démocratique du Sénégal…
Elu en 2014 président de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, son aura devra être d’un grand apport pour rayonner la diplomatie sénégalaise. Mais attention, la diplomatie n’aime pas le bruit.