UNE REVOLTE POPULAIRE AU GOUT D’INACHEVE !
SIX ANS APRES LES EVENEMENTS DU 23 JUIN 2011
La révolte du 23 juin 2011 suivie de la chute de Me Abdoulaye Wade quelques mois plus tard, donnait un sentiment d’espoir à tous ces activistes et politiciens engagés à l’époque dans le combat pour la «restauration de la démocratie». Six ans après, la situation laisse penser que le processus a été rompu avec des critiques identiques à celles entretenues sous le régime précédent.
Le jeudi 23 juin 2011 est une date inoubliable et un tournant dans l’histoire politique du Sénégal. Un signe avant-coureur de la déchéance de l’ancien Président Abdoulaye Wade qui, à tort où à raison, était accusé de vouloir installer «une dévolution monarchique » du pouvoir dans le pays. Face à un peuple déchaîné et prêt à se décimer pour empêcher le vote du «ticket présidentiel», le patriarche libéral a finalement renoncé, in extremis, à son projet controversé de réforme constitutionnelle.
Il s’est agi en effet, de baisser à 25 % le seuil minimum des voix nécessaires au premier tour pour élire un «ticket présidentiel » comprenant un Président et un Vice-président de la République. D’aucuns ont soutenu à l’époque que ce poste de viceprésident était taillé sur mesure pour son fils Karim Meissa Wade alors super ministre d’Etat, avec les portefeuilles de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures.
Les manifestations à la place Soweto avaient fait des dizaines de blessés du côté des manifestants comme des forces de maintien de l’ordre. C’est au sortir de ces échauffourées , d’ailleurs, qu’est né le Mouvement du 23 juin, composé des partis de l’opposition et organisations de la société civile et dont l’objectif était le départ de Wade du pouvoir. Mais ce mouvement composite défendait également des dérives démocratiques, notamment un présidentialisme aux allures «monarchisantes», la dépendance de la justice sénégalaise à l’Exécutif…
Six ans après, ces mêmes complaintes ressurgissent dans l’espace politique. Des membres très actifs de ces évènements ayant participé au départ de Wade restent toujours sur leur faim. Ils ne sont pas toujours convaincus des réalisations du successeur du pape du Sopi, Macky Sall. La clameur s’est abattue sur ce dernier, suite à la réforme constitutionnelle du 20 mars 2016 qui consacre la réduction du mandat présidentiel à cinq ans et son inapplication au mandat en cours. Les détracteurs de Macky Sall l’accusent d’avoir fait un «Wax Waxett (Ndlr : se dédire)», maquillé «sous une prétendue consultation du Conseil constitutionnel ».
Le Président n’avait cessé de répéter après son élection qu’il allait faire un mandat de cinq ans. Par ailleurs, le mouvement «Y en a marre» a tiré récemment son bilan de l’après-pouvoir de Wade. Les activistes ont listé un certain nombre de dysfonctionnements dans la gestion du régime de Macky Sall.
Ils ont lancé le concept «Lu Eupp Tuuru (en français, Trop c’est trop)» avant de tenir un grand rassemblement par la suite, le 07 avril dernier pour dénoncer l’absence de démocratie, une justice sélective et de façon globale les difficultés sociales auxquelles les Sénégalais sont confrontés. Ils se disent également écoeurés par la justice sélective et manipulée par l’exécutif faisant référence aux suites données aux rapports de l’IGE et de l’Ofnac. Toujours du côté de l’opposition fortifiée par le ralliement d’anciens collaborateurs de Macky Sall dans Benno Bokk Yakaar, on dénonce une implication de la famille dans les affaires de l’Etat. On théorise le concept «dynastie Faye-Sall» pointant du doigt la nomination du frère de la première dame comme ministre de la République. Ajouté à cela, le frère du chef de l’Etat, Aliou Sall qui s’impose de plus en plus sur la scène politique, est contesté par les détracteurs de Macky Sall. Sa volonté de siéger dans l’hémicycle a été traduite par certains de vouloir s’emparer de la présidence de l’Assemblée nationale.
D’ailleurs, très inspiré à l’époque où il était dans l’opposition, Talla Sylla n’avait pas hésité de parler de «président de la République centralisée » et «président de la République décentralisée» faisant allusion à l’élection de Aliou Sall comme président des maires du Sénégal. D’ailleurs, c’est pour parer aux attaques que le Président Sall a demandé à son frère de ne pas se présenter aux « Législatives » du 30 juillet prochain.