«IL Y AURA DES MECONTENTS DANS BBY»
OUMAR SARR, PRÉSIDENT DU GROUPE POUR LA REFONDATION DU REWMI
Les investitures pour les élections législatives prévues le 30 juillet prochain ne seront pas une mince affaire pour le leader de la coalition Bennoo Bok Yaakaar (Bby), Macky Sall. C’est la conviction de Oumar Sarr, président du groupe pour la refondation de Rewmi, membre de Bby. Pour lui, il y aura beaucoup de mécontents. Entretien.
L’As : Au fur et à mesure que s’approchent les législatives, les relations entre l’opposition et le pouvoir deviennent de plus en plus tendues. Comment analysez-vous cela?
OUMAR SARR : Ce que vous appelez tension n’en constitue pas une à mon sens. Dans toutes les démocraties qui se respectent, il y a une majorité qui gouverne et une opposition qui critique. Au plan médiatique, nous constatons beaucoup de fébrilité dans les rangs de l’opposition. J’ose espérer que cette tension qu’elle essaie d’imposer n’est pas une forme sublimée du trop plein d’inquiétudes qu’elle ressent individuellement et collectivement. D’ailleurs, l’opposition ne pose que des questions qui sont strictement liées à leurs leaders et aux tensions individuelles auxquelles ils sont confrontés. On a parfois l’impression qu’elle fait le travail d’une Ong ou de la société civile. Peut-être qu’il n’y a rien à dire sur les affaires qui intéressent le pays, l’éducation, la santé etc… La faiblesse de l’opposition sénégalaise est qu’elle ne pose que des problèmes judiciaires. Elle s’est spécialisée dans la défense des prisonniers ou de ceux qui sont en passe de l’être. La majorité présidentielle se concentre sur les semences, l’allégement des travaux de femmes, le recul de la pauvreté, la santé, bref, ce qui intéresse le citoyen. L’opposition joue son rôle en cherchant à conquérir le pouvoir, mais faudrait-il qu’elle s’en donne les moyens ; ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Elle parle trop sans travailler assez.
Le choc des ambitions au sein de Bennoo ne risque-t-il pas de perdre la mouvance présidentielle aux prochaines législatives ?
Il est difficile de faire une liste pour 165 Députés quand ceux qui méritent d’aller à l’Assemblée Nationale font des milliers de personnes. A l’heure du choix, on est forcément obligé de procéder à des choix parfois douloureux. Dans Bennoo Bokk Yakaar, c’est sûr qu’il y aura des mécontents. Car d’une coalition de coalitions. Il faut un sens élevé des responsabilités, une grande dose d’objectivité et de solidarité entre nous, beaucoup de compréhension et de patience, et nous gagnerons.
L’opposition est en train de se réorganiser et de reprendre du poil de la bête. Des craintes ?
Il n’y a rien à craindre, on juste du respect pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des opposants. En dehors de cela, nous avons l’impression qu’elle est une addition de leaders qui veulent diluer, dissimuler leurs faiblesses individuelles. Certains veulent conserver ou reconquérir un fief, d’autres rêvent d’une Assemblée Nationale qui les laverait à grande eau. Que dire de ceux qui n’ont jamais travaillé, et que seule une fonction élective peut sauver. Ils ont, chacun, un agenda caché. Nous attendons de voir si elle parviendra à avoir une liste commune. Elle n’a qu’à relever d’abord ce défi.
Vous avez décidé de poursuivre votre compagnonnage avec Macky Sall. Pourquoi ?
Le 18 mai, nous nous sommes retrouvés au Cices et avons décidé de monter d’un cran en réaffirmant notre ancrage dans Bby. Nous sommes cohérents et sommes convaincus que le Président Sall est allé même audelà de nos espérances. Le pays va émerger et en tant qu’acteurs politiques, nous avons intérêt à l’aider à accélérer l’émergence de notre pays. Le Président Sall a un style de combat qui nous séduit sans trop de bruit et beaucoup de sérénité et surtout d’efficacité. Ensemble, nous gagnerons toutes les batailles, économiques, sociales et même politiques.