"MACKY A PROUVÉ QUE SEUL KHALIFA SALL LUI FAIT PEUR DANS L'OPPOSITION"
Fanta Diallo, responsable du mouvement "Khalifa président"
Fanta Diallo voit derrière les restrictions faites à Khalifa Sall en prison une "peur" du régime actuel. La responsable du mouvement "Khalifa président" au point E regrette que le pouvoir leur interdise de distribuer des flyers de leur mentor dans les rues de Dakar. Pour toutes ces raisons, cette proche de Idrissa Diallo, de passage à la rédaction, appelle les leaders de Manko taxawu senegaal à faire du maire de Dakar leur tête de liste nationale pour les Législatives du 30 juillet.
La semaine dernière, vous faisiez partie des 19 femmes interpellées puis libérées par la police suite à un rassemblement sur le Boulevard de la République pour exiger la libération de Khalifa Sall. Comment vous vous êtes organisées ?
"Organiser", un gros mot ! Cela veut dire qu'on avait prévu de mettre en branle un plan d'action. Non, ce qui s'est passé est que c'est le lundi matin qui est le jour de visite habituel au maire de Dakar. Les responsables politiques et administratifs de la Ville de Dakar, sa famille se sont rendus à Rebeuss pour le voir. Ils ont constaté que le maire refusait de recevoir ses visiteurs dans la mesure où il était dans l'obligation de se rendre au parloir. Suite à cela, on a voulu marquer le coup, montrer notre indignation, notre colère face à cela. Aujourd'hui, le maire est emprisonné depuis plus de 70 jours et
se trouve dans des conditions très restrictives. C'est grave ! On a voulu montrer notre mécontentement de manière très pacifique. Le nombre de visites est passé de 20 à 10. Il n'a pas la possibilité d'aller à la mosquée, de faire du sport, d'aller à la prière du vendredi. Il est isolé. C'est une situation qu'on déplore. Khalifa Sall est le maire de la capitale et il y a un certain respect qui est dû à sa personne. Depuis son arrestation, nous sommes tous sur le terrain pour faire du porte-à-porte, des sensibilisations où on distribue des flyers. Ce jour-là, on s'est dit que l'acte posé par les autorités pénitentiaires est une goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Qu'est-ce qui explique ces restrictions ?
Cela démontre que le pouvoir en place fait de ce dossier une affaire politique. Déjà sur les faits, on sait que c'est pour la politique que Khalifa Sall est arrêté et jeté en prison. Les actes que pose le régime le démontrent aujourd'hui à suffisance. Même en prison, Khalifa Sall fait peur. Il a fait l'unanimité et a réussi à mettre autour de sa personne une coalition que nul n'attendait. Le premier acte posé est ce rassemblement de Manko taxawu senegaal pour sa libération. Je pense que le pouvoir a de plus en plus peur de la personne de Khalifa Sall. Raison pour laquelle il s'agit aujourd'hui de l'emprisonner, de l'isoler de sa famille, de ses proches, mais aussi sur le plan politique. Cela prouve que dans la tête de Macky Sall, son seul adversaire politique valable, c'est Khalifa Sall. Donc, il faut tout faire pour le mettre hors-jeu. Khalifa Sall est certes en prison, mais nous, ses soutiens, faisons le travail. Ce week-end, on avait une activité à Paris, dans tout Dakar, à Kaolack, à Fatick et au Maroc. On est sur le terrain. Malgré cela, on se fait arrêter tous les jours à cause de distribution de flyers. C'est antidémocratique. Des jeunes ont été arrêtés à Dakar-Plateau, d'autres à Pikine. Tous les jours, pour chaque acte posé, on se fait arrêter parce qu'on porte juste le message du président Khalifa Sall ou parce qu'on porte un teeshirt à son effigie. Pourtant chaque jour, des membres du parti au pouvoir font preuve de violence à travers des bagarres qui sont filmées avec des blessures. Mais aucune action n'est entreprise en ce sens. On assiste à des pseudo-tournées du ministre de la Jeunesse dont on ignore concrètement le but. C'est de la politique déguisée. Il est en train de faire le tour de Dakar pour parler avec les jeunes et préparer la campagne de Macky Sall. Et nous, une distribution de flyers nous est interdite. C'est pourquoi nous avions décidé de poser cet acte symbolique au niveau du Boulevard de la République. Les Sénégalais doivent retenir ce terme pacifique parce qu'on était que des femmes, non armées pour montrer notre mécontentement. Aujourd'hui, le pouvoir a compris que Khalifa Sall n'est pas seul et que des gens sont prêts à se battre pour sa libération.
Qu'est-ce qui s'est passé à la police après votre arrestation ?
Nous avons été transférées au niveau de la police du Plateau. Lorsque les auditions ont commencé, nous avons demandé à nous faire assister par nos avocats pour pouvoir répondre. Mais avant la fin de cette procédure, nous avons été libérées.
Khalifa Sall doit-il être la tête de liste de Manko taxawu senegaal pour les Législatives ?
J'estime que Khalifa Sall doit être la tête de liste de cette coalition parce que le Président Macky Sall a démontré que c'est le seul adversaire qui lui fait peur. Au-delà, faire de Khalifa Sall la tête de liste de l'opposition, c'est montrer le soutien de la classe politique à sa personne.
Est-ce que, vu qu'il est en prison, cela sera électoralement payant en vue d'imposer au régime en place une cohabitation ?
Oui, parce que Khalifa Sall, contrairement à ce que beaucoup disent, est connu partout au Sénégal. Il a été arrêté suite à ses tournées. Mais ce qui est important, c'est qu'on puisse avoir une majorité à l'Assemblée nationale et poser les actes qui vont nous permettre d'avoir cette gouvernance sobre et vertueuse.