MEDECINS ET INFIRMIERS S’ETRIPENT
POLEMIQUE ENTRE LE SAMES ET LE SUTSAS
Depuis quelques jours, le syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) et le syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) ne parlent plus le même langage. Ces deux syndicats s’attaquent par presse interposée. La polémique provient de la mutation d’un médecin membre du Sames qui accuse un infirmier du Sutsas d’exercer illégalement la profession de médecin à Diofior.
Va-t-on vers une guerre entre les syndicats de santé? Tout porte à le croire. Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) et le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) ne se font pas de cadeau. A l’origine de la brouille, la mutation d’un médecin, de son poste pour cause de dénonciation d’un infirmier exerçant illégalement la profession de médecin. Une thèse que rejette le Sutsas qui accuse Dr Mama Moussa Diaw, médecin chef de district à Diofior de procéder depuis 2014 à des affectations arbitraires d’une dizaine d’infirmiers chefs de poste de santé dudit district, de privation de paiements d’heures supplémentaires, de harcèlement et d’acharnement sur les agents provoquant des départs non désirés et le refus de délivrer des certificats administratifs à des candidats aux concours professionnels.
Du côté du Sames, les camarades de Boly Diop avaient observé trois jours de grève la semaine dernière, pour s’insurger contre la mutation de leur collègue, membre de l’ordre des médecins du Sénégal. Ils campent sur leurs positions et estiment que le seul tort de leur collègue est de dénoncer la pratique illégale de la profession de médecin par un agent de santé qui s’est permis de faire une échographie. D’après le Sames, le ministre de l’Intérieur a instruit les gouverneurs de région sur demande du ministre de la Santé et de l’Action sociale de signaler les cas d’exercice illégal de la médecine et de les cesser. «L’agent sanitaire a continué à effectuer des échographies obstétricales moyennant 5000 Fcfa sans rendre des résultats signés, parfois sans images. Plusieurs cas ont été signalés, mais certains n’ont pas pu être interrogés par le commandant de brigade dans les recherches », soutiennent les membres du Sames.
Réaction immédiate du Sutsas. Deux jours après la sortie du Sames, les camarades de Mballo Dia Thiam ont fait face à la presse pour exiger le respect et la considération de la part des médecins. Ils rappellent que l’agent de santé incriminé, Abdou Gakou, ICP de Samba Dia, est un infirmier diplômé tenant la dragée haute à l’infirmier d’Etat. « Il remplit honnêtement ses fonctions au su et au vu de tout le monde, en faisant entre autres actes délégués, des échographies, depuis 2002 dont les recettes nourrissent le poste avec une traçabilité dans les livres du comité de santé», dit Mballo Dia Thiam.
Les membres du Sutsas rappellent que les actes médicaux ne sont pas la propriété d’individus ou d’une corporation et martèlent que «ceux qui prétendent se les accaparer sont les plus absentéistes et passent le plus clair de leur temps dans des séminaires ou en formation dans des Instituts, pour ensuite abandonner la médecine et s’adonner à d’autres fonctions plus rémunératrices ». Le Sutsas se réjouit du fait que les populations peuvent compter sur l’infirmier et la sage-femme là où le médecin n’existe pas. Si les attaques persistent, avertissent-ils, tous les actes médicaux délégués seront gelés ou boycottés. Ce qui serait, à leur avis, lourd de conséquences, car le Sénégal ne dispose pas de plus de 2000 médecins dans le public pour 14 millions d’habitants.
L’infirmier sera jugé ce 28 décembre au Tribunal de Fatick