LE MINISTRE SIDIKI KABA AU BANC DES ACCUSES
72 HEURES DE GREVE POUR PROTESTER CONTRE LE BLOCAGE DES PROJETS DE REFORME DU SYTJUST
Le syndicat des travailleurs de la Justice (sytjust) a fait face à la presse, hier, pour fustiger le blocage par la chancellerie des projets de décrets et d’arrêtés à soumettre au président de la république pour signature. ce, d’autant que ces projets participent à la rationalisation des effectifs et du renouveau du service public de la Justice. Ce qui justifie leur mouvement d’humeur de 72 heures sur l’étendue du territoire national.
Le Syndicat des travailleurs de la Justice a encore déserté, hier, les salles d’audience. Un mouvement d’humeur qui va durer trois jours pour protester contre la posture de la Chancellerie, qui refuse d’accélérer le processus de modernisation de la Justice. En effet, à la suite de la rédaction d’un lot de huit projets de décrets et de trois arrêtés par le Sytjust, en vue de la rationalisation des effectifs et du renouveau du service public de la Justice, transmis au garde des Sceaux, ministre de la Justice, qui doit les soumettre au chef de l’Etat pour signature, le Sytjust se désole de constater l’ostracisme de la Chancellerie.
«Il était devenu manifeste que les doléances des travailleurs de la justice étaient à la périphérie des préoccupations du garde des Sceaux», se désole d’emblée Ayé Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust. Ce qui a décidé ses camarades à déposer, le 24 juin dernier, un préavis de grève. «Les circonstances de cette expiration (préavis de grève) sont telles qu’elles ne laissent aux travailleurs de la justice aucune alternative que d’entrer en mouvement de grève pour défendre légitimement leurs intérêts matériels et moraux», ajoute le patron du Sytjust avant d’ajouter : « Cet état de fait nécessite de la part des travailleurs de la justice une réaction à la mesure de l’indifférence affichée par le ministre de la Justice.
C’est l’occasion pour nous de lancer un appel à tous les militants du Sytjust, pour une large mobilisation sur le plan national pour le triomphe de nos idéaux et la satisfaction de nos légitimes revendications», martèle Me Diop.
LA RACINE DU MAL !
Devant les journalistes, le secrétaire général du Sytjust est revenu sur les différentes étapes qui ont abouti à cette cessation de travail de la cheville ouvrière de la Justice. Tout est parti du 13 juillet 2014, quand le Sytjust a déposé sa plateforme revendicative sur la table du garde des Sceaux, ministre de la Justice. «Pendant ce temps, les deux parties avaient convenu de résoudre ensemble les revendications relatives au statut et au plan de carrière des travailleurs de la justice, à l’amélioration des rémunérations par l’octroi d’indemnités et primes, à l’élargissement de l’assiette du fonds commun», explique le secrétaire général du Sytjust, qui révèle que cette collaboration avec la tutelle entre dans le cadre «de moderniser la justice et d’améliorer les conditions sociales et professionnelles des travailleurs de la Justice».
A cet effet, le Sytjust devait soumettre à la Chancellerie un paquet de projets de décrets et d’arrêtés qui puissent prendre en compte les préoccupations des travailleurs. Il revenait alors, dit-il, au ministre Sidiki Kaba de soumettre ces projets au chef de l’Etat pour signature. C’est ainsi que les drafts d’un lot de huit projets de décrets et de trois projets d’arrêtés ont été remis au garde des Sceaux, le 31 décembre 2015. «Le 14 avril 2016, la dernière commission technique s’est tenue à la Direction des services judiciaires et elle avait coïncidé avec la fin du processus d’amélioration des textes de réforme. Tout était fin prêt et validé. Il ne restait que des signatures. Après un temps d’attente, le constat était que rien ne bougeait dans le sens attendu par le Sytjust», se désole Ayé Boun Malick Diop, qui révèle dans la foulée que les correspondances et autres messages téléphoniques du Sytjust pour relancer le ministre Sidiki Kaba sont restés sans réponse.
AYE BOUN MALICK DIOP SUR LE REFUS D’ACCES DES JOURNALISTES AU PALAIS DE JUSTICE : «La justice est en train d’être militarisé»
Lors de la conférence de presse du Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust), l’accès au palais de Justice a été tout simplement interdit aux journalistes. Du coup, c’est dans les locaux du journal L’As que Ayé Boun Malick Diop et ses camarades ont fait face à la presse. «Nous n’avons pas accès à notre siège parce qu’une chose incroyable nous a été faite. L’accès à notre siège a été refusé aux journalistes sur instruction du premier président de la Cour d’appel de Dakar, ce qui n’est pas du tout normal. On ne saurait comprendre que lorsqu’il y a des procès qui n’intéressent pas les Sénégalais, l’accès au Tribunal est facilité aux journalistes et lorsque les travailleurs de la justice veulent donner leur point de vue, exprimer leur détresse, on essaye de les museler. On aurait pu le comprendre si ça venait d’une autre personne. Mais, ce qui se passe aujourd’hui, c’est la personne la moins indiquée qui a donné des instructions aux gendarmes d’interdire l’accès au palais de Justice à la presse. Ça pose encore un autre problème, parce que la justice est en train d’être militarisée», regrette le patron du Sytjust qui réaffirme le souhait du Sytjust de voir les gendarmes retourner dans leurs casernes. En effet, outre leur mission de maintien de l’ordre au palais de Justice, les hommes en bleu semblent faire de l’ombre aux travailleurs de la Justice, et pour cause. Hier, malgré le mouvement d’humeur des camarades de Ayé Boun Malick Diop, les audiences se sont correctement déroulées dans les différentes salles du Tribunal. Ce, parce que les gendarmes ont été réquisitionnés pour faire le travail des greffiers d’audience. Cependant, ce procédé risque de porter préjudice aux justiciables. En effet, ces décisions rendues en l’absence des greffiers d’audience et autres secrétaires ne seront pas rédigées et signées par ces derniers. Conséquence : Le justiciable ne pourra pas disposer de son jugement. Du coup, certains avocats préfèrent renvoyer leurs dossiers que d’exposer leurs clients à ces problèmes.