DES MESURES PEREMPTOIRES POUR RESTER FORT
ALLEMAGNE - POLITIQUE MIGRATOIRE, STABILITE DES INSTITUTIONS, TERRORISME…
Le gouvernement fédéral de la République d’Allemagne est dans la dynamique de s’entourer de toutes les garanties politiques et institutionnelles possibles pour circonscrire autant de périls qui peuvent compromettre sa stabilité. L’architecture des institutions est tellement solide que personne, fut-il ce führer d’Adolphe Hitler qui avait jeté son pays à la seconde guerre mondiale, ne peut les entamer. D’autres mesures restrictives et sélectives sont en cours d’exécution pour contrer les vagues de migrants et de terroristes qui hantent le sommeil de l’administration fédérale allemande.
A l’initiative de la fondation Konrad Adenauer, une délégation sénégalaise de dix personnes composée de députés, de leaders politiques, d’acteurs de la société civile et des journalistes s’y est rendue dans le cadre d’un partage d’expériences dans les domaines ci-haut relevés.
La première journée des travaux a démarré par une série de conférences sur les questions de développement et la problématique du terrorisme international qui affecte à ce jour et avec grande stupeur nombre de pays occidentaux. A l’entame des échanges, le chef d’équipe de la fondation Konrad Adenauer chargé des programmes nationaux, membre du département principal de la Coopération européenne et internationale, a présenté sa structure non moins organisatrice de cette mission. «Notre organisation existe depuis 1976 et travaille dans le domaine du développement en général. Nous produisons des réflexions et faisons des recommandations sur la gouvernance politique de l’Etat fédéral allemand. Nous avons environs 450 collaborateurs et une centaine à travers le monde», a déclaré Henri Giscard Bohnet.
LES INSTITUTIONS FEDERALES ALLEMANDES, MODELES DE GOUVERNANCE AUTONOME
Dans sa communication, Mme Franziska Fislage, en charge de la coordination pour la démocratie, les partis et la société au département principal sur la politique et les services de conseil à cette même fondation, a fait observer que le modèle de gouvernance en Allemagne repose sur le libre fonctionnement des institutions. «Le parlement allemand, appelé Bundestag, est le reflet de la volonté des populations à la base. La chancelière Angela Merkel elle-même est issue de ce parlement car étant toujours député du peuple. Elle est portée à la tête de la chancellerie par une élection au Conseil fédéral à trois tours», note-t-elle.
Et de poursuivre: «le gouvernement compte seulement 15 ministres qui sont proposés par la chancelière et entérinés par le président fédéral. Celui-ci ne jouit que d’une autorité représentative. Le Conseil fédéral (Bundesrat), quant à lui, collabore avec le parlement (Bundestag), désigne la moitié des juges du Tribunal fédéral et peut saisir le Conseil fédéral des juges en cas de problème».
UNE SEPARATION DES POUVOIRS POUR EVITER LE SYNDROME DU FÜHRER HILTER
Les allemands ne se font guère d’illusion. «Nous ne voulons plus d’homme fort au pouvoir, mais des institutions fortes installées par le peuple», a déclaré Mme Henri Giscard Bohnet du département principal de la coopération européenne et internationale. Elle a fait observer que l’Assemblée fédérale est composée de députés et, au même moment, d’autres Assemblées locales sont élues dans les provinces (Landtag). Le président fédéral est élu par l’Assemblée fédérale. Il peut être issu d’une formation politique, mais cesse toute activité politique une fois élu comme tel. L’âge requis est de 51 ans au moins et éligible une seule fois». Celui en exercice se nomme Frank-Walter Steinmeier.
«Nous avons ainsi structuré nos institution pour éviter d’avoir des hommes forts en lieu et place des institutions fortes. Souvenez-vous de la dictature d’Adolphe Hiltler qui avait conduit notre pays à la deuxième guerre mondiale. Les dégâts étaient très importants, mais grâce à l’abnégation de nos concitoyens, nous avons réussi à reconstruire ce pays. La réunification des deux Allemagnes (République démocratique d’Allemagne (RDA) et la République fédérale d’Allemagne -RFA) en 1989 a donné un coup de fouet à cette dynamique», conclut Mme Bonhet.
LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME S’INTENSIFIE
Surprise de la vague d’attentats kamikaze en décembre 2016 avec le camion Berlier au marché de Noël à Berlin, les allemands ne se font plus prier pour organiser la veille sentinelle contre les terroristes. Dans sa communication toujours hier lundi, Mme Dr Kristina Eichchorst, coordinatrice pour la défense contre le terrorisme et la gestion des conflits à la fondation Konrad Adenauer a relevé que «nous cherchons à créer une sorte de coopération entre les différents Etats pour mieux organiser la lutte contre le terrorisme dans nos Etats. Car ce qui est arrivé à Berlin peut survenir dans n’importe quel pays du monde. Cela passe aussi par la mise à disposition des programmes de développement aux jeunes qui se lancent dans le «jihadisme». Au cours des échanges qui ont lieu ensuite, les membres de la délégation sénégalaise ont indiqué que «l’intervention des occidentaux (la France notamment) en Lybie, Tunisie et Syrie, entre autres, ont mis le feu au poudre en disséminant les potentiels mécontents partout dans le monde. Personne n’est épargné depuis le Maghreb jusqu’au Mali et partout ailleurs».
LES QUESTIONS MIGRATOIRES : Un casse-tête allemand
Les flux de migrants qui affluent vers les grandes métropoles européennes perturbent le sommeil des autorités de l’Allemagne. Au bureau de la représentation nationale de la coopération GIZ, le discours est unique et ferme: «notre politique consiste maintenant à organiser le retour volontaire des migrants en séjour irrégulier sur notre sol», martèle Dr Luiz Ramalho, conseiller principal du service de la migration pour le développement à GIZ Berlin. Et de s’empresser de souligner qu’au «Sénégal, nous avons un programme qui s’appelle «Réussir au Sénégal». Le retour volontariste se fait en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)».
Ce même sujet a réuni autour de la même table la délégation sénégalaise et les jeunes députés de la Bundestag membres de la CDU (Union chrétienne-démocrate) et de la CSU (Union chrétienne-sociale). Ils ont foncièrement manifesté leur opposition à l’émigration en précisant que dans le passé l’Allemagne en avait besoin, mais ce n’est plus le cas. «Notre pays ne peut pas accueillir tout ce beau monde, y compris les réfugiés de la Syrie et d’autres demandeurs d’asile», a dit Stéphan Heck. Le député Cheick Omar Sy et son collègue Alpha Baldé ont répondu que «loin de la mendicité, les Etats africains pourvoyeurs de migrants ont juste besoin d’un nouveau partenariat au développement pour fixer les jeunes dans leurs terroirs. En partie, les pays occidentaux sont responsables du pourrissement de la situation de précarité en Afrique avec les interventions armées assorties de pillage des ressources du pays cible. Le nouveau paradigme consiste à investir dans les pays de départ et aider à la formation des jeunes». En définitive, l’Allemagne ne veut plus donner du quitus à la migration sur son sol et les mesures dissuasives en cours ne vont pas mettre du temps à se manifester.