BLAISE DIAGNE NE FAIT PAS QUE DES HEUREUX
À moins de deux mois de l'inauguration de l'AIBD, les populations des villages riverains manifestent leur mécontentement
A quelques semaines de l’inauguration de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), les populations des villages riverains se sont retrouvées ce week-end pour manifester leur mécontentement. selon le secrétaire général du collectif Abdoulaye Diouf, beaucoup de questions liées aux indemnisations, la mise à disposition de terres de culture, la clôture des cimetières situés dans l’emprise de l’Aéroport sont encore sans solutions définitives. Ce, en dépit d’un protocole d’accord.
«Lors du dernier groupe opérationnel de Thiès (Got) du 27 avril 2016, toutes les parties prenantes en charge des points respectifs avaient exprimé leur engagement ferme pour apporter des réponses adéquates à toutes les questions liées à la prise en charge des préoccupations des populations. Plus de 18 mois après, c’est avec beaucoup de regret que nous vous disons que ces questions sont encore sans solutions définitives ». C’est le cri de coeur lancé ce week-end par les populations des villages riverains de l’Aéroport International Blaise Diagne, qui ont tenu une assemblée générale pour réclamer le paiement intégral des impenses, la mise à disposition de terres de culture, etc.
Selon Abdoulaye Diouf Secrétaire Général du Collectif pour l’Emergence des Villages de Kessou khatt ; Kathialick et Mbadatt a listé les préoccupations des populations affectées par le projet et qui restent encore sans réponse. Il s’agit d’abord dit-il de la question des 304 ha de terres de culture dans la forêt classée de Lène. A ce sujet, il affirme que les populations déplacées étant constituées en majorité d’agriculteurs, le président de la République avait pris un décret déclassifiant 304 ha de la forêt classée pour le remplacement des champs perdus. Mais hélas se désole-t-il, ce périmètre n’a fait l’objet d’aucun aménagement et demeure en ce moment incultivable et tout laisse croire que les autorités l’ont rangé dans les tiroirs de l’oubli, laissant les cultivateurs désoeuvrés.
En ce qui concerne le paiement des pertes de récolte, il souligne que le recensement des terres s’est déroulé avec beaucoup d’insuffisances et de confusions. Ce qui a occasionné beaucoup de réclamations de la part des personnes affectées par le projet. C’est ainsi que, dit-il, une partie de ces dernières a perçu des indemnités mais un nombre important attend depuis plus de huit ans leurs dues. Abdoulaye Diouf a également relevé des zones d’ombre dans le traitement des réclamations, en ce qui concerne les villas et les champs. S’agissant des villas construites sur le site de recasement, le collectif souligne qu’il s’agit de maisons qui ne sont pas adaptées, pour recevoir les familles dont la composition relève de certaines réalités culturelles.Pour la prise en charge de la question de l’emploi des jeunes, les populations ont également exprimé leur colère.
Selon Mbaye Guèye, Keur Mousseu a été délesté de ses 4.500 hectares de terre, qui étaient la seule source de subsistance des populations et pourtant, le collectif n’est pas associé à la question des emplois directs et indirects. Pire, dit-il, la promesse ferme avait été faite de former les jeunes de la localité pour leur permettre de saisir leur chance dans ce domaine mais au finish, lors de la session, ils ont pris des jeunes venant de Mbour et d’ailleurs. Abdoulaye Diouf a également soulevé la question de la clôture des cimetières situés dans l’emprise de l’Aibd. Et dans le protocole d’accord de Saly, il estime qu’il était convenu que l’Aibd SA clôture les cimetières dans l’emprise de l’aéroport. Et à moins de deux moins de l’ouverture, non seulement rien n’est encore fait mais en plus, il y a un silence radio sur la question.
Pour les 250 000 Fcfa destinés à prendre en charge les frais de déplacement des personnes impactées de Kessou Khatt, Abdoulaye Diouf informe qu’il était convenu que l’Aibd SA verse cette somme aux ayants droit. Seulement, se désole-t-il, Aibd semble vouloir faire marche arrière sur ce point du protocole. Sur toutes ces questions, les manifestants ont interpellé le gouvernement et le président de la République pour leur prise en charge, tout en affirmant qu’ils n’accepteront pas que les choses restent en l’état.
LE CHARGE DE COMMUNICATION DU MAIRE DE KEUR MOUSSEU «NOUS SOMMES DE TOUT COEUR AVEC LES POPULATIONS»
Bougouma Thiombane, chargé de communication du maire de Keur Mousseu, a apporté le soutiende la collectivité locale aux populations impactées. «Nous sommes de tout coeur avec vous. Pour l’emploi des jeunes, il y a toutes les compétences à Keur Mousseu et puisque c’est la localité qui a adopté une posture républicaine pour donner ses terres, ses jeunes doivent être prioritaires en ce qui concerne les emplois et conformément au code du travail. Les populations ont connu des pertes énormes en ce qui concerne les récoltes et vu la situation actuelle, il n’y a aucune perspective quant à la prise en charge correcte et diligente des préoccupations. Il est temps que les autorités de l’Aibd appellent les représentants des populations autour d’une table pour régler toutes ces questions. Il y a également un problème d’environnement qui se pose. En effet les caniveaux construits dans le cadre de l’assainissement de l’aéroport déversent les eaux de ruissellement dans les villages environnants, causant ça et là des inondations très préjudiciables ».