RICHARD-TOLL A PRESQUE VAINCU L'ANOPHÈLE
JOURNÉE MONDIALE - Lutte contre le paludisme
Bien que jugé ambitieux, l'objectif d'éliminer le paludisme d'ici 2030 est atteignable. En attendant, la maladie est presque vaincue à Richard-Toll qui a abrité hier la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme
L'Organisation mondiale de la santé (Oms) estime que 21 pays sont en mesure d'atteindre l'objectif d'éliminer le paludisme, dont six pays de la Région africaine, où la charge de la maladie est la plus lourde. Chez nous, la maladie est presque vaincue à Richard-Toll. Elle a été offerte en exemple en abritant la Journée mondiale de lutte contre le paludisme célébrée hier par le ministère de la Santé et de l'action sociale. De façon générale, la prévalence dans l'axe Nord est en effet la plus faible. Le taux est de moins d'1 cas pour 1000 personnes, selon Dr Kalidou Konté qui a fait également savoir que dans ces régions Nord, c'est la région de Saint-Louis qui a le taux le plus faible.
"Certains districts comme Richard-Toll sortent du lot, a-t-il indiqué, car ici les autorités sont dans une phase de pré-élimination de la maladie. En général, tous les cas de paludisme qu'on y retrouve d'ailleurs sont des cas autochtones qui viennent d'ailleurs et apportent le palu avec eux. Dans ces cas, la stratégie adoptée par le district est de traiter d'abord le malade, mais aussi d'explorer pour voir si dans son environnement immédiat la maladie ne s'est pas propagée."
Aujourd'hui, cette stratégie est dupliquée dans le reste de la zone Nord, notamment dans les régions de Matam et de Louga. Comment Richard-Toll a réussi à atteindre ces objectifs ? "Ces bons résultats dans la commune de Richard-Toll sont le fruit d'une vaste croisade contre la maladie marquée par une lutte farouche contre l'agent vecteur, l'anophèle femelle, l'organisation systématique de tests de détection de la maladie, l'utilisation à grande échelle de la moustiquaire imprégnée à longue durée d'action grâce à une distribution de masse et surtout l'organisation d'une grande campagne de sensibilisation des populations", explique le médecin-chef régional de Saint-Louis.
Selon Dr Konté, les stratégies mises en œuvre dans le district sanitaire de Richard-Toll ont été déterminantes, car sur les 5 000 personnes qui ont subi des tests de détection du paludisme surtout dans les foyers, 147 seulement avaient la maladie. "L'objectif est maintenant, a-t-il fait savoir en rendant hommage aux professionnels de la santé du district de Richard-Toll où la contamination interne n'existe plus, de démultiplier ces stratégies dans les autres régions du Sénégal et même dans les autres pays de la sous-région."
Evidemment, l'équilibre des résultats affichés est fragile. Il faut continuer à surveiller les mouvements des populations dans cette zone où les travailleurs sont très mobiles à cause de l'implantation de grandes sociétés agro-industrielles comme la Css et West farm Africa implantées dans les zones de Ngnith, Richard-Toll et Ross Béthio où les rares cas de paludisme importés sont parfois détectés.
Ces résultats ont été obtenus un an après que l'Assemblée mondiale de la santé s'est engagée à éliminer le paludisme dans au moins 35 pays d'ici 2030. Selon un rapport de l'Oms, aucun pays de la Région européenne de l'Oms n'a déclaré de cas de paludisme pour la première fois en 2015, alors qu'on y recensait encore 90 mille cas en 1995. A l'extérieur de cette région, 8 pays n'ont signalé aucun cas de cette maladie en 2014 : l'Argentine, le Costa Rica, les Emirats Arabes Unis, l'Iraq, le Maroc, Oman, le Paraguay et le Sri Lanka. Huit autres pays ont notifié chacun moins de 100 cas autochtones de paludisme en 2014, et 12 autres ont signalé entre 100 et 1 000 cas de paludisme cette année-là.
La Stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030, approuvée par l'Assemblée mondiale de la santé en 2015, appelle à l'élimination de la transmission locale du paludisme dans au moins 10 pays d'ici à 2020. L'Oms estime que 21 pays sont en mesure d'atteindre cet objectif, dont six de la Région africaine où la charge de la maladie est la plus lourde.