UNE SYNERGIE DES ACTEURS POUR INFLECHIR LA TENDANCE
SEDHIOU : APPROCHE GENRE ET DROITS HUMAINS POUR LUTTER CONTRE LE VIH/SIDA
La prévalence du Vih/Sida est de l’ordre de 1,1% au sein de la population générale. Parmi les populations clés, des piques sont notés autour de 20%. Les risques d’une hausse sont toujours réels et actuels notamment en zone de frontière, et paradoxalement, les moyens de lutte sont insuffisants. Ces deux derniers jours, jeudi et vendredi 27 mai, un atelier de partage a réuni administratifs, élus, techniciens de santé et autres acteurs communautaires autour des questions de genre, Vih et droits humains. Des recommandations sont données pour renforcer la lutte dans cette partie Sud du pays.
Cet atelier de deux jours cible les administratifs de la région, les services déconcentrés de la santé, de la jeunesse, de la femme et de la famille, les forces armées, les acteurs communautaires y compris les populations-clés, la société civile et les médias. L’objectif est de les amener à s’approprier les concepts de base du genre et des droits humains et à les utiliser dans l’analyse de faits et d’intervention liés au VIH. C’est en réponse à une forte prévalence de la maladie dans la région de Sédhiou tel que décrit par docteur Bou Diarra médecin chef adjoint du district sanitaire de Sédhiou assurant l’intérim du médecin chef de région.
«La prévalence est de l’ordre de 1,1% dans la région de Sédhiou. Elle reste élevée comme du reste dans les autres régions du Sud du pays comme Ziguinchor et Kolda. Cette prévalence est dominée par une féminisation du vih notamment chez les femmes enceintes autour de 2,8% avec un accent chez les jeunes. A Sédhiou comme dans le reste du pays, l’épidémie est de type concentrée c’est-à-dire qu’on trouve le vih chez une certaine frange de la population comme les professionnelles du sexe qu’on appelle les PS avec plus de 18%, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes avec plus de 25% et les consommateurs de drogues injectables avec des statistiques à l’échelle nationale de 9,4%», a-t-il confié.
LE GENRE, UNE CONSTRUCTION SOCIALE A INTEGRER !
La dimension genre en rapport avec les droits humains est largement étayée dans les stratégies de prise en charge globale des sujets vulnérables. «Au-delà de la prise en charge médicale, il est important de soulever tout un questionnement lié à la vulnérabilité et aux inégalités. Ça nous met au cœur de cette distinction sexe/genre et même au-delà, toute la construction sociale autour du sexe et toutes les catégories qui interfèrent et qui font en sorte que certaines personnes peuvent être plus vulnérables que d’autres. Et il est important de tenir en compte d’autres éléments qui relèvent de la dimension socioculturelles entre autres», a indiqué Maïmouna N’doye juriste, docteur en études et spécialiste des questions de genre à FHI 360.
Au niveau opérationnel, des stratégies sont en application pour une prise en charge adéquate des malades, a déclaré Dr Bou Diarra du district sanitaire de Sédhiou. «Il est important de prendre en charge ces populations clés pour éviter de les stigmatiser, d’éviter à ce qu’elles se cachent et nous obligent à élaborer des stratégies pour les retrouver. Des modes de prise en charge sont en train de se faire et de plus en plus, on cherche à aller plus proches des communautés et de façon inclusive», a-t-il indiqué.
DES RECOMMANDATIONS STABILISEES
Face aux nombreuses contraintes relevées lors des travaux surtout en zone de frontière, des recommandations sont données allant dans le sens de renforcer le personnel de santé et la capitalisation des données ainsi que le renforcement des financements. L’atelier exhorte également les accouchements au niveau des structures de santé et le dépistage volontaire anonyme. Veiller à la complétude et à la cohérence des données. Il s’agira aussi d’assurer la tenue régulière des réunions pour améliorer les indicateurs et le suivi des patients, de mettre en place des stratégies pour booster la distribution des préservatifs (implication ASC, acteurs communautaires, Bajenu Gox, …). Le renforcement des activités de sensibilisation (IEC/CCC) pour la prévention contre les infections sexuellement transmissibles, l’améliorer du suivi des professionnelles du sexe et les homosexuels, la tenue régulière des réunions pool SID, le renforcement de la décentralisation des soins et le suivi des personnes vivant avec le Vih (PVVIH) dans les districts de Sédhiou et Bounkiling sont entre autres soulignés avec force. Cette rencontre fait suite à celle récemment organisé à Ziguinchor.