«C’EST INACCEPTABLE QUE LES CRIMES ECONOMIQUES NE SOIENT PAS PUNIS»
ALIOUNE TINE SUR LA LIBERATION DE KARIM WADE
Alioune Tine désapprouve totalement le prochain élargissement de Karim Wade décidé par le président Macky Sall. Le patron sénégalais du Comité des droits de l’homme trouve inacceptable que les crimes économiques ne soient pas punis. Il l’a déclaré, hier, en marge de la célébration du cinquième anniversaire du 23 juin 2011.
La libération annoncée de Karim Wade continue d’alimenter les débats au sein de la classe politique et des défenseurs des droits de l’homme. Alioune Tine, qui s’est prononcé sur le sujet, hier, juge inacceptable que les crimes économiques ne soient pas punis. «Avec tous les problèmes que les citoyens rencontrent concernant l’éducation, la santé, entre autres, il faut des mesures crédibles, légitimes et fortes pour mettre fin à l’impunité des crimes économiques. C’est une demande forte», clame l’ancien patron de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), qui indique que les défenseurs des droits de l’homme ont travaillé avec la Cour pénale internationale pour voir comment on peut considérer les crimes économiques comme crime internationaux. Crimes pour lesquels les coupables seront traduits devant la Cour pénale internationale. Un tantinet amer, Alioune Tine estime qu’il y a trop d’injustice et de déséquilibre dans le monde. Sur les mises en liberté accordées depuis quelque temps à des célébrités (notamment Cheikh Yérim Seck, Cheikh Béthio Thioune, Luc Nicolaï, Thione Seck),
Alioune Tine estime que cela pose problème et suscite des débats pour les citoyens. «Il faut examiner les problèmes de grâce et débattre sur qui va mériter cette grâce ou pas. On peut gracier 40 personnes, mais ce sont les célébrités qui sont visibles. Ce sont juste des perceptions», dit M. Tine. Pour enlever de la tête des Sénégalais la perception comme quoi il ya une justice pour les riches et une autre pour les pauvres, affirme Alioune Tine, «il faut tout faire pour qu’il y ait une justice équitable qui soit bonne pour tout le monde. Dans d’autres pays, il a fallu un long processus comme le concept de mise en examen en France et le concept de présomption d’innocence ou des personnes ont été poursuivies et emprisonnées».
Dans ce cadre, il encourage les actions du Mouvement Y en a marre, capable de mobiliser la jeunesse sénégalaise. « Ils se sont engagés avec un courage très rare dans la lutte et nous l’avons vu le 23 juin. Cet engagement a permis de stopper un coup d’Etat, c’est une sorte d’alliance avec la jeunesse et les artistes qui sont très mobilisateurs, pour toucher le maximum de jeunes», indique l’ancien secrétaire général de la Raddho.