LA QUESTION DU CHOMAGE DES JEUNES RESTE UNE EQUATION INSOLUBLE
OUSMANE TANOR DIENG A L’UNIVERSITE D’ETE DU PS
Les rideaux sont tombés, hier, sur l’université d’été des socialistes qui a avait pour thème «Le Ps face aux défis politiques, économiques et sociaux au Sénégal et en Afrique». Dans son discours inaugural, d’avant-hier, Ousmane Tanor Dieng, leader des «verts», a abordé divers sujets, dont le chômage des jeunes, les menaces terroristes et le Plan Sénégal émergent (Pse).
Chômage au Sénégal
«En évoquant la place du secteur informel dans notre économie, je ne peux manquer de revenir sur la question du chômage, du chômage des jeunes, notamment qui, aujourd’hui encore, reste une équation insoluble. Si jusqu’à aujourd’hui, aucun parmi les régimes qui se sont succédé n’est arrivé à trouver la bonne formule, c’est parce que nous n’arrivons pas à en cerner les véritables causes. Or, il incombe aux pouvoirs publics d’offrir à notre jeunesse, à travers un emploi décent, les moyens de se réaliser et les conditions d’acquérir une dignité. Le Pape Jean Paul II avait eu cette formule heureuse?: ‘Quand la jeunesse a froid, le reste du monde claque des dents’. Ceci pour dire, combien il est important, d’engager une nouvelle politique de jeunesse, qui place la question de la formation et de l’emploi au cœur des politiques publiques. Il est tout aussi important d’investir dans l’éducation et la formation, investir dans le capital humain de notre jeunesse qui constitue la première ressource pour parvenir à l’émergence. Il est vrai que beaucoup de progrès ont été réalisés par le Sénégal, en matière de scolarisation et d’alphabétisation, depuis 1960. Mais malgré les dépenses publiques élevées consacrées à notre système éducatif, il subsiste des défis persistants liés surtout à la qualité des enseignements-apprentissages et à l’instabilité de l'espace scolaire».
Menaces terroristes
«La menace terroriste est devenue, dans un contexte de mondialisation et d’instantanéité de l’information, un péril planétaire qui interpelle la conscience universelle, régulièrement agressée par une internationale terroriste qui étend ses tentacules aux quatre coins du monde et qui, avec la création d’un Etat islamique par Daesh, a franchi un nouveau palier. En vérité, le terrorisme est devenu une menace globale. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, de Madrid, en mars 2004, de Londres, en juillet 2005, la prise d’otages en Algérie, en janvier 2013, les attaques de Boko Haram au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad, les attentats ignobles perpétrés à Paris, en janvier 2015, et le vendredi 13 novembre dernier, et hier, la prise d’otages à Bamako, renseignent, si besoin en était encore, sur la gravité du péril terroriste. C’est le lieu de condamner à nouveau ces crimes odieux et d’exprimer, une fois encore, notre solidarité au peuple français et au peuple malien. Nous assistons à une globalisation du terrorisme qu’aucun Etat ne peut vaincre seul et à laquelle il faut opposer une mutualisation des moyens de lutte à l’échelle de tous les Etats. En effet, tous les Etats y étant vulnérables, la menace doit être traitée collectivement à travers une stratégie globale et une approche multilatérale basées sur un système d’échanges d’informations et de coordination des actions entre les pays du nord et ceux du sud. Aujourd’hui, l’Etat islamique, c’est la négation de l’Etat nation. Je crois qu’il faut s’atteler à un travail sur le renseignement et l’anticipation et que des moyens accrus soient mis à la disposition de nos forces de sécurité. Et, je crois que l’Etat est en train de faire ce qu’il faut faire».
Plan Sénégal émergent
«Si le Pse a le mérite de proposer une vision à long terme, une programmation chiffrée et des mécanismes de mobilisation des ressources financières, et bénéficie de la confiance de la communauté internationale, sa mise en œuvre appelle une réflexion de chaque partenaire de la coalition ‘Bby’ et une contribution de toutes les forces vives du pays à ce débat que ne peuvent manquer de susciter les enjeux d’une entreprise aussi complexe. À notre avis, l'étude des données composant ce Plan à long terme et l’examen de la situation de notre pays, commandent la construction d’un modèle de croissance plus large et plus inclusif. C’est pourquoi il faut saluer les résultats déjà obtenus pour l’agriculture de notre pays, notamment pour la présente campagne agricole et dans le processus d’autosuffisance en riz. Le modèle de croissance doit aussi avoir comme épine dorsale l’éducation, la santé, le tourisme, les technologies (développement des secteurs secondaires et tertiaires), les infrastructures, l’énergie et la contribution de la diaspora.
Notre avis est également que le développement durable reste un volet incontournable dans la réussite de tout pays émergent. Parmi les équations les plus épineuses de nos problèmes de développement figure la place qu'occupe le secteur informel très représentatif dans notre économie et dont il reste à rationaliser l'articulation avec les autres secteurs».
Réformes institutionnelles
«La première de nos tâches en tant que socialistes, c’est de faire partager l’idée que pour relever ce défi, il faut s’adosser sur un nouveau cadre institutionnel porté par de nouveaux instruments qui doivent marquer une véritable rupture. Cette rupture que nous tirons de nos expériences passées est un défi de gouvernance, celui de la capacité de notre pays à se doter d’institutions légitimes et crédibles pour assurer l’ancrage irréversible de notre pays dans la République.
En terme d’objectifs, il s’agit de se doter de règles et de modes de gouvernance acceptés, partagés et respectés par tous les acteurs de la vie nationale. Il s’agit là d’un enjeu considérable du prochain référendum sur les réformes institutionnelles, référendum qui permettra à notre pays de se doter d’une Constitution qui, à défaut d’être intemporelle, va asseoir les bases d’un consensus durable sur nos institutions.
En droite ligne de ces réformes institutionnelles, il nous faut faire plus d’efforts dans la lutte contre la corruption et le gaspillage des ressources publiques et pour la promotion de la bonne gouvernance et engager une réflexion sur notre système politique qui, à bien des égards, semble s’être essoufflé. Cette réflexion concerne aussi bien les partis politiques et leur nombre, le mode de scrutin que le financement des partis politiques et des campagnes électorales, toutes questions qui, comme chacun le sait, contribuent à l’approfondissement de la démocratie et à la moralisation de la vie publique.