3,9 TONNES DE MEDICAMENTS SAISIS EN 2014 DANS LES RUES
IMPACTS DE LA VENTE ILLICITE DE MEDICAMENTS
Un appel aux forces de l’ordre pour plus de soutien et aux juges pour des sanctions plus sévères. C’est ce qu’a lancé, hier, la Direction de la pharmacie et du médicament dans sa croisade contre les impacts de la vente illicite de médicaments. La Dpm a ainsi rappelé qu’en 2014, ce sont 3,9 tonnes de médicaments qui ont été saisis dans le pays.
La Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm) a organisé, hier, un atelier d'orientation de journalistes sur la campagne nationale de sensibilisation sur les dangers liés à la consommation des médicaments de la rue. Car, en dépit des gardes fous instaurés par les autorités, la vente de médicaments de la rue subsiste. D'ailleurs, une opération de saisie réalisée en 2014, a permis de mettre la main sur 3,9 tonnes de médicaments dans les rues du pays. Une étude sur l'impact financier de cette pratique est en vue, annonce la Dpm.
C'est dans ce cadre que le ministère de la Santé et de l'Action sociale a décidé de renforcer la lutte contre le marché illicite des médicaments en organisant une campagne nationale de sensibilisation. Ce sera du 24 au 31 août 2016 à travers la Dpm, avec l'appui des partenaires techniques et financiers. Colonel Amadou Mactar Dièye, renseigne qu'il y a deux autorisations dont il faut disposer pour avoir l'autorisation de vendre des médicaments.
La règlementation contournée
«Il y a l'autorisation de mise sur le marché avec examen du dossier de demande par un Comité d'experts, une validation par la Commission nationale du médicament et un arrêté ministériel portant octroi d’agrément. A cela s'ajoute une autorisation d'importation délivrée par la Direction de la pharmacie et du médicament», explique le directeur de la Dpm.
En dépit de ces dispositifs, les médicaments inondent le marché noir. «C'est un circuit que nous ne maîtrisons pas. Autant on peut dire que le médicament licite, le chiffre d'affaires tourne autour de 100 millions de francs Cfa. Autant, aujourd'hui, nous n'avons pas de sources fiables à notre niveau pour dire que le chiffre d'affaires de ces médicaments illicites c'est tant. Mais nous avons prévu, dans le cadre de la coopération avec l'Union européenne, de faire une étude pour essayer de chiffrer ce marché illicite. Et tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on a saisi 3,9 tonnes de médicaments en 2914», a fait savoir le Colonel Dièye.
En réponse à ce problème, il explique qu'ils ont comme cibles «les vendeurs illicites. Et nous allons insister sur les textes réglementaires, parler des risques de sanctions, d'emprisonnement… Quand on a fait l'opération porc épic, il y a certains qui ont perdu des millions. Les gens disent que les sanctions ne sont pas lourdes, mais nous travaillons à les alourdir».
La Dpm demande aux juges d’avoir la main plus lourde pour les trafiquants de médicaments
Engagé à combattre la vente illicite des médicaments, le patron de la Dpm exhorte les magistrats à corser les sanctions. «Nous exhortons surtout les magistrats à appliquer les peines dans toute sa rigueur. Car nous pensons que les peines peuvent aller jusqu'à deux ans fermes lorsqu'on attrape quelqu'un vendre des médicaments. Parfois, on a des sanctions de 15 jours à un mois. Mais nous pensons que si les magistrats enfermaient au premier coup 1 an ou 2 an, cela peut dissuader les gens à s'adonner à la vente illicite des médicaments. Nous ferons en sorte que ces gens-là n'aient pas de médicaments», dit-il.
«Il faut que nous travaillions beaucoup plus avec la douane. Parce qu'il y a des gens qui voyagent et qui mettent dans leurs valises des médicaments qu'ils ne déclarent pas. Cela aussi c’est une porte d'entrée. Il y a aussi le problème des conteneurs qui ne sont pas tous contrôlés. Il y a un problème de ciblage, quelqu'un va dire que j'amène de la friperie et c'est ce qu'on déclare que les douaniers enregistrent. Et c’est ce qui fait que les médicaments passent par le port dans des conditions désastreuses. C'est les forces de l'ordre qui peuvent nous aider dans cette lutte», renchérit le Colonel Dièye.