LA CROIX ROUGE CHOQUEE ET PREVIENT L’EPS
SEDHIOU - HOPITAL - NON-ASSISTANCE A UN NOUVEAU-NE
C’est un scandale aux allures de non-assistance à personne en danger survenu avant-hier mercredi 18 octobre, à Sédhiou. Les agents en poste à la maternité de l’établissement public de santé EPS1 de Sédhiou auraient refusé l’accès au président du comité départemental de la croix rouge sénégalaise de Sédhiou, alors qu’il évacuait d’urgence un nouveau-né prisonnier de son cordon ombilical enlacé autour du cou. La croix rouge informe également que la mère de l’enfant a été tout aussi stoppée à l’entrée de l’hôpital. Les motifs de grève seraient invoqués par ces techniciens de la santé, mais la direction ne trouve pas encore opportun de s’y prononcer publiquement. La gendarmerie a ouvert une enquête.
Le diagnostic sans complaisance établie une situation maladive très préoccupante du centre hospitalier régional de Sédhiou. La presque totalité des services sont à l’arrêt, il y a aussi une rupture des médicaments, l’unité de biologie et de laboratoire non fonctionnel, une insalubrité répugnante, entre autres. A ce cocktail déjà explosif s’ajoute la grève en cours de 48 heures, précédée d’un sit-in, la veille, du personnel médical. Au motif justement de cette grève, le service de garde de la maternité aurait refusé l’accès, hier, mercredi au président départemental de la croix rouge de Sédhiou transportant sur une moto taxi «jakarta» un nouveau-né qui trainait autour du cou le cordon ombilical. Massiré Touré, le président de la croix rouge départemental de Sédhiou visiblement très choqué explique que «mercredi dernier, vers dix-huit heures, j’ai trouvé une femme qui a accouché dans des toilettes traditionnelles avec des risques de chute dans la fosse septique.
Face à cette situation, j’ai mis mes gangs pour leur apporter secours. L’enfant était prisonnier de son cordon ombilical enfilé autour de son cou. Automatiquement, j’ai hélé un taxi moto Jakarta qui m’a conduit d’urgence à l’hôpital. Les portes de la maternité étaient cadenassées et les matrones trouvées sur place m’ont fait comprendre qu’elles ne toucheront pas cet enfant au motif qu’elles sont en grève».
Massiré Touré de poursuivre sur un ton très ferme, la voix tremblotante : «j’ai alors décidé de forcer la porte et je suis arrivé à pénétrer dans la salle d’accouchement. J’ai trouvé un fil pour couper le cordon ombilical et soudain l’enfant pousse son premier cri qui le libère. Voilà comment j’ai pu sauver le bébé. Ils ont même refusé l’accès à la maman de cet enfant. Et pourtant la croix rouge a formé et équipé 50 matrones et autant de relais en santé communautaire tous mis à la disposition de la santé pour éviter de pareilles situations désastreuses, hélas», se désole-t-il, avant d’ajouter que l’année dernière lui-même avait perdu son enfant dans ces mêmes conditions de négligence coupable. Massiré prévient que cette affaire sera tirée au clair, car s’en est de trop.
En milieu de matinée hier, jeudi, les gendarmes de la brigade ont effectué une descente à l’établissement public de santé pour s’enquérir de la situation et ont ouvert une enquête pour en savoir plus. Nos services ont interpellé le directeur de l’hôpital, mais Doudou Diouf promet d’y revenir une fois qu’il aura rassemblé l’ensemble des éléments d’explication. Quant au nouveau-né et sa maman leur état de santé serait stable, selon une source de la croix rouge.