«LES VRAIS RESPONSABLES, C’EST NOUS. JE SUIS PRET A REPONDRE DEVANT LA POLICE ET LA JUSTICE»
KHALIFA SALL, SUR LES AUDITIONS DE SES PROCHES DANS LE DOSSIER DES EVENEMENTS DU 5 MARS
Face à l’accentuation de la pression sur ses proches qui défilent à la Dic, dans le cadre de l’enquête sur les incidents du 5 mars dernier à la Maison du Parti socialiste, Khalifa Sall a fini par briser le silence. Le maire de Dakar qui assume tout dénonce une opération d’«intimidation» et demande qu’on «laisse tranquille ces jeunes». Aussi, il dit être «prêt à répondre devant la police et la justice».
Sa réaction était attendue. Mais il tardait à parler. Car depuis le 5 mars dernier et les incidents à la Maison du Parti socialiste (Ps), il avait toujours refusé de se prononcer sur cette affaire. Un «dossier politique» qui a finalement pris une tournée judiciaire et policière, avec la plainte déposée par le patron des socialistes, Ousmane Tanor Dieng, au niveau de la Division des investigations criminelles (Dic) de la police. Et depuis, des proches du maire de Dakar défilent à la Dic pour être auditionnés, dans le cadre de l’enquête.
Une enquête qui s’est emballée, ces derniers jours. Ce qui a sans doute pousser Khalifa Sall, l’homme qui se trouve au cœur des supputations, car considéré comme étant le nœud de cette affaire, a finalement rompu le silence. Le Secrétaire national à la vie politique du Parti socialiste a, en effet, brisé le silence dans lequel il s’était emmuré dans cette affaire, hier. Khalifa Sall a tout pris sur lui, sur fond d’interrogation quant aux motivations réelles de cette procédure enclenchée par la direction du parti.
«Vous comprendrez que ma réaction est une réaction de réprobation, de réprobation très vive que des questions politiques puissent se terminer à la police devant la police judicaire. C’est une première, c’est très grave, c’est un précédent dangereux. Ce qui me gêne là dedans, c’est qu’on est en train de chercher à intimider. Je ne sais pas d’ailleurs dans quel but et pour quelle raison. Peut être que l’idée de la prochaine réunion du Bureau politique du parti explique cela», s’est confié Khalifa Sall, joint par la Rfm, au Québec où il se trouve et où il a été fait citoyen d’honneur de la ville de Montréal.
«En tout état de cause, a ajouté le maire de Dakar, c’est une démarche qui ne saurait prospérer. Elle n’est pas dissuasive et c’est une mauvaise solution. Le problème du parti, c’est un problème de cohésion et de concurrence. Je pense qu' on peut le régler à notre sein. Mais vouloir intimider les gens, leur faire la pression, ça c’est futile».
Assumant les actes posés par ses proches, Khalifa Sall de dire que, «si on veut discuter de ce problème ou chercher un responsable, on n’a qu’a m’appeler. Moi je suis prêt à répondre à la police et la justice. Ces jeunes qui sont traqués se clament tous de moi ou sont proches de moi. Mais qu’on m’appelle. Et moi, si on me convoque je viens. Je n’ai pas peur. Parce que les vrais responsables, c’est nous».
«Ces jeunes-là, quel que soit ce que l'on peut leur reprocher, c’est qu’ils étaient venus défendre une cause. Ils se réclament de moi, dit-on. Et moi, je suis prêt à répondre devant la police et la justice. Donc, qu’on m’appelle et qu’on les laisse tranquilles», a asséné le leader de la Coalition Taxawu Dakar.
Quant à la gravité des faits qui fait que la police doit s’en saisir, Khalifa Sall s’en étonne. «Pourquoi, dit-il ? Quelles en sont les causes ? S’il y a une cause collée à d’autres motifs et motivations que politiques, nous on n’aurait dû user d’autres voies. Mais ces faits là sont politiques. Cette affaire, elle est fondamentalement politique, donc on peut le régler politiquement».