LES QUATRE POLICIERS RECONNUS COUPABLES ET CONDAMNES A 10 ANS DE TRAVAUX FORCES
MEURTRE DE L’APPRENTI CHAUFFEUR DE MABCKE
MBACKE – Délocalisée au tribunal de Mbacké, la Chambre criminelle de Diourbel a jugé, hier, les quatre policiers accusés de meurtre avec barbarie et acte de torture sur la personne du jeune apprenti chauffeur Ibrahima Samb, en 2013. Après un marathon judiciaire qui a débuté à 10 heures 30 du matin, c’est seulement ce mercredi, à 00 heure 30 minutes que la Chambre criminelle de Mbacké a rendu son verdict.
Ainsi, les policiers en service au commissariat de Mbacké au moment des faits ont été condamnés. Thiendela Ndiaye et Ousmane Ndao ont été reconnus coupables de violence suivie de mort sans intention de la donner. Quant à Mame Cor Ndong et Wally Almamy Touré, ils ont été reconnus coupables de complicité de violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Mais tous les quatre accusés ont écopé de la même peine de 10 ans de travaux forcés. Cela, après que le président la Chambre criminelle, le juge Mbaye Pouye a disqualifié les faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les policiers et l’Etat devront payer 40 millions de dommages et intérêts au père de la victime
Les quatre policiers devront aussi payer au père d’Ibrahima Samb, partie civile, la somme de 20 millions de francs Cfa de dommages et intérêts. Jugé civilement responsable des faits, l’Etat du Sénégal, à travers son Agent judiciaire, a aussi été condamné à payer 20 millions de francs Cfa à la partie civile.
Ce verdict satisfait l’avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye. Il estime que justice a été rendue à Ibrahima Samb, avec cette condamnation prononcée par la justice contre les policiers.
Même son de cloche du côté de la défense. En effet, Me Abdoulaye Babou, un des six avocats des prévenus, a expliqué qu’ils sont soulagés par la décision du juge. Et cela, bien qu’ils comptent faire appel dans le délai imparti de 15 jours, pour obtenir une peine moins lourde.
La satisfaction de Me Babou tient au fait que, de ses aveux mêmes, l’Avocat général avait demandé contre leurs clients une peine de prison de travaux forcés à perpétuité. Mais qu’il n’a pas été suivi par le juge, grâce notamment à la disqualification des faits qu’il a prononcés.
Ainsi, les quatre policiers ont-ils été ramenés dans la nuit, sous bonne escorte des gendarmes armés jusqu’aux dents, à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel, aussitôt le verdict rendu.
Partie civile et défense satisfaits
Auparavant, à l’entame du procès, la défense avait soulevé des exceptions de nullité en invoquant les dispositions de l'article 164 du Code de procédure pénale, notamment aux articles 101 à 105. Mes Ciré Clédor Ly, Abdoulaye Babou et Oumar Diop notamment, estimant que le juge d'instruction aurait violé les droit de leurs clients en procédant à leurs inculpations sans la présence de leurs avocats qui n'auraient même pas été consultés avant la prise d'une telle décision.
Des exceptions que l’Avocat général Baye Thiam, mais aussi l'avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye, ont tous deux battu en brèche en faisant valoir que la loi a bien été respectée. Parce que le juge a bel et bien joint par téléphone les avocats avant les inculpations des prévenus.
Pour rappel, en 2013, les policiers Thiendela Ndiaye, Ousmane Ndao, Mame Cor Ndong et Wally Almamy Touré avaient arrêté et enfermé Ibrahima Samb dans la malle arrière du véhicule de Wally Almamy Touré après une opération de rafle. Ce n’est que le lendemain des faits que le corps de la victime a été découvert dans la voiture du policier, alors qu’il avait déjà rendu l’âme. Les mis en cause avaient ensuite été arrêtés et placés sous mandat de dépôt pour meurtre avec barbarie et acte de torture.