LE PROCUREUR A-T-IL RENDU LES ARMES ?
DERIVES SUR LES RESEAUX SOCIAUX
Le procureur de la république est-il tombé de son piédestal à la suite de la traque d’usagers véreux des réseaux sociaux. en effet, même si les fauteurs de troubles, pour des fortunes diverses, ont été envoyés en prison avant d’être «curieusement » libérés, les injures et autres délits d’outrages inondent la toile sous le regard impuissant du maître des poursuites.
Depuis l’arrestation de la journaliste Oulèye Mané, coupable aux yeux du doyen des juges de photomontage obscène sur la première institution du pays, la machine judiciaire s’est emballée avec l’interpellation et l’inculpation de la chanteuse Amy Collé Dieng pour les délits d’offense au chef de l’Etat et de diffusion de fausses nouvelles. Mais également de l’arrestation de Penda Ba pour diffusion de messages xénophobes. Même si, pour certains, ces images ou autres vidéos outrageuses ont été réalisées dans un cadre privé, ces postes se sont retrouvés à la disposition du grand public.
En effet, les réseaux sociaux ont contribué à l’amplification de ces dérives sur la toile. Même si la conscience collective avait fini de condamner ces écarts de comportements contraires à nos valeurs et aux allures d’un trop plein d’indignation refoulé via les nouvelles formes de communication, certains, par contre, sont d’avis que le jeu démocratique en vaut la chandelle. Mieux, selon certains praticiens, le délit d’offense au chef de l’Etat doit tout simplement disparaitre de l’arsenal juridique du Sénégal. Ce n’est pas demain la veille de ce projet de réforme sur le code pénal et le code de procédure pénale, du moins sur ce point précis. En effet, pour toutes ces transgressions des lois établies, les différents mis en cause ont été envoyés en séjour carcéral pour expier leurs péchés devant l’autorité suprême et devant la communauté.
Seulement, dans cet élan de répression des dérives des réseaux sociaux, seule la journaliste Oulèye Mané, coupable d’avoir publié un photomontage obscène du président Macky Sall a été gardée en prison pendant deux mois. Pourtant, les faits pour lesquels, l’insulteuse Penda Ba a été placée manu militari sous mandat de dépôt sont plus graves. Insulter toute une communauté ! Un précédent dangereux qui peut être à l’origine d’une guerre civile sous d’autres cieux. Mais, pour cette partisane du parti présidentiel, six jours de détention suffisent pour la rappeler à l’ordre. Une démarche du Dji qui a également profité à la chanteuse, Amy Collé Dieng. Ironie de l’instruction, trois jours auparavant, les avocats de la chanteuse avaient essuyé un refus catégorique de faire bénéficier leur cliente d’un placement sous contrôle judiciaire. En tout cas, si c’était un ballon de sonde du procureur de la République, pour ne pas dire de l’Etat pour dissuader les usagers véreux du net, l’on peut dire qu’il s’est vite dégonflé. Et de manière curieuse ! Au même moment, d’autres Amy Collé Dieng, aux messages plus virulents inondent les réseaux sociaux pour s’en prendre à tout va au chef de l’Etat ainsi qu’à d’autres autorités sous le regard passif, pour ne pas dire impuissant, de l’avocat de la société. Ce, malgré encore le communiqué du gouvernement signé par son porteparole, Seydou Guèye qui rappelle à la suite de la mise en liberté provisoire accordée aux différentes personnes impliquées que «l’injure et les faits outrageants restent consécutifs de délits et punis par la loi».
D’ailleurs, ce communiqué ne confirme-t-il pas une nouvelle fois l’immixtion de l’exécutif sur le judiciaire ? Pourquoi le gouvernement trouve-t-il le besoin de communiquer sur une décision de justice ? Autant de questions qui méritent d’être posées d’autant que, de l’avis du défenseur des droits de l’homme, Me Assane Dioma Ndiaye, le juge a, certes accédé à la mise en liberté provisoires des mis en cause, mais, il reste persuadé que c’est suite à une réquisition expresse du procureur de la République.