«80% DES VENTES LEGALES SE RETROUVENT SUR LE MARCHE ILLEGAL»
CIRCULATION DES ARMES DE PETIT CALIBRE EN AFRIQUE
Un cours régional de formation professionnelle sur le Traité du commerce des armes (Tca), au profit des fonctionnaires civils et militaires des pays africains francophones, a démarré, hier, à Dakar. A l’ouverture de ce cours organisé par l’Etat du Sénégal, en collaboration avec le Centre de politique de sécurité de Genève, l’expert Marc Finaud a fait état de la situation de la circulation des armes de petit calibre en Afrique.
«Le problème de l’Afrique, c’est que c’est un énorme continent où, au départ, vous pouvez avoir des ventes, des contrats totalement licites entre les gouvernements. Mais dans 80% des cas, on peut retrouver ces armes dans les marchés illicites. Elles sont détournées, volées et transférées par des intermédiaires corrompus. Et elles se retrouvent dans les zones de conflits ou entre les mains des terroristes», a-til expliqué.
Même s’il a reconnu les difficultés rencontrées par les autorités des différents pays pour avoir des statistiques fiables sur les armes qui circulent de façon illégale, Marc Finaud a mis la rencontre à profit pour faire le bilan de la situation dans le continent africain. «C’est très difficile d’avoir des statistiques précises sur les armes qui circulent de façon illicite. Parce que, par définition, tout ce qui est illicite et illégale n’est pas déclaré. C’est un marché à deux vitesses qui oppose l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud, contre l’Afrique Subsaharienne. En Afrique, on estime que c’est entre 100 et 150 millions de ces armes qui sont en circulation», a évalué Marc Finaud.
100 à 150 millions d’armes illicites circulent en Afrique
Il a indiqué qu’en Afrique, l’Algérie, le Maroc et l’Egypte sont les trois principaux pays qui rivalisent, avec la Chine, l’Ukraine et la Russie dans l’importation des armes. «Dans le monde entier, on estime à peu près entre 800 millions et 1 milliard d’armes légères de petit calibre en circulation. Dans cette globalité, les 2/3 sont entre les mains des privés. Il y a que seulement le 1/3 de ces armes qui est sous contrôle des forces armées et de la police. Ça exige une coopération de tous les pays concernés», a-t-il informé sur la tendance de la circulation des armes de petits calibres dans le monde.
Pour sa part, Christophe Bigot, Ambassade de la France au Sénégal, a apporté des précisions sur les objectifs visés par ce Tca. «Ce traité ne vise pas à interdire la vente des armes. Pas du tout. Son objet, au contraire, est de faire en sorte que les ventes d’armes se déroulent de la manière la plus transparente possible, de la manière la plus régulière possible, de faire en sorte que l’acheteur soit l’acheteur final, en faisant en sorte qu’il n’y ait pas de corruption, en faisant en sorte que les armes ne viennent pas aggraver la situation», a expliqué M. Bigot qui a tenu à préciser que ces armes ne servent qu’à «se défendre contre l’ennemi», avant d’inviter les dirigeants des différents pays à «s’assurer que ces armes ne servent pas à la répression». Quant au Colonel Wagane Faye, directeur du contrôle, des études et de la législation au ministère des Forces armées, il a relevé quelques faiblesses de certains instruments juridiques du Tca. «Une revue de la réglementation et le commerce des armes révèlent que les règles internationales, régionales et nationales sur les transferts d’armes ne s’appliquent à certains Etats ou certains types d’armes ne sont que des intentions politiques et non de véritables instruments juridiques. Chaque jour, des millions de personnes souffrent des conséquences directes et indirectes de la faiblesse de la réglementation du commerce international des armes», a déploré le Colonel Faye.